Samael aurait très bien pu continuer sur la lancée (deux années plus tôt) de
Solar Soul (aux retours relativement élogieux) et rester sur un style amplement maîtrisé. Pourtant l'annonce d'un side-project « extrême » nommé Above transformé au final en huitième album des maîtres Suisses, aura complètement changé la donne. Surtout lorsque le frontman Vorph parle d'
Above comme le chaînon manquant entre
Ceremony Of Opposites et
Passage : les fans désabusés du pré-deuxième millénaire en auront certainement fait une syncope. Malgré tout, on ne nous l'a fait pas à nous les vétérans chroniqueurs : combien de groupes ont annoncé un retour aux sources et une musique plus violente pour au bout du compte apporter un pétard mouillé ? C'est donc avec un certain apriori et sans réelle attente particulière (
Solar Soul-bis ?) que le nouvel album des Helvètes aura atteint mes esgourdes.
La stupéfaction ne se fera pas attendre, « Under One Flag » annonce dès ses premières secondes la couleur du nouveau Samael. Attendez c'est bien le groupe qui nous a sorti
Solar Soul il y a deux ans ? Vorph ne s'est pas moqué de nous, le virage se fait à 360° avec un pur concentré de black metal hybride. Chaînon manquant entre
Ceremony Of Opposites et
Passage ? Oui et non. Xy délaisse presque complètement son clavier (malgré quelques nappes vraiment très discrètes) au profit des guitares de Vorph et Makro et transforme sa BAR synthétique en quelque chose de beaucoup plus naturelle. Son frère Vorph reprend quant à lui les vocaux black hargneux de ses débuts et efface par la même occasion ses paroles « happy life » pour traiter de thèmes tournant autour de la guerre, du chaos et des univers sombres. Difficile de ne pas imaginer qu'il s'est passé quelque chose dans la vie privée de nos deux frangins pour un tel revirement noir... Voilà ce qui en est pour le retour dans les années 90, pour le reste c'est un tout nouveau Samael qui fait son apparition.
En plus de revenir à ses racines black metal, le groupe Helvète va pousser l'agressivité dans ses derniers retranchements, en particulier sur toute la première partie de la galette (« Virtual War » et « Polygames » feront ressortir les orbites des fans de
Reign Of Light). Murs de riffs massifs à la saturation maximale, tempo rapide de bout en bout avec blasts à la clé et hurlements déchirés de Vorph... Tout cela bien évidemment épaulé d'une production puissante au possible. La touche de Xy (compositeur attitré du groupe) est bien perceptible, les compositions à la fois si simples et si riches sont toujours calibrées pour accrocher l'oreille dès la première écoute que ce soit le passage casse nuque, le break enchanteur ou la mélodie à vous hanter des nuits durant. Vorph placera encore une fois ses refrains indécrottables (le hit « Earth Country » ou le monumental « Black Hole »). Certains trouveront peut-être une saveur scandinave à ce
Above et ma foi ils n'ont pas torts (mixage au studio Fredman oblige), le nombre de leads mélodiques ou de passages épiques étant singulièrement grand. Quid des marques de
Reign Of Light et
Solar Soul ? Et bien pas grand chose… Quelques similitudes dans les refrains et les mélodies peut-être (« In There » et « On The Top Of It All ») ? Tout cela semble bien lointain…
L'atmosphère aérienne et spatiale de
Passage (accentuée sur
Eternal) se fait cette fois plus discrète (le clavier ayant quasiment disparu) mais avec quelques percées, Samael privilégiant un côté nettement plus martial. Néanmoins les guitares et le son s'occupent de ce point et iront vous faire planer, surtout sur la fin d'album avec des titres comme « In There », « Dark Side » (« The Black Face » de
Worship Him remis au goût du jour) ou la sublime « God's Snake » à vous hérisser les poils. Ah c'est déjà fini ? 39 petites minutes (sans compter la version remix dispensable de « Black Hole » ) qui seront clairement passer d'une traite… Une fin abrupte qui malheureusement laissera l'auditeur sur sa faim au vu de l'efficacité grinçante de l'album. Outre ce défaut majeur, c'est bien le mixage qui laisse à désirer. Un son de guitare façon bouillie sonore qui ira masquer les arrangements de Xy ou le chant poignant de Vorph : très irritant ma foi aux premières écoutes (l'habitude fera le reste) et très curieux de la part du studio de luxe Fredman…
Samael aura pris tout le monde à contre pied en retournant vers un black metal hybride agressif. Pour ma part cette prise de risque impose le respect et ferme le clapet de tous les réfractaires post-
Passage hurlant à la tendance commerciale. La balance entre le côté direct/accrocheur et la touche froide et sensible reste aussi jouissive que dans leurs années 90 et on se repasse encore en boucle l'album : une réelle pincée au cœur que cette nouvelle offrande… A placer incontestablement dans les meilleures sorties de cette année 2009. Reste tout de même à savoir : caprice ponctuel des doyens Suisses ou réel nouveau point de départ ?
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