Le problème avec les groupes qui ont sorti un album iconique, c'est qu'on espère toujours que le prochain sera aussi génial tout en craignant d'être déçus. Depuis que Josh Homme et son groupe QUEENS OF THE STONE AGE ont marqué le début du siècle avec l'album
Songs for the Deaf chaque nouvelle itération du rouquin est attendue comme le Messie, disséquée comme une souris blanche en cours de SVT pour finalement être jugée comme "géniale", plus rarement "pas mal" mais jamais "nulle", "naze", ni "à jeter" ! Avouez que c'est rageant. Ce mec est tellement cool qu'on aimerait trouver une faille, le prendre à défaut. Mis à part son comportement limite vis-à-vis de KYUSS dont il bloque la reformation sans pour autant manifester le souhait d'y participer, il n'y a vraiment rien à reprocher à Josh Homme qui se pose plutôt comme un contributeur majeur de la scène Rock moderne.
J'ai le regret d'apprendre aux basheurs de tous poils qu'il ne sera pas non plus facile de démolir Josh Homme via ce dernier opus de QOTSA qui n'a de vilain que le nom. C'est un disque qui ressemble à son géniteur : il est cool. Mais pour atteindre un tel niveau de coolitude, il a fallu bosser comme un acharné. On le sent à force d'écoutes successives : il y a beaucoup, beaucoup de boulot sur les neuf chansons de
Villains et si elles sont toutes si bien construites, pensées et cohérentes, ce n'est vraiment pas un hasard.
Ecrit et composé par Josh Homme, produit par Mark Ronson et interprété par QOTSA sans participation extérieure pour la première fois depuis
Rated R (2000),
Villains est un album présenté par son auteur comme plus intime, plus dansant mais toujours 100% Rock. Comparé à la discographie antérieure du gang, ce nouvel opus est moins lourd, moins saturé, moins généreux en riff, plus "nature" pourrait-on dire. L'énorme travail de production de Mark Ronson qui a su apporter au gang une sonorité groovy et fun sans gommer leurs spécificités, les ajouts d'arrangements dans tous les coins, les inserts de claviers, violons, effets Electro, bruits bizarres et pédales d'effet de derrière les fagots viennent sinon démentir, du moins contrebalancer l'apparente simplicité "back to the roots" de la galette. Une galette qui brille surtout par la diversité de ses propos, de ses ambiances : lourdeur presque Dancefloor de "Feet don't Fail Me", légèreté violoneuse de "The Fortress", Big Band hommage à Cab Caloway de "The Way You Used To Do", simplicité d'un riff épais, gras et entêtant de "Domesticated Animals", réminiscence de David Bowie sur "Un-reborn Again", simplicité dépouillée de "Villains Of Circumstance", etc. Mister Homme fait une nouvelle fois preuve de créativité à tous crins en composant neuf pistes aussi éclectiques qu'accrocheuses. Il faudra plusieurs écoutes avant de vous imprégner des compos pour en aspirer la substantifique moelle, mais c'est l'un des charmes des grands disques de Rock, être à la fois séduisant de prime abord tout en réservant des surprises et des découvertes sur le long terme.
Le disque n'est pas exempt de défauts. Pour reprendre une formule connue, il a les défauts de ses qualités. Il est tellement produit qu'il parait surproduit, avec parfois trop de sonorités synthétiques pour sonner vraiment rock ("Feet don't fail me" et "Domesticated animals"). Il est tellement généreux et éclectique qu'il parait trop généreux et trop éclectique : on peine à trouver un fil conducteur à la tracklist et certains morceaux qui semblent inutilement étirés auraient gagné à être raccourcis ("Fortress" et "U-reborn Again").
Villains n'est pas un disque nostalgique du Rock de papa. A mille lieues des groupes qui se complaisent dans des sonorités, des pratiques et des déguisements datés, il appartient à la branche "moderniste" du Rock : respectueuse de ses racines sans être coincée dans un pesant passé codifié et poussiéreux. L'option retenue ne va pas plaire à tout le monde mais elle a le mérite de l'audace et de la fraîcheur.
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