Il est déjà l’heure du troisième album pour les Parisiens de
NATURE MORTE, celui que l’on dit « de la maturité », après celui « de la confirmation » («
Messe basse »), en plus d’une démo parue en 2016 et d’un split en compagnie du grand
HEGEMON, entité reconnue de la scène
black metal. Etonnante liaison, même si elle n’est pas forcément dangereuse.
Il faudra cependant faire preuve d’une solide ouverture d’esprit pour apprécier pleinement les neuf compositions ici présentes, pour près d’une heure de musique), dont une reprise surprenante (mais peut-être pas tant que cela) de sa majesté
DEFTONES et sur laquelle je reviendrai plus tard. Pourquoi être ouvert ? Tout simplement parce que le trio pimente sa trame
black initiale d’influences
shoegaze,
post rock voire
screamo, la conséquence étant que l’on n’est donc clairement pas sur une musique extrême très orthodoxe. Sans compter que même si le chant est quasi constamment hurlé, le ton global de l’album est davantage redevable aux sanglots longs de l’automne (coucou à Paul Verlaine) qu’à la haine. En soi, cela n’a rien de problématique dès lors que c’est bien fait mais les plus intégristes d’entre nous auront bien du mal à se satisfaire le cyclope avec «
Oddity.
Et c’est bien là un écueil sur lequel j’ai tout le mal du monde à me positionner. Par exemple, « Here comes the Rain » a des arguments forts pour séduire le fan des
CRANES, dont je fais partie, mais les purs amateurs de ce groupe prendront leurs guiboles à leur cou à l’écoute des autres compositions. Et, à l’inverse, l’authentique consommateur de
black metal sera bien en peine de tolérer plus de quelques secondes les arpèges émouvants de « New Dawn ». La question se pose donc : qui écoute un groupe tel que
NATURE MORTE (qu’il s’agira d’ailleurs de ne pas confondre avec l’excellent
NEIGE MORTE, de Lyon, que je ne peux que vous recommander) ? Des types branchouilles fréquentant les bars à vins ? Des post-romantiques se coiffant la mèche ? Des suicidaires en puissance ? Des adolescents « dark sasuke » ? La sobriété du compte Instagram ne me permet guère de répondre, en dépit du fantôme de l’esprit de
FIELDS OF THE NEPHILIM qui plane au-dessus des arpèges introductifs de « Banquet Overflow for the Mind House ».
La pochette ne nous trompe d’ailleurs pas, de même que celle des sorties précédentes : la formation joue sur les paradoxes. Des couleurs pastel, une illustration spectrale, un logo illisible, l’objet est d’emblée étrange, pour ne pas dire suspect, nous ne savons pas s’il faut le poser tranquillement sur la table de nuit de la petite dernière ou au contraire le cacher à la cave, cette ambivalence perdurant tout du long de l’écoute. J’ai bien sûr ma petite idée quant à l’endroit où remiser «
Oddity » mais cela ne vous plairait pas. Je parlais plus haut de l’album de la maturité mais ce style musical ne me semble jamais totalement mature justement. C’est-à-dire que lorsque tu écoutes à la suite «
Confusion is Sex » puis «
Murray Street » de
SONIC YOUTH, tu entends bien que les membres ont su transcender leurs frustrations adolescentes en un truc plus adulte mais là, je ne sais pas, je n’arrive pas à m’ôter de l’esprit l’image de jeunes émos tristounets aux bourses étranglées dans leurs jeans slims alors que la musique est pratiquée par des grandes personnes et cela crée dans mon cerveau un décalage que je ne peux jamais véritablement réguler.
Il reste que je ne suis pas loin de penser que le meilleur titre du disque soit donc cette fameuse reprise de
DEFTONES, « Fireal », titre exceptionnel évidemment puisque issu d’
« Adrenaline ». Mais sans doute qu’en arrivant à la fin de cet article vous ne savez toujours pas s’il faut ou non vous pencher sur
NATURE MORTE. Qu’est-ce que j’en sais moi ? Une heure de lamentations, c’est trop pour mes nerfs mais je sais qu’il y en a qui aiment bien ça, se faire titiller la moelle osseuse avec un économe ou beurrer le renflement brun au St Hubert, il n’y a pas de mal à cela. Mais ne me demandez pas de me prononcer ! Un soir de colère, je mettrais le tout à la benne et un jour de transport amoureux, je pourrais l’écouter en boucle ! Par conséquent, là, dans un état sentimental neutre bien que légèrement éthylique, j’opterais par prudence pour la seconde option car ces mecs ont quand même un sacré savoir-faire en matière de
lamentation black metal et l’album reste
in fine l’un des trucs les plus aboutis que j’ai pu écouter dans ce style.
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