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Eisenkult - Die Hölle Ist Hier
Chronique
Eisenkult Die Hölle Ist Hier
Si certaines sorties sont attendues avec une grande impatience d’autres au contraire sont franchement redoutées, tant on a l’habitude que ses auteurs se plantent lamentablement ou pondent une réalisation absolument ennuyeuse et inécoutable. C’est exactement le cas pour EISENKULT qui nous balance régulièrement du Black Metal rudimentaire et brumeux tartiné d’influences électroniques et Synthwave, qui malgré quelques idées intéressantes n’arrivent jamais à s’intégrer correctement dans le résultat final. Du coup on n’attendait absolument rien de ce quatrième album qui sur le papier conserve exactement les mêmes éléments pour donner envie de se taper la tête contre les murs, surtout que les gars ont encore fait plus long que d’habitude. Pourtant il existe des surprises et miracles que personne n’attendait, car sans être un chef-d’œuvre en puissance il faut bien reconnaître que le trio a ici mieux maîtrisé son sujet tout en n’hésitant pas à intégrer des ambiances kitchouilles et horrifiques agréables qui s’agglomèrent totalement avec le reste du contenu proposé. On est donc loin des passages synthétiques qui tombaient comme un cheveu sur la soupe et cassaient la dynamique, ici cela passe nettement mieux bien que tout cela soit difficile à s’enquiller d’une traite... à cause notamment d’une durée globale excessive et de la difficulté à faire ressortir quelque chose plus qu’un autre.
Néanmoins on va être mis dans de bonnes conditions dès l’introduction (« Vigil ») qui propose des notes acoustiques tristes où se mêlent une boîte à musique et une voix douce, qui donnent ainsi une berceuse horrifique idéale avant de lancer parfaitement les hostilités via le sombre et nostalgique « Ich Wünsch' Mir Alles Weg » où la violence crasse joue sur les variations rythmiques régulières entre tabassage incessant et mid-tempo redoutable, tout cela avec quelques nappes de claviers mélancoliques qui densifient ainsi un premier titre impeccable et qui fait parfaitement le boulot. Si les gars n’ont pas oublié la brutalité frontale via le furieux « Der Teufel Selbst » qui se révèle classique et efficace, c’est clairement quand le propos s’alourdit légèrement et propose plus de profondeur qu’ils sont les plus intéressants... à l’instar de « Die Asche Eines Engels » où retentit du clavecin de plus bel effet sur fond de rythmique en médium aux légers accents Heavy. Parfaite pour headbanguer cette plage remuante à souhait se montre presque accessible mais bien troussée avant que l’équilibré « Hassgesang » ne vienne remettre de la profondeur, via des arpèges gelés et un rendu général d’une noirceur intégrale où ça ne cesse de varier entre vitesse et lenteur... tout ça avec quelques relents de vieux films d’horreur qui sentent bon la Hammer et les Série B de l’époque.
Une fois arrivé à la moitié de ce long-format un constat s’impose, celui que tout cela tient correctement la route malgré certaines difficultés à appréhender la bête... et ça n’est pas avec « Die Hölle Ist Hier » que les choses vont changer, vu qu’ici on a droit à une composition simple et sans chichis où l’intégralité des rythmes sont de sortie, pour un rendu entraînant et sombre qui passe facilement (tout comme « Kreuzböser Dämon » situé un peu plus loin dans le disque où l’agressivité est jouée pied au plancher sur fond d’équilibre entre vitesse et ralentissements, avec une écriture simple et primitive). Entre tout cela on pourra évoquer tranquillement le varié et mélancolique « Von Gott Gehasst » ou encore l’inquiétant « Töte Mich » aux accents tribaux et aux deux parties bien distinctes, où la voix chuchotée renforce la peur qui rôde dans les parages avec les fantômes, vampires et compagnie... point que l’on retrouve par bribes sur l’équilibré et réussi « Eine Handvoll Nägel ». En revanche la conclusion intitulée « Flügel Tragen Mich Hinfort » fera plus office de remplissage qu’autre chose de par sa durée excessive et le sentiment que les choses tournent en boucle depuis déjà quelques instants.
Car oui plus on va avancer vers la fin et plus on va avoir cette impression que ça repique les mêmes idées en les modifiant légèrement à chaque fois, mais pas suffisamment pour que cela passe inaperçu. Effectivement le bordel est mieux organisé qu’auparavant et arrive à surmonter tranquillement le cap des écoutes successives, même si à l’instar des précédents disques du binôme Valfor/Baptist tout cela sera rapidement oublié et prendra plus la poussière qu’autre chose. Jouant habilement avec les ambiances et montrant qu’il ne faut jamais se fier à sa première impression la formation signe une réalisation étonnante même si imparfaite, continuant son petit bonhomme de chemin dans un registre personnel à défaut de réussir à captiver un nombre important de personnes. Ceux-ci à n’en pas douter jetteront une oreille attentive au début puis progressivement en dilettante, affichant un respect poli pour le travail fourni mais qui au final iront réécouter les classiques indémodables où l’on ne voit poindre aucune lassitude malgré la connaissance de A à Z de l’œuvre.
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