Gardsghastr - Slit Throat Requiem
Chronique
Gardsghastr Slit Throat Requiem
Tombé en désuétude pendant un grand nombre d’années, le Black Metal symphonique est en train de refaire une percée sans que l’on sache vraiment pourquoi. Si Vargrav semble avoir été l’initiateur de ce renouveau avec la sortie début 2018 du surprenant Netherstorm, d’autres groupes lui ont depuis emboîté le pas. C’est le cas de Gardsghastr, un obscur projet mené à l’international dont personne n’avait jamais entendu parler avant l’annonce de cette signature sur Profound Lore Records. Comme on pouvait néanmoins s’y attendre, le groupe n’est pas mené par une équipe de bras-cassés puisque l’on trouve tout de même d’un côté le Suédois hyperactif Swartadauþuz (Azelisassath, Bekëth Nexëhmü, Demonomantic, Digerdöden, Gnipahålan...) et son compatriote Glömd du groupe de Dungeon Synth Nahtskelduz et de l’autres les Américains tout aussi impliqués que sont Alex Poole (Chaos Moon, Entheogen, Guðveiki, Krieg, Martröð, Ringarë, Skáphe...), Steven Blackburn (Chaos Moon, Entheogen, Guðveiki...) et Jack Blackburn (Chaos Moon, Entheogen, Guðveiki...). Une réunion de dévots dont le premier album intitulé Slit Throat Requiem est paru il y a quelques semaines maintenant.
S’inscrivant dans une démarche visant à remettre au goût du jour un genre que beaucoup ont dénigré pour ses nombreuses fautes de goûts qu’elles soient musicales (claviers pouet-pouet ultra cheap, ambiances beaucoup trop théâtrales pour être honnêtes...) ou extra-musicales (chemises à jabot, chaussures à plates-formes, ¾ en cuir à la Matrix...), Gardsghastr a pris grand soin à ne pas tomber dans ces travers pour le moins rédhibitoires.
A l’instar d’un Vargrav, les claviers occupent chez Gardsghastr une place absolument prépondérante, servant naturellement de base atmosphérique à l’ensemble des morceaux de ce premier album. Sans pour autant se tailler la part du lion, ces claviers proposés le plus souvent sous formes de nappes synthétiques viennent ainsi tapisser chacune de ces huit compositions en y insufflant ces mêmes atmosphères spectrales, éthérées et spatiales qui ne sont pas sans rappeler la grandeur et la majestuosité d’un Emperor ou bien la terreur froide et indicible évoquée par le Black Metal des Suisses de Darkspace. Comme souvent dans le genre, ces nappes servent également d’introductions ou bien de transitions entre les morceaux, occupant dans ces quelques moments tout l’espace comme pour mieux prolonger le voyage et créer du lien entre chaque morceau. Étonnamment ce n’est pas Swartadauþuz qui est aux commandes du clavier ici (quiconque a déjà écouté Bekëth Nexëhmü, connait son intérêt pour cet instrument et ces longues plages d’ambiances) mais Alex Poole et Steven Blackburn. Les deux s’en tirent évidemment avec les honneurs et réussissent à ne pas imposer ces sonorités tout en les rendant paradoxalement incontournables tout au long de l’album. Un beau travail d’équilibre qui fait de Slit Throat Requiem un disque particulièrement riche de nuances et de textures.
Musicalement, Gardsghastr n’a pas d’autres prétentions que celle de proposer un Black Metal de qualité. Du coup, il n’est absolument pas question de réinventer quoi que ce soit ici mais plutôt de rendre hommage à un genre bien souvent ringardisé en lui redonnant tout simplement ses lettres de noblesse. A l’aide de compositions ambitieuses s’étirant généralement entre sept et dix minutes, le groupe américano-suédois joue la carte de l’intensité avec bien souvent de longues séquences menées poignée dans l’angle. Si les blasts et autres trémolos incisifs se taillent ainsi la part du lion pendant près d’une heure, les moments de répit et autres variations bien senties restent néanmoins nombreux, permettant véritablement de souffler et d’apprécier la grandeur et la majestuosité d’une telle formule. Naturellement, difficile de ne pas penser à Emperor (particulièrement flagrant sur un titre tel que "Journey Through Stagnant Time And Misery") même si Gardsghastr réussi à sa bâtir une certaine identité grâce, justement, à ces séquences plus en retenues dont certaines aux sonorités pas loin de flirter avec le Post-Hardcore à la Isis (les deux premières minutes de "Diabolical Reverence") ou plus simplement le Post-Black Metal (le début de "Slit Throat Requiem" que n’aurait certainement pas renié The Great Old Ones par exemple, le break mélodique de "Beasts Of Horn And Wing").
Entre Gardsghastr, Vargrav et Ringarë (dont on parlera très prochainement), on tient là un solide trio de groupes souhaitant remettre au goût du jour un genre longtemps boudé à cause de cette image qu’il a longtemps lui-même véhiculé. Heureusement, Slit Throat Requiem évite tous les écueils possibles pour ne s’intéresser qu’à l’essentiel : produire une musique aussi efficace qu’authentique où chaque instrument trouve sa place et son utilité. Certes, le groupe n’invente rien, empruntant notamment cette espèce de grandiloquence et de majestuosité aux Norvégiens d’Emperor mais on le leur pardonnera bien volontiers tant chaque morceau tient ici merveilleusement bien la route. Servi par une production moderne mais très juste (pas d’artifices inutiles ni de sonorités totalement abusées), ce premier album rempli parfaitement son office et devrait être en mesure de combler tous les amateurs de Black Metal symphonique, s’il en existe encore.
| AxGxB 29 Août 2019 - 1743 lectures |
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