Alcest - Les chants de l'aurore
Chronique
Alcest Les chants de l'aurore
Je ne vais pas te faire l’injure de te présenter Alcest. Que tu aimes leur black très teinté d’atmosphères sucrées, intimistes, de shoegaze psychédélique ou que tu détestes, n’est pas la question. Si tu es un fin connaisseur de la scène BM, tu connais. Personnellement, ma première rencontre avec le groupe remonte à leur premier LP, Souvenirs d’un autre monde, que j’avais adoré, de la pochette au contenu. Rien à jeter dans ce metal qui n’avait de black que le nom mais dont l’univers musical, touchant, poétique et fragile, était parvenu à m’atteindre. Sur un album, la magie opérait totalement, en partie grâce à des structures souvent magnifiques. Ecailles de Lune et Les Voyages de l’Ame m’étaient encore apparus satisfaisant, remplissant une case vide dans le milieu du BM, ni violent, ni complétement atmo mais… à part. J’ai abandonné la suite, pas simplement par fainéantise, mais surtout via la découverte d’autres univers, notamment dans le dark folk, dans le shoegaze « pur », qui m’ont paru supérieur.
Les chants de l’aurore m’offrent ainsi l’opportunité de reconnecter avec Alcest, sans avoir la moindre idée du chemin parcouru par le combo depuis toutes ces années. Une écoute attentive montre que l’univers du groupe français n’a pas bougé d’un iota. Les ambiances oniriques sont toujours de la partie, la poésie aussi, tout comme ce BM en filigrane qui sert de rappel subtil aux sources. Et la pochette, une fois n’est pas coutume, est à tomber, mélange de couleurs automnales et de traits japonisants.
Dès les premières notes de Komorebi ou de L’envol, on se retrouve plongé des années en arrière. La magie opère, les atmosphères oniriques se mettent en place, les cordes prennent le chemin, bercées par un son profond, chaud, lumineux. Les structures éblouissent par leur clarté, le propos est optimiste, la lumière des paysages volontairement orangée. Seule la voix de Neige, un peu poussée, dénote au premier abord. Mais les codes d’Alcest sont tous réunis, comme il y a 20 ans : l’écho sur la structure, la double pédale en accélération subite et la voix un brin planante. Les couches sonores se multiplient, les passages enlevés le disputent aux ponts atmosphériques acoustiques, la voix parlée à la voix chantée. Tout y est.
Même les arrangements participent à la fête, comme ces chœurs d’enfants qui ajoutent à l’innocence du propos sur Komorebi, les subtiles variations de la batterie sur L’envol, qui permettent de saisir presque physiquement la montée vers les cieux (et ses quelques screams BM, comme sur Améthyste) et la redescente sur terre ou encore ce piano fragile sur Réminiscence. Les morceaux sont dynamiques, s’enchaînent bien, sans pause, sans temps mort ni occupation inutile de l’espace sonore. L’utilisation de techniques proches du prog’, comme sur Améthyste, donne un rendu intéressant, le morceau semblant littéralement changer de direction à maintes reprises, sans perdre en dynamisme. L’emploi fréquent du delay donne une certaine profondeur à l’ensemble, un caractère qui le démarque des autres titres, comme les ruptures sur la batterie, au service d’une montée en puissance pertinente.
Flamme Jumelle et Réminiscence constituent un point de passage, à mi-parcours, avec la seconde partie de l’album, plus lumineuse encore mais une lumière d’automne, plus orangée. Les lead de guitares se font plus entêtants, le delay s’accentue, la mélancolie s’installe plus nettement mais une mélancolie porteuse d’espoir (L’adieu). Certains atours presque pop/new wave se dégagent de L’Enfant de la Lune dans son intro avant que le BM ne prenne le dessus pour aboutir à l’un des titres les plus enlevés de l’album, le plus proche des albums d’antan.
Si tu étais, comme moi, amateur du groupe dans les années 2000, tu ne seras aucunement surpris par cette nouvelle offrande qui réunit le meilleur du groupe. Touchant, lumineux et inspiré, Les chants de l’aurore méritent toute ton attention.
| Raziel 13 Octobre 2024 - 928 lectures |
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