Faisant suite à la démo «
L’exutoire des mourants » parue en 2011 (et rééditée en 2022), voici venir aujourd’hui «
La glorieuse morte », premier album du duo français
EXCREMENTIIS. Si vous avez vu le logo, inutile de vous faire un dessin : c’est du
black metal, une telle graphie ne saurait mentir. Encore va-t-il falloir en déterminer l’espèce… Alors peut-être pour aiguiser vos appétits féroces, commencerai-je par préciser qu’
Aboth est à la batterie et que vous avez sans doute apprécié son style au sein de
DARKENHÖLD ou de
SPHERIC UNIVERSE EXPERIENCE, style que vous retrouverez donc ici dans un contexte cependant plus âpre, la formation se définissant comme du « black metal français, conceptuel, poisseux, morbide et gracieux. » Je ne m’amuserai pas à tout analyser pour dire si oui ou non tel ou tel adjectif est légitime mais c’est clair que par rapport aux formations précitées, c’est le jour et la nuit noire. Le deuxième homme sera donc
Carcass Excrementis (chant, basse, guitare), présent sur la démo de
NOHELLIA, «
At the Begining of the End… », ainsi que que sur l'album «
Art of Excrementism » de 2010. Pas des jeunes pousses donc et, en général, c’est plutôt bon signe.
Musicalement, le positionnement d’
EXCREMENTIIS est assez difficile à cerner. Un titre tel que « Douce dame jolie », dont le texte est de
Guillaume de Machaut, compositeur et écrivain du quatorzième siècle, pourrait inscrire la formation dans une scène moyenâgeuse et folklorique, avec en prime ses références à la bête du Gévaudan (« Bête, es-tu là ! » ; « Gavaudan ») ou encore à la peste (j’y reviens juste après), mais ce n’est qu’une composition qui ne reflète finalement qu’approximativement le reste du propos. En effet, à mon oreille, cela sonne surtout comme du
PESTE NOIRE. Attendez ! Ne fuyez pas, gens de gauche ! Je fais cette référence notamment pour la façon d’aborder le riffing, ce truc un peu
punk déglingué, ces guitares en quasi son clair (« Sine Nomine », entre autres) car, textuellement, nous sommes assez loin des préoccupations principales de
KPN (du moins de ce que je comprends) et ce même si l’approche du chant me ramène encore à ce nom maudit.
Il demeure que ce
black rural, une spécificité française il me semble, me plaît beaucoup. Il véhicule une misère, une forme de noblesse dans la pauvreté que je retrouve dans certains romans de
Zola (pas le rappeur bordel), « La terre » notamment puisqu'ancré dans la paysannerie… Le disque passe donc de mélopées acoustiques (« Prélude d’après hiver ») à des incartades dans la France médiévale en passant par des choses plus rustres, sans jamais se départir d’une mélancolie tenace, même lorsqu’elle s’exprime par la violence (« Biscornu »). C’est d’ailleurs bien ainsi qu’il s’agirait d’expliquer la musique d’
EXCREMENTIIS : elle contient quelque chose de bancal, d’irrégulier, qui la rend fascinante, de la même façon que le difforme attire autant qu’il repousse.
J’espère en tout cas sincèrement que ce projet ne sera pas l’auteur d’une seule œuvre, aussi excellente soit-elle car, à titre personnel, je prends bien plus de plaisir à écouter ces dix compositions que l’intégralité des disques de
DARKENHÖLD, sans vouloir faire offense à ce dernier. Aussi est-ce que j’appelle de tous mes vœux à une suite rapide, dans cette même veine mal dégrossie, rugueuse mais généreuse, belle sous ses couches de crasse.
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