Swarþ - Omines Pestilentiae
Chronique
Swarþ Omines Pestilentiae (Compil.)
Swarþ est un groupe originaire de... Euh bah... Pfff, je ne sais pas. Ils se sont formés en... Ah... Bah... Euh... Non, toujours pas. Enfin, on y trouve des membres de… De qui déjà ? Ah, vous non plus vous ne savez pas… Bon bah nous voilà bien avancés alors. Finalement, les seuls à avoir peut-être la clef de ce mystère, en plus d’Exitium Productions qui a sorti les premières cassettes du groupe, sont les labels Daemon Worship et Iron Bonehead chez qui est parue cette compilation intitulée Omines Pestilentiae. D’abord en mai 2014 sous la forme d’un double LP puis en avril 2015, cette fois-ci dans une version CD agrémentée pour l’occasion d’un titre bonus.
Celle-ci regroupe l’intégralité des précédents enregistrements de cette mystérieuse entité à savoir les démos Swarþ et Þy Tayl Is Deeþ Þurgh Þyn Envenymynge parues respectivement en 2012 et 2013 ainsi que les titres du EP Mors Rex Salvator Hominum sorti également en 2013. A cela vient s’ajouter pour la version CD une reprise des Suédois de Malign avec le titre "Sinful Fleshspear". Soit un total de onze titres pour un peu plus de soixante minutes.
S’agissant d’une compilation, on note naturellement quelques petites différences en matière de production. Mais si d’habitude celles-ci empêchent tout sentiment futile d’homogénéité, on constate néanmoins que ce n’est pas tout à fait le cas sur Omines Pestilentiae. Ces nuances en matière de son, ici beaucoup plus subtiles qu’ailleurs, tendent en effet à faire illusion et ainsi donner l’impression qu’il s’agit d’un album à part entière. Un trompe-l’oreille plutôt efficace qui rend l’immersion aisée en dépit de la difficulté à identifier ici chaque titre (tous portent en effet la même mention "Untitled"). Ainsi, la différence entre les deux titres de Swarþ d’un côté et ceux de Þy Tayl Is Deeþ Þurgh Þyn Envenymynge et Mors Rex Salvator Hominum de l’autre ne tient à pas grand-chose si ce n’est un poil plus de rondeur et des guitares légèrement moins abrasives (un petit côté étouffé que l’on retrouve par exemple chez Archgoat). Pour le reste, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
Adepte d’un Black/Death obscure et malfaisant, Swarþ n’entend pas révolutionner quoi que ce soit avec sa musique. Sa recette, simple et épurée, renvoie à l’idée d’une certaine tradition norvégienne telle que l’a initiée Mayhem avec De Mysteriis Dom Sathanas. On retrouve ainsi chez ce groupe ce même riffing froid et implacable ainsi que cette atmosphère complètement possédée. Ces mêmes trémolos inquiétants et en même temps tellement jouissifs ainsi que cette ambiance empreinte d’une folie à vous en donner la chair de poule, à la fois sale et dérangeante. Vingt ans plus tard on n’a toujours pas fait mieux et Swarþ l’a très bien compris. A tel point que son chanteur, à défaut de tout calquer sur la prestation d’Attila Csihar, va reprendre également à son compte ces délicieuses intonations vocales complètement hallucinées que l’on pouvait également trouver sur le premier album des Norvégiens. Des parties vocales (parfois sous formes de plaintes maladives) perchées on ne sait-où ("Untitled I" à 2:02, 3:32 et 6:33, "Untitled II" à 0:17 et 2:43, "Untitled IV" à 3:33, "Untitled V" à 3:15, "Untitled VI" à 5:28...), à mille lieux de la raison et du bon sens, desquelles s’échappent un puissant sentiment de religiosité (sentiment d’ailleurs exacerbé par la présence de quelques interludes/samples moyenâgeux comme sur "Untitled III", "Untitled IV" ou l’introduction de "Untitled V").
A l’inverse, lorsqu’il ne laisse pas son esprit vagabonder dans les méandres de la schizophrénie, sa voix se fait beaucoup plus grave et profonde. Un pas sans retenue vers le petit monde putride du Death Metal pour un résultat final situant la musique de Swarþ à la croisée des chemins. Ainsi, entre séquences Punk bas du front et autres parties de blasts, riffing sinistre et glacé à la sauce norvégienne, chants habités et hallucinés et passages mid-tempo étouffants, Swarþ nous embarque sans grande difficulté dans son univers médiéval sombre et inquiétant. Et comme énoncé plus haut, cette compilation se clôture sur une reprise de "Sinful Fleshspear" de Malign. Un titre qui malgré une approche plus mélodique se fond plutôt bien dans le décor, notamment lorsque le rythme s’accélère et que résonne une fois encore ces voix religieuses.
Cette compilation qui réunit deux démos et un EP édités tous les trois au format cassette (limités chacun à 100 exemplaires) est donc le support parfait pour tenter de pénétrer l’univers sombre de cette mystérieuse entité qu’est Swarþ. Son mélange de Black Metal norvégien et de Death Metal profond et blasphématoire, s’il n’a rien de très original en soit, réussit néanmoins à s’extirper quelque peu de la masse grâce à cette puissante et pestilentielle atmosphère médiévale. Loin de cette approche beaucoup plus lumineuse (et omniprésente) développée par un groupe comme Obsequiae, Swarþ délaye ses sonorités très particulières avec beaucoup plus de parcimonie et surtout dans une démarche nettement plus sombre et occulte. Un trait de personnalité qui permet au groupe de tirer son épingle du jeu et à Omines Pestilentiae d’être un disque fort recommandable pour tous les amateurs du genre.
| AxGxB 10 Novembre 2016 - 607 lectures |
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