Pombagira a trouvé la paix.
Ho, il l’a déjà côtoyé de près lors de
Baron Citadel et ses longues plages pesantes possédant la sérénité du mort, seulement le duo n’a jamais paru aussi paisible qu’ici. Après un
Iconoclast Dream proche du protocolaire,
Maleficia Lamiah s'assimile à une véritable renaissance, le couple Hamilton-Giles ayant troqué son doom d’amplifier worship pour une rétro-évolution où les accalmies psychédéliques typées sixties/seventies tiennent désormais une place majeure. Le cinquième album des Anglais emmène de plain-pied vers cette douceur nouvelle par un titre-éponyme à l’entame drone/doom évoquant le même bien-être parcourant le shoegaze avant de laisser pénétrer des progressions qui, plutôt que de donner envie d’aller vérifier quel titre de Pink Floyd est honoré, rappellent à la mémoire les passages de Caravan ayant les mieux vieillis ainsi que la tranquillité de Love par un feeling jamais démonstratif, toujours à l’aise dans sa nudité. Cette absence d’habits pourra sembler obscène au départ (notamment dans ce chant clair à la limite du criard idiot de Jus Oborn), elle est en réalité pleine de gaucheries séduisantes et d’amour taille ecstasy relevant d’un autre type d’envoutement que celui habituellement présent dans le doom, un envoutement rituel comme la sieste lors des après-midis d’été, menaçant comme les sourires précédant les rires. Non pas du dangereux, corrosif ou plombant mais du miel usant à sa manière – et sans nostalgie inappropriée pour une musique aussi hédoniste – des outils d’autrefois, Pombagira gardant son goût pour les accordages bas jusque dans ses rappels au rock d’il y a quarante ans.
Par ses retournements de situations où un tempo posé peut succéder à une partie énergique sans prévenir,
Maleficia Lamiah donne l’impression d’assister à un jam aux improvisations retombant magiquement sur leurs pattes, quelques lignes de forces faisant leur entrée en début, pont ou fin de piste (des repères souvent menés par une montée des guitares vers un stoner grésillant ainsi que l’arrivée de la voix de Pete Hamilton-Giles). Pourtant, ce n’est pas tant dans le décorticage de ses mouvements que ce disque s’apprécie qu'un laisser-aller où la production transforme les structures éclatées en eau filante s’abordant sans besoin de chercher à assimiler, trop occupé que l’on est à flâner auprès d’elle.
L’album entier n’est cependant pas toujours à la hauteur de la vision paradisiaque que donne son morceau-titre car si « Grave Cardinal » joue de cordes similaires, celles-ci n’ont pas le magnétisme rencontré peu de temps auparavant. Bien que
Maleficia Lamiah n’ennuie jamais lors des deux morceaux constituant son corps, il va decrescendo en qualité jusqu’à atteindre l’inutile dans une édition vinyle comportant deux compositions supplémentaires ainsi qu’une reprise de The Longboatmen. En effet, « Gift To Transgress » perpétue la recette des deux premières pistes sans pour autant les atteindre (malgré un retour plus prononcé au son épais des essais précédents montrant que le groupe n’a pas perdu ses anciens atouts avec sa mue), tandis que « Black Sun White Light » et « Take Her Anytime » relèvent de l’anecdotique, la première ne décollant jamais, la seconde s’assimilant à une expérimentation étrange voire horripilante à cause d’un chant trafiqué rapidement crispant. Si trouver un défaut majeur à l’édition CD est difficile, la version vinyle de l’objet pêche par un binôme final tenant plus du malus que son contraire.
Il est clair que Pombagira décevra d’anciens adeptes avec ce nouveau virage loin de l’intensité de surface de ses longue-durées d’autrefois. Pour ma part, je parlerais de révélation plutôt que révolution,
Maleficia Lamiah n’ayant que le désir de faire avancer à visage démasqué ce doux ensorcellement se nichant derrière le mur sonore de
Baron Citadel. Un album qui n’est ni un chef d’œuvre ni une innovation visant à retourner le monde de la musique mais tient de ces « petits » disques qui, à force de simplicité et respect envers les Anciens, arrivent à attraper ce charme pas si commun faisant qu’on s’y attache.
Maleficia Lamiah est une œuvre animée où les sens deviennent engourdis, zombifiés, et finalement, la première des Anglais à entièrement mériter cette imagerie vaudou qu’ils aiment tant.
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