The Midnight Ghost Train - Cypress Ave.
Chronique
The Midnight Ghost Train Cypress Ave.
Cypress Ave. est une station du métro de New York située dans le Bronx. C’est loin, très loin de Topeka, Kansas dont sont originaires Steve Moss, Brandon Burghart et Mike Boyne, le trio constitutif de THE MIDNIGHT GHOST TRAIN. Cypress Ave., c'est aussi le nom du quatrième album studio de TMGT et s'il est plutôt normal qu'un groupe portant le nom d'un train publie un album portant celui d'une gare, le chemin artistique parcouru entre ce disque et le pénultième opus, Cold Was The Ground (2014) est au moins aussi important que les kilomètres de voie ferrée entre Topeka, Kansas et Le Bronx, New York. Après trois albums aux saveurs brut de fonderie et nature, illustrés par des artwork à l’avenant : Steve Moss hurlant dans un champ sur l’éponyme, une femme nue également dans un champ sur Buffalo, un redneck tout droit sorti de la saison 1 de True Detective sur Cold Was The Ground, THE MIDNIGHT GHOST TRAIN choisit pour Cypress Ave. un panorama hivernal des toits et de la skyline new-yorkaise. Le grand écart du contenant annonçant celui du contenu, l'opus est très différent de ce à quoi le trio nous a habitués. C'est un disque plus ciselé, plus profond mais surtout beaucoup plus nuancé. Alors que l'éponyme, Buffalo et Cold Was The Ground m'évoquent des blocs de granit massifs et bruts, Cypress Ave. est une statue taillé dans même roc aux multiples facettes et aux reflets changeants.
A l'instar de bien des fans de la première heure, j'aurais pu être déçu par l'évolution du groupe, regretter les sonorité brutes. Cette base de Blues du Delta sur laquelle Steve Moss taillait des sillons à coups de riffs arrachés à sa Gibson Les Paul et d'un chant rauque et primal, sorte de rugissement animal non dégrossi qui faisait tout le sel et toute la spécificité du gang. Mais il n'en est rien. Même si la première écoute de "Tonight" fut un peu teintée de regret tant le fossé entre l'ancien et le nouveau TMGT est immense, j'ai vite trouvé mon compte dans la nouvelle formule. Le groupe renonce aux guitares saturées, au chant vociféré et aux amplis poussés à fonds les ballons et adopte un régime de croisière plus posé. La musique est toujours amplifiée mais moins forte, la voix est toujours puissante mais mieux canalisée. Avec Cypress Ave., TMGT démontre (une fois de plus) qu'un bon hurleur peut aussi être un excellent chanteur. Par effet de bord, la batterie de Brandon Burghart est plus audible, ainsi que la basse de Mike Boyne, comme notamment sur la magistrale intro de "Red Eyed Junkie Queen", la piste aux accents Stoner qui rappelle l'ancienne sonorité du gang. Comme un feu ronflant sous la cendre, la fureur de Steve Moss est canalisée mais jamais endormie, ainsi que l'attestent les deux magistraux crescendo "Lemon Trees" et "The Echo". Construites sur la même trame, ces chansons sont des montées en puissance progressives et jouissives où Steve Moss et ses musiciens laissent exploser leur talent en mélangeant l’ancien et le nouveau registre avec une remarquable justesse. Le chant plus posé de Steve Moss permet également de mieux profiter des lyrics bien léchés souvent présentés comme un monologue que Steve Moss adresse au sujet de la chanson : la junkie qui vend son corps ("Red eyed Junkie Queen"), le compagnon qui décide de rompre ("I Can't Let You Go") Steve Moss lui-même ("Black Wave").
On pouvait reprocher aux précédents albums de THE MIDNIGHT GHOST TRAIN leur répétitivité, toutes les pistes reposant sur les mêmes concepts musicaux. Sur Cypress Ave. au contraire, un train chasse l'autre. Chacune des onze pistes est une surprise, le gang explorant une flopée de registres et donc d'ambiances différentes : des ballades ("Black Wave" et "The Whatcher's Nest"), du Blues ("Break My Love"), du Heavy Blues ("I Can't Let You Go", "The Echo"). Mais l'apogée de l'audace est atteint avec"The Boogie Down", un morceau Funk interprété en chant rappé par Sonny Cheeba.
Laissez tomber les étiquettes, THE MIDNIGHT GHOST TRAIN n'a jamais été autre chose qu'un groupe de Rock et s'il est un peu tôt pour dire si ce nouvel opus est leur album de la maturité, c'est en tout cas celui d'une formation en état de grâce. Cypress Ave. est un excellent disque à la fois pour ses qualités intrinsèques mais aussi pour le bien fou que procure son écoute. C'est un album jouissif, une vraie, grande réussite.
| rivax 9 Août 2017 - 1390 lectures |
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