Anneke van Giersbergen - Drive

"Drive", en voilà un mot à la mode. Il vous évoquera peut-être un film au succès plus qu’honorable dont l'affiche suggère que Ryan Gosling a eu son permis B (ne l'ayant pas vu, je ne pourrais être plus précis). Pour ma part, ce sont plutôt les fast-foods et les grandes enseignes de la distribution qui se le sont accaparés : on connaît depuis longtemps les Mc Drive et depuis peu les Carrefour Drive et autres Auchan Drive qui vous permettent de faire vos courses sur internet en vous obligeant quand même à vous rendre en magasin pour récupérer la marchandise, vous faisant croire que vous économisez du temps et de l'argent en évitant la livraison à domicile. Bref. "Drive", c'est le nom qu'à choisi Anneke pour son quatrième album. Que peut-on attendre alors du Anneke Drive ? Un service rapide intervenant moins de deux ans après la dernière livraison mais une commande pas vraiment conforme aux attentes.

A défaut d'être original, "Everything is Changing" avait le mérite d'être surprenant et rafraîchissant, surtout après un "In Your Room" quasi imbuvable. On pouvait donc espérer une suite du même acabit. Ici, Anneke a fait le choix de rassembler le rock alternatif de sa précédente production et la pop sucrée de son deuxième album pour un résultat oscillant entre puissance et émotions. Sur la forme, on reste dans la veine de "Everything is Changing" avec une dynamique résolument rock ; toutefois l'ensemble laisse de côté l'esprit frais (Fleury Michon®) et incontrôlé d'antan pour des ambiances très calculées, rappelant le Rock FM US. L'énergie débordante est désormais contenue dans une formule bien huilée où absolument rien ne dépasse, la production ultra plate terminant de mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Inutile d'attendre l'inattendu donc, les compositions n'ont rien d'imprévisible et à l'exception d'un sursaut électrique qui pourrait intervenir sur un refrain après un couplet calme, tout se déroule comme prévu, sur des structures couplet/refrain/break classiques, avec des progressions classiques, une instrumentation classique et des mélodies classiques. Seule la collaboration avec le chanteur turc Hayko Cepkin sur "Mental Jungle" viendra bouleverser les habitudes, un titre qui prend forcément une tournure moyen orientale (mais pas trop), dans l'ensemble plutôt réussi, les voix du duo se complétant parfaitement.

Je suppose qu'il vous est déjà arrivé de prendre un médicament en le coupant avec une boisson agréable, comme du jus de fruits, espérant qu'il parviendra à effacer son goût affreux... ce qui ne fonctionne jamais évidemment. Cette sensation est la première chose qui m'est venu en tête à l'écoute de "Drive". Dans ce mélange entre ces deux derniers albums, c'est le bouquet tenace d'un "In Your Room" qui reste en bouche ou comment tuer un retour inespéré par tant de banalité. Anneke a une fois de plus confondu naïveté et mièvrerie et nous propose au final, un album plat, sans âme, sans personnalité, un ramassis de compositions que l'on pourrait entendre sur n'importe quelle onde, qui vous caressent l'oreille et que vous oubliez aussitôt. Même sa voix aux capacités infinies semble quelconque, incapable de s'exprimer sur des lignes de chant aussi convenues. Dommage car l'album n'est pas si mauvais et se laisse écouter, proposant même quelques morceaux intéressants tels que l’entraînant titre éponyme, l'ultra catchy conclusion "The Best is Yet to Come" ou l'intéressant "Mental Jungle". "Drive" vient confirmer en tout cas une chose que laissait entrevoir "Everything is Changing" : Anneke est aujourd'hui bien meilleure lorsqu'elle se lâche et c'est ce qui fait cruellement défaut sur cette cuvée 2013. Espérons qu'on aille vraiment de l'avant la prochaine fois. Et ça vaut aussi pour le look, hein ma belle ?

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