Queens Of The Stone Age - Queens Of The Stone Age
Chronique
Queens Of The Stone Age Queens Of The Stone Age
Tu la sens venir hein, tu la sens monter en toi la vibes ribs de porc sauce barbecue, note écrite au tube de rouge à lèvre sur la vitre des toilettes du bar et Chevrolet rabaissée jantes chromées ? Allez, avoue que tu y as pensé direct dès les notes de « Regular John ». Non mais rassure-toi, c'est la même chose pour tout le monde. Tout simplement parce que les notes que tu as entendues au début de ce disque éponyme des Queens Of The Stone Age sont des notes de rock'n'roll. Et le rock'n'roll, c'est le sex et les drugs mais aussi – un peu – les grosses bagnoles et la bouffe du désert dans le cas présent. Et au cas où tu ne le saurais pas, ça déchire. Et ça donne envie de tout envoyer promener. Il paraît que quand il écoute ce disque, Sakrifiss est tellement captivé qu'il en oublie de mettre les noms des groupes en majuscules... C'est dire l'effet salvateur et va-te-faire-foutre-le-monde de cette première sortie des Californiens !
Oui, « Queens Of The Stone Age », c'est du rock à grosse burnes qui montre son slip aux passants. Mais c'est également du Rock à la sensibilité féminine, mystérieuse et érotique. Du coup, fondamentalement, ça nous donne cette pochette de fille mystérieuse et érotique qui montre son slip aux passants. Et puis d'abord, pourquoi ce serait toujours les mecs qui feraient de la guitare avec une grosse distorsion ? Pourquoi ça ne pourrait pas être une fille « badass » à mort ? Imagine un peu Mikasa Ackerman qui va démarrer son Impala, cheveux au vent, avec une paire de Ray-Ban, une clope au bec. La main gauche sur le volant et la main droite qui recharge d'un mouvement de poignet son Maverick prêt à dégommer du titan. A l'aise quoi. C'est un peu près ça qu'on peut s'imaginer sur « If Only » ou sur « Walkin On The Sidewalks » titres décapant les tympans avec leurs riffs groovy et grassouillets.
Je trouve qu'Homme et sa bande de potes sont le groupe de mecs les plus amoureux des femmes au monde. Sans vraiment le vouloir et avec leurs petites émotions chantées sur les refrains ou leur petites notes discrètes de guitares claires, ils font de la femme affirmée, puissante et inaccessible le cœur de leur musique. Les gros durs les plus féministes de la planète en quelque sorte. M'en fous d'abord, Queens Of The Stone Age, c'est aussi de la Love-Music. Punchy certes, mais quand même on ne va pas se mentir, un titre comme « You Would Know », c'est très lovely : cette basse chantant doucement et ces guitares fondantes c'est finalement des petits va-et-viens discrets mais présents qui se dessinent dans vos têtes. La façon dont ils accélèrent pendant le refrain en plus, ça ne vous rappelle rien ? Oh allez, sauf si vous avez 12 ans (et là, je tiens à vous féliciter personnellement pour votre précocité à fréquenter Thrashocore), ça vous rappelle quelque chose. Cette première livraison post-Kyuss des Reines de l'âge de pierre est finalement leur album le plus sensuel pour ma part, voire carrément un disque sexuel dans le sens le plus noble du terme. Non, ce n'est pas de la pornographie monsieur, c'est de l'érotisme classe comme un pro-shoot chez Vogue ou une peinture de la renaissance. On ne bave pas devant monsieur, on admire.
Quand on écoute ce disque, on a comme un sensation innée de connaître enfin la classe, le style, la distinction. La bête domestiquée, le sauvage comme un passé difficilement accouplé à toute la finesse que peut avoir l'humain dans ses instants les plus raffinés et délicats. C'est ça qui définit le mieux la musique gravée ici, comme dans cette dualité dans « How To Handle A Rope » entre le rugueux des cordes et la délicatesse de la voix. L'homme moderne, tatoué derrière son costume Armani et arborant fièrement des pompes cirée à damiers rouges et blancs. Un certain anti-conformisme bien planqué derrière un masque de bon-goût. Là est la réussite la plus incontestable de « Queens Of The Stone Age », celle qui définit finalement le profil de ses créateurs et leur envie de faire avancer la musique dans une dimension qu'elle n'avait pas encore explorée. Le métrosexuel est dorénavant au sommet de sa forme.
Évidemment, la production défonce puisque comme d'habitude avec les mecs du désert, tout est magnifiquement mixé, pas forcément de manière parfaite en terme de standards de l'industrie musicale mais avec le savoir-faire et la personnalité si propre au combo. Un coup de graisse sur la basse, un coup de saleté sur les guitares et parfois un son finement bossé pour ne donner à l'auditeur que le meilleur. Tout ça étant bien sûr occasionnel, ce qui permet d'être surpris à chaque instant. Si on devait trouver un défaut à ce disque éponyme, c'est peut-être qu'il est un poil moins tubesque que les deux suivants mais putain, ça reste de l'art avec un grand « A ».
On ne va pas refaire la conclusion habituelle qui est sensée clôturer la chronique parce qu'elle paraphraserait celle des deux autres albums déjà décrits ici par mes soins. Les vrais se reconnaîtront et si vous voulez les reconnaître ils aiment les cactus desséchés par le soleil, la viande nourrissante, les mains endurcies par le travail et la sueur et l'aspect convivial d'un groupe de vieux potes. Et oui, j'oubliais, ils aiment Queens Of The Stone Age.
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