Alcest - Spiritual Instinct
Chronique
Alcest Spiritual Instinct
Eh oui, presque un an. Mais que voulez-vous, c’est pas facile à assumer aussi… Comment voulez-vous concilier mon amour immodéré de Revenge, mon culte rendu à Beherit, mon autel dédié à Darkthrone et mes prières quotidiennes à Sodom avec l’écoute d’Alcest ? Ben c’est assez simple ; ça ne se concilie pas. Et ça ne s’explique pas non plus. J’aime Alcest, et j’aime tout. Souvenirs d’un autre monde, Ecailles de Lune, Les Voyages de l’Âme, même les tout glucoses Kodama et Shelter. Et pourtant, Dieu sait que je crache allégrement et très volontiers sur le post-black et les guimauves sirupeuses que ce genre nous balance depuis une grosse dizaine d’années. Mais Alcest, j’adore.
La pochette n’est pas dingue, il faut le dire. Ce sphinx diabétique tout tristounet sur fond noir, œuvre de Førtifem, ne donne pas bien envie. C’est surtout son visage qui me crispe, en fait, je ne saurais vraiment dire pourquoi... L’artwork a au moins le mérite d’annoncer quelque chose de plus sombre, c’est déjà ça. Et ça ne trompe pas. Neige a même annoncé en interview que cet album était le seul à avoir été composé sous l’effet de la colère, entre autres. Neige pas content. Neige enragé. Le petit chaton qui crachouille en hérissant le poil gris. Mes albums de Black Witchery en frémissent d’effroi, tiens.
Voilà, j’ai fait mes vannes, j’ai acheté ma caution trve, maintenant je peux faire la groupie. J’adore. « Les Jardins de Minuit » avec ses mélodies en trémolo sur fond de blast tout plein de réverbération, les hurlements de Neige… Tout ce que j’aime chez Alcest, et tout ce qui me fait gerber chez n’importe quel autre groupe de post-black. Il me fait rire, le Stéphane, à dire à qui veut l’entendre que le black metal n’est plus qu’une très fine influence pour lui. Ses pistes sont très régulièrement cimentées sur un cadre black metal on ne peut plus reconnaissable. On ne s’en débarrasse jamais vraiment, hein ? Ben tant mieux. Parce que cette première piste est sublime. Nocturne à souhait. Je vois d’immobiles massifs de buis, des lits de fleurs évanouies, des arbres épais aux feuillages gras pour offrir de l’ombre aux parterres… Et un immense paon albinos qui traverse l’air assombri en fouettant l’air, le bec grand ouvert sur un cri de spectre. Voilà, « Les Jardins de Minuit », c’est exactement ça. Et sur « Protection », le paon s’est posé sur une branche. Il regarde le jardin, sévère, et c’est le petit lapin tout mouillé de rosée qui s’émeut de sa beauté… Vous voyez bien que ça rend complétement tarlouze Alcest ! D’autant plus que je dois avoir un sacré problème avec les lapins, j’avais passé une chronique entière à expliquer pourquoi Watain était un petit lapinou à l’occasion de leur dernier album, sur un autre webzine … Je finis la chronique et je vais faire un tour à Jardiland, tiens.
Bon, c’est vrai, Alcest n’est pas que black metal. Sur « Sapphire », on retrouve quelque chose à la Kodama, avec ce côté post-punk shoegazant. Moins nocturne, plus solaire, la piste fait office de récréation après les ténèbres bleutées du début d’album. Très chouette, mais évidemment pas aussi marquant pour moi que les tueries feutrées précédentes. On ressort quelques hurlements en fin de parcours pour l’intensité, et on conclut sur une combinaison des chœurs et des couplets. Cinq minutes, maîtrisées, efficaces, prenantes. J’avais baissé la garde, et voilà que le beat synthétique de « L’île des Morts » débarque, vite rattrapé par une montée mélodique et vocale qui sonnerait presque… doom. Si si. Avec du black dedans et la dose de post-rock qui va bien, mais doom quand même. Toute cette frange de doom éthéré à la Swallow the Sun ou Trees of Eternity. C’est très léger, n’allez pas vous exciter, mais l’ambiance globale de la piste a définitivement quelque chose qui me fait penser à du doom, avec des petits éléments comme la légère dissonance en milieu de refrain, ou les accords bien appuyés qui arrivent juste après vers 3.20 suivis par une lead tourmentée. La piste est un peu longuette, neuf minutes, et aurait peut-être gagné à être un poil plus ramassé, en revanche.
Allez, tiers final, qui débute sur la superbe mélodie de « Le Miroir », soutenue par des claviers tout argentés. Magnifique, terriblement chargée en émotions, la piste est construite sur une montée en puissance aboutissant sur un pic d’intensité, délié derrière par un arpège rêveur parfaitement alcestien. Et on termine sur la piste éponyme, qui revient vers quelque chose de plus shoegaze et post-rock. Douceur, sérénité, apaisement. « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté », comme dirait l’autre.
Je ne sais pas trop quoi vous dire, moi. Alcest me touche, encore et toujours, presque à mon corps défendant. Même signé chez Nuclear Blast, même en étant la coqueluche des bobos et des immonde untrves qui salissent de leur présence les plus basses marches du Hall, même quand j’avais prévu d’écouter Peste Noire (hin hin). Avec sa production parfaite (cette batterie, mmmmh), ses mélodies d’ange de nuit, sa voix de séraphin … Alcest me touche. Allez, barre-toi, laisse-moi essayer de me faire croire que je suis un evil demoniac warrior of the absolute holocaustic nuclear apocalypse. Fous le camp. Planque-toi en attendant que je ne sois plus trop fâché avec ma fierté, puis reviens et installe-toi dans la chambre. Comme d’hab.
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