2011, année anglaise ? La perfide Albion a frappé fort ces derniers mois avec les sorties de Ramesses, The Wounded Kings, Pantheist et Pombagira et ce n’est pas prêt de s’arrêter puisque va débouler dans peu de temps le dernier Esoteric ! Avec des musiciens dont la lenteur des compositions est inverse à la frénésie de leur production (quelques mois d’écart entre ce
Iconoclast Dream et son prédécesseur par exemple), tout est fait pour que la traversée de la Manche en Eurostar soit remplacée par un trajet direct vers l’île via nos enceintes. Pourtant, si certains n’ont pas déçu, le cas Pombagira laisse croire que prendre son temps devrait être une option à envisager.
Succédant à un
Baron Citadel qui a permis au duo Hamilton-Giles de gagner en visibilité (toute relative),
Iconoclast Dream continue d’exploiter ce doom d’amplifier worship teinté d’occultisme vaudou, cette fois parfaitement illustré par une pochette où le Baron Samedi règne sur une horde de zombie. Ce type d’exercice est souvent l’occasion d’explorer, d’expérimenter et c’est ce que les Anglais font… un peu. Trop peu pourrait-on dire, car cet unique morceau d’un peu plus quarante minutes a des airs de prolongation en comparaison à leur œuvre de 2010 bien plus généreuse en durée. Pombagira joue toujours une musique hypnotique reposant énormément sur le bruit des amplis et si ces derniers sont savamment utilisés (pas le son le plus lourd mais clairement l’un des plus enveloppant que j’ai pu entendre, comblant sans soucis l’absence de basse dont ils ont fait leur ligne de conduite), le riff de base ressemble trop à une variation d’un de ceux présents sur « Causeway Charred » (premier titre de
Baron Citadel) pour vraiment emporter l’adhésion. C’est que jouer son va-tout en répétant inlassablement les mêmes notes est risqué : la première partie de l’album possède ce groove primaire et anesthésiant, marque de fabrique de la formation, mais l’impression de déjà-vu laisse penser que celui-ci tourne deux ou trois fois de trop. Heureusement, l’élévation de tempo vers les vingt minutes ainsi que le jeu de batterie de Carolyn Hamilton-Giles (me rappelant celui de Joey Osbourne d’Acid King) relancent l’intérêt.
Les possesseurs de l’édition vinyle auront tort de râler en constatant qu’
Iconoclast Dream est coupé en son milieu. En plus de posséder un bel objet (à la pochette déjà mentionnée s’ajoute un intérieur fleurant bon le rite vaudou et un vinyle restituant fidèlement la prestation), ils pourront passer directement à une face B poussant l’essai vers le haut grâce à un passage atmosphérique à mi-chemin entre le progressif et le post-rock. La voici la plus-value attendue, cette décision de ne plus se cacher derrière les effets laissant respirer un sens de la mélodie simple où l’on verrait presque pousser des fleurs sur les cadavres ambulants malgré la montée des grillons estampillés Sunn annonçant le retour au ronronnant.
Niveau prise de risque, c’est peu, mais qu’on n’oublie pas l’essentiel : Pombagira est là pour apporter le plaisir du traînassant au volume poussé à son maximum et en cela le couple n’a plus rien à démontrer, le cerveau se posant tranquillement à côté de soi lors de l’écoute d’
Iconoclast Dream (et ce n’est pas la conclusion utilisant un sample d’un discours du poète Adrian Mitchell contre la guerre du Vietnam qui va nous forcer à réfléchir, vu ce qu’on s’enquille avant !). Cependant,
Baron Citadel avait placé la barre tellement haute que cet album est à conseiller exclusivement aux amateurs fanatiques souhaitant jouer au walking dead plus longtemps. Les autres feraient bien de poser une oreille sur le disque le précédant.
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