Anneke van Giersbergen - Everything is Changing
Chronique
Anneke van Giersbergen Everything is Changing
"Everything is Changing", troisième album d'Anneke sans The Gathering, pouvait difficilement être pire que le précédent. La réalité dépassant souvent la fiction, je n'en aurais néanmoins pas mis mon câble réseau à couper. Toutefois quand on analyse l'artwork de cette cuvée 2012, les signes ne trompent pas : Madame a arrêté de fourrer sa tête dans les maisons de poupée de son enfance, elle nous déballe outrancièrement ses bras musclés et tous ses gros tatouages. Ca c'est viril, ça c'est rebelle, ça me parle quoi (moins qu'un bon gros décolleté quand même). Mais la déception qu'a représentée "In Your Room" pour moi m'a fait hésiter, à tel point qu'il n'était pas du tout au programme que j'y jette une oreille ; c'est ce petit regard du coin de l'oeil qui murmurait "Hey Dead, tu es sûr de ne pas vouloir écouter mon album ?" qui m'a perdu. Aaaaah... Comment résister à Anneke ?
"Everything is Changing" et personne ne s'en plaindra je pense. Une deuxième fournée de cette pop acidulée sans profondeur et c'était le divorce assuré. Anneke a su réagir au bon moment : ce troisième album est une véritable bouffée d'oxygène, aussi bien pour son image que pour nos esgourdes. A l'image du premier single "Feel Alive", sa musique revient à un style plus rock, voire metal sur certains titres, influencée par de nombreuses formations qui ont marqué leur genre. Chaque morceau vous rappellera sans doute quelque chose qui vous est familier, allant du Garbage de "Version 2.0" dont l'association leads/électronique relèverait presque du plagiat sur "Take Me Home" ou "You Want to Be Free", à Muse incontestablement sur les montées de "My Boy", en passant le rock US FM (moins glorieux) de "Slow Me Down" ou encore les réminiscences gothico-metalliques d'un Evanescence ou d'un Within Temptation sur "Stay" et "Too Late". Enfin vous l'aurez compris : terminé la bouillace inconsistante d'il y a 3 ans, désormais ça groove sévère avec ce qu'il faut de basse et de grosses guitares pour bouger ton petit cul, sans oublier les refrains qui vous rentrent dans la tête comme un corps aux formes voluptueuses dans une robe fourreau. Ne cherchez pas midi à quatorze heures, si les extraits que vous découvrirez vous semblent trop simplistes, trop faciles d'accès, trop calibrés, passez votre chemin car il n'y a rien d'autre à chercher ici que du plaisir immédiat, totalement assumé.
"Everything is Changing" ou presque. L'inimitable voix d'Anneke n'a pas pris une ride et la diva nous le prouve à chaque instant. Son chant domine chaque composition et reste le principal vecteur d'émotion. L'instrumentation n'a pas été bâclée pour autant, au contraire. Le son des guitares, étonnamment très brut, apporte beaucoup de puissance à l'ensemble et les nombreux arrangements électroniques que l'on retrouve tout au long de l'album créent une atmosphère synthétique très plaisante. Les tubes ne manquent pas en tous cas ("Feel Alive", "You Want to Be Free", "Take Me Home", "Stay", "Too Late", ...) et ne concernent que des titres rock ; paradoxalement, ce sont les titres doux, peu nombreux heureusement, qui desservent l'album alors qu'ils sont longtemps restés la grande spécialité d'Anneke (musicalement parlant, je ne la connais pas plus que ça). "Everything Is Changing" et "Circles" se révèlent donc d'un ennui mortel, ainsi que les plus mielleux des morceaux rock ("Hope, Pray, Dance, Play" par exemple). Mielleux, c'est également un terme qui colle assez bien aux paroles. J'en parle rarement dans mes chroniques car je n'y attache pas énormément d'importance mais elles m'ont ici fait grincer des dents. Portées principalement sur l'amitié, la maternité et les relations amoureuses, elles sonnent souvent faux, trop lumineuses, trop niaises et contrastent totalement avec la musique. Il n'y a qu'à écouter l'hommage à son fils "My Boy" : musique de Muse, paroles de Natives...
Prenant et surprenant, ce troisième album contient tellement de bons moments qu'on ne lui en voudra pas pour ses paroles légères, ni de puiser allègrement dans ses diverses influences d'ailleurs. "Everything is Changing" est peut-être le premier véritable album d'Anneke van Gierbergen en fin de compte. Caché d'abord derrière Agua de Annique pour faire du sous The Gathering, puis encore associé à Agua de Annique pour sa pop pour adolescentes boutonneuses, "Everything is Changing" est la première production à ne porter que son nom et la seul à nous dévoiler une autre facette de sa personnalité, laissant entrevoir un avenir prometteur. Une chose est sûre, je n'hésiterai pas la prochaine fois.
| Dead 5 Mai 2012 - 2817 lectures |
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