Nous avions quitté les Américains de Mindz Eye au début de l’année dernière après une chronique particulièrement tardive de l’excellent
True Blue, un EP vite expédié paru trois ans auparavant... Ces derniers sont aujourd’hui de retour avec sous le coude un premier album et en ce qui me concerne une chronique qui cette fois-ci sera donc publiée dans les temps.
Intitulé
The Vision, celui-ci n’est pour le moment disponible que sur Bandcamp et autres plateformes de streaming mais devrait normalement se voir gratifier de pressages cassette et vinyle dans le courant de l’année. Enregistré et mixé par Taylor Young (Twitching Tongues, Disgrace, Nails, God’s Hate...) puis masterisé par Brad Boatright (From Ashes Rise, 200 Stab Wounds, Age Of Apocalypse, All Pigs Must Die...), ce premier album ne compte que neuf morceaux (dont une relecture du tube "Brain Wavez" déjà présent sur ce fameux EP susmentionné) pour une durée de seulement dix-huit minutes... Alors je n’aime pas spécialement râler (même si a priori je suis plutôt bon à cela d’après ma femme et ma fille) mais c’est quand même un petit peu court non (surtout qu’on y trouve une introduction et un interlude) ? M’enfin, que voulez-vous, c’est comme ça aujourd’hui avec cette nouvelle génération de formations Hardcore alors on se contentera évidemment de faire avec en gardant le sourire.
Illustré pour l’occasion par un certain Christopher Wilson,
The Vision ne devrait pas manquer d’attirer le regard grâce à ces couleurs vives et cette composition pour le moins intrigante. Une œuvre qui d’ailleurs rappelle dans une certaine mesure l’étrangeté des travaux de Boone Naka pour les regrettés Gulch... Pour le reste et malgré les trois ans et demi qui séparent la sortie de
True Blue de ce premier "longue-durée", c’est un petit peu comme si nous ne nous étions jamais quittés dans la mesure où rien n’a vraiment changé. En effet, le groupe originaire du Colorado poursuit ses pérégrinations en terres Hardcore avec une musique énergique, colorée, pleine de groove et de nostalgie. Une formule bigarrée très largement calquée sur celle de Turnstile (notamment celle des deux premiers albums) dont il continue de s’inspirer ouvertement ici.
De ces riffs Punk / Hardcore nerveux et dynamiques à ces mélodies aériennes qui puent les années 90 (Crown Of Thornz, 311, P.O.D., Incubus et compagnie) en passant par ces quelques voix claires utilisées toujours à bon escient ("Ill At Ease" et "Interlude"), ce phrasé chaloupé ou bien encore ce groove absolument irrésistible ("M.E.C.", "Raw Deal", "Bliss", "Submit 2 Strife", l’imparable "Brain Wavez", "The Vision", "Burning Ambition"...), tout chez Mindz Eye évoque en effet le célèbre groupe de Baltimore. Et si tout cela ne suffisait pas, il y a également cette participation extérieure sur le titre "Submit 2 Strife" qui malgré le doute entretenu par cette mention "featuring Time X Heist" qui personnellement ne m’évoque absolument rien n’en laisse pas moins supposer que les garçons de Mindz Eye ont tout de même trouvé le moyen de coller Brendan Yates (chanteur de Turnstile) derrière un microphone afin de nous offrir quelques lignes de chant particulièrement bien senties. Bref, vous l’aurez compris, si vous n’avez jamais pu piffrer Turnstile, il y a alors très peu de chances pour que vous succombiez aux charmes pourtant irrésistibles des Américains.
Alors bien sûr, on pourrait se demander quelle est la légitimité d’un tel groupe alors que Turnstile mène encore largement la danse sur ce créneau mais le fait est que Mindz Eye maitrise parfaitement son sujet et que ce premier album, aussi imparfait soit-il (trop court, manque flagrant de personnalité, pas assez de titres...), demeure d’une efficacité à toute épreuve et que, cerise sur le gâteau, il est encore très éloigné des digressions Pop / Electronique auxquelles s’adonne le groupe de Baltimore sur son dernier album en date. Vif, léger, dynamique, ensoleillé, plein de groove et porteur d’une certaine nostalgie plutôt rafraîchissante,
The Vision ne brille peut-être pas par son originalité (et ceci est effectivement un doux euphémisme car les quatre garçons viennent clairement empiéter sur les plates-bandes de Turnstile) mais le fait est qu’on ressort avec le sourire et le cœur léger de ces écoutes répétées. Bref, un disque taillé pour les beaux jours et qui malgré sa durée limitée va à n’en point douter tourner tout l’été...
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