Devianz - Una Duna In Mezzo All'oceano
Chronique
Devianz Una Duna In Mezzo All'oceano
Difficile exercice que celui du rock de nos jours. D'un côté, il y les groupes en 'The' qui se réclament d'un pseudo héritage des années 60-70, ce qui leur permet de faire des albums de 22 minutes (soit 11 chansons de 2 minutes sans trop se casser le cul) avec des Fender cradingues, et une batterie miteuse que les Inrockuptibles trouvent géniaux. Et puis il y a les autres groupes qui s'évertuent à faire des chansons un peu plus poussées que le Kyo de base sans option. Parmi eux, Devianz produit avec cet album un rock sombre, mélodique, et chanté en français qui plus est. Alors que faire quand on est un groupe de rock qui chante en français pour ne pas refaire du Noir Désir (un sombre groupe de la région bordelaise dont le chanteur est en prison pour avoir abîmé un coin de meuble avec la tête d'une femme.) ou du mauvais Saez (pléonasme) ? Autant dire que l'exercice est casse-gueule, mais je dois dire qu'à ma grande surprise (oh ! je suis surpris), Devianz s'en sort plutôt pas mal, et même plutôt bien, carrément.
D'abord, ce qui m’a frappé c'est que le chanteur sait chanter juste ; il a une voix très pure, aiguë, sans trop faire fillette de 12 ans, tout de même. Les mélodies développées au chant sont aériennes, un peu lancinantes, et paraissent flotter sur le reste de la musique. Par moments, il pousse la voix puissamment dans les aigus, donnant ainsi des points d’orgue aux chansons. Cependant malgré une voix assez belle, le chant reste assez linéaire dans les mélodies, et il y a quelques chansons où j’avais l’impression d’entendre la même chose. Ceci dit, le groupe est assez jeune, donc on peut espérer que la diversité viendra avec l’expérience. Le son global de l’album est excellent, produit par Buriez au LbLab. Cela reste assez simple, pas surproduit ; un léger grain live, notamment au niveau de la batterie, ce qui donne pas mal de puissance aux chansons et un son moins froid que du tout triggé.
12 titres dans ce premier album, aux intitulés plus improbables les uns que les autres ("odalisque", "solstice du premier âge", "épistophane" et même un titre en russe qui veut dire 13 !…) bref, que des mots incompréhensibles pour le chroniqueur métal moyen pour qui un cénobite, c'est un truc dégueu qu'on fait avec le sexe alors qu'en fait, c'est un moine qui vit en communauté. Je suis toujours un peu perplexe vis a vis de ce genre de titres - toujours un peu l'impression qu'on fait compliqué pour montrer qu'on est intelligent. Cependant, étant donné que les textes en soi restent très poétiques, simples et accessibles, je suppose que les titres ont une signification particulière pour le chanteur (c'est lui qui écrit les textes), et résument le texte.
Pour la musique plus généralement, cela m'a fait surtout pensé à un groupe maintenant défunt qui s'appelle Shun (et non ce n'est pas la fiotte aux cheveux verts des chevaliers du zodiaque.) Allez chercher sur le net, ils avaient un sorti un EP magnifique, qui s'appelle Michael In Reign. Pour avoir des références plus connues qui sont encore vivantes, évidemment, celle qui vient en tête immédiatement c'est Muse, avec quelques relents de Smashing pumpkins, même, et Far n'est pas loin. On reste sur des bases très classiques de rock, avec les couplets en son clair et de la saturation pour les refrains, mais il y a quelques incursions de rythmiques décalées très intéressantes (comme sur "El silencio est muerto") et un bassiste qui, quand on l'entend, a un jeu technique et nuancé (mention aux arpèges sur "eleganz"). Cette album comporte la particularité en outre d’avoir 2 chansons de 10 et 14 minutes, ce qui aurait pu être dangereux à tenter pour un premier album. Généralement, les chansons de 10 minutes sur les albums de métal je m'en méfie, elles sont chiantes à mourir. Mais là, on n’est pas réellement dans du métal, plus dans du rock un peu plus dur que la moyenne. Remarquez, je me méfie aussi des chansons de 10 minutes dans le rock, on a souvent droit à des resucées de Pink Floyd mal digérées. Pourtant, ces chansons sont bien structurées, ce qui fait que malgré des longueurs, notamment dans l'intro de "bitter landscape" qui devient un peu répétitive à force ( et l'anglais ne va pas aussi bien au chanteur que le français.) elles passent avec succès l’audition sans ennui. En fait elles m'ont fait penser à du Pelican en français et en moins pesant dans l'ambiance. J'aime bien la structuration de l'album aussi, l'utilisation des instrumentales pour couper un peu des chansons classiques. Cependant "odalisque 2" qui reprend le thème d'"odalisque 1" au piano s'essouffle quand même au bout de 1 ou 2 minutes. Donc j'ai passé.
Donc quoi penser de tout cela à la fin. Que cet album est dense, mélancolique, et finalement assez bon, je pense. En y repensant, je n'ai pas de références françaises pour ce style de musique. Je vais dire uniquement que le seul défaut de cet album est qu'on peut retrouver un certain classicisme dans les compositions, au niveau des structures, peu de surprises réelles. Reste que Devianz a beaucoup d'atouts pour devenir un gros groupe de rock français, mais cela va dépendre de leur évolution. Sur les bases que j'ai pu entendre avec cet album, il y a fort à parier qu'on va entendre reparler d'eux.
| $am 19 Novembre 2005 - 2296 lectures |
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