Pestlegion - Sathanas Grand Victoria
Chronique
Pestlegion Sathanas Grand Victoria
Décidément toute cette vague nostalgique a du bon tant elle nous permet de nous replonger dans nos souvenirs d’une jeunesse plus ou moins insouciante, et de nous rappeler nombre de bonnes choses inhérentes à cette époque… comme par exemple pour les quadragénaires le bon vieux sampler de Metallian et le catalogue Adipocère qui figuraient dans ces pages, guettées tous les trimestres comme le messie par nombre de lecteurs. Jouant totalement sur les années 90 dans le style comme le look, PESTLEGION officie dans ce créneau où nombre de combos évoluent désormais avec plus ou moins de réussite, tant cela peut parfois sentir la naphtaline et la ringardise la plus absolue. Néanmoins quand la qualité est au rendez-vous cela est tout de suite intéressant, comme on a pu le voir sur l’excellent opus d’HEINOUS il y’a quelques mois à peine et aussi désormais sur le second long-format de ce quatuor d’outre-Rhin encore peu connu par chez nous (malgré une décennie d’existence), mais dont la signature chez nos nordistes d’Osmose Productions va lui apporter une visibilité attendue et méritée. Car après un premier jet très convaincant il y’a cinq ans le quatuor récidive avec une musique dans la droite ligne de celui-ci qui nous renvoie automatiquement vers les premiers disques d’ENTHRONED, tant on y retrouve cette ambiance qui sent le soufre et cette voix écorchée qui n’est pas sans rappeler justement celle de Sabathan. Le tout avec rendu sans surprises mais très réussi du fait de nombreuses variations rythmiques et d’une durée générale relativement courte, en plus d’une écriture sobre qui va à l’essentiel.
Tout cela va exploser aux oreilles dès la fin de l’introduction avec l’excellent « We Deny Thy Name » qui met en avant tout le panel technique de l’entité, porté par un grand-écart rythmique constant à la fois expéditif et agressif comme lent et glacial, d’où émerge une production sèche qui renforce ainsi ce sentiment de froideur neigeux au milieu de la nuit hivernale. Si tout cela est très classique sur le fond comme la forme le rendu y est impeccable et direct, vu que la technique bien que présente ne se montre jamais démesurée et permettant ainsi de garder une vraie fluidité constante et fort agréable. D’ailleurs que l’ensemble soit varié ou joue majoritairement sur un rythme en particulier l’accroche va rester continue, comme cela est le cas du très bon « The Portal » qui lève le pied en privilégiant la lenteur et le mid-tempo bien remuant tout en se montrant pénétrant (tel un bon coup de blizzard où résonnent les notes de guitares coupantes) sans que la lassitude ne pointe le bout de son nez, preuve qu’a le combo à soigner ses œuvres. Et puis doucement bien que tout cela reste d’un classicisme assumé et d’une sobriété continue l’ensemble va progressivement se densifier juste ce qu’il faut en dévoilant une facette occulte bien troussée, où le diable et le satanisme typique de l’époque prennent une ampleur plus conséquente comme cela est le cas sur les très bons « Ketzer Reim » et « Sathanas Grand Victoria ». Car ici si la virulence ne va pas être absente c’est surtout l’apport de voix incantatoires, tel un grand-prêtre du temple des enfers qui se retrouve mises en avant et où se greffe des nappes de claviers et des parties tribales parfaites pour mettre en transe l’auditoire, vu que la brutalité va finir par s’effacer sans pour autant disparaître - au profit de parties rampantes et de mid-tempo hypnotiques et d’un solo gelé pour la seconde compo.
Voyant aussi un son d’orgue apparaître à la fin du très bon et dynamique « Adjuration Of The Elder Gods » (porté par de longues plages instrumentales) cette galette continue de s’écouler tranquillement, sans fautes de goût ni linéarité dommageable… et ce même si « Entsage Gott » se montre un peu décevant par rapport au reste, vu qu’il donne l’impression d’être en pilotage-automatique et sans prise de risques. Heureusement ça sera la seule petite sortie de route de tout ce long-format vu que « The Warlock’s Curse » conclut les hostilités comme il faut avec un parfait condensé rythmique, où émerge une certaine nostalgie de par sa conclusion en notes acoustiques douces et tristes. Montrant une fois encore qu’il a le nez creux pour signer des futurs grands noms prometteurs, le label du Pas-de-Calais a réussi une nouvelle fois son coup avec cette excellente découverte inspirée et de qualité qui fait preuve d’une vraie sincérité dans sa démarche. Si tout cela sonnera évidemment déjà entendu on n’aura pas la sensation de redite de par toute l’expérience de ses membres, qui savent hausser leur niveau de jeu quand il le faut sans jamais en faire des caisses, afin de rester cohérent et homogène (on ne s’ennuie effectivement jamais durant l’écoute). Bref on est en présence ici d’une vraie révélation sincère et authentique au savoir-faire indéniable, qui prouve que c’est bien dans les meilleurs pots qu’on fait les meilleures soupes et que cette décennie glorieuse a encore des choses à dévoiler.
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