Ceux qui en doutaient peuvent dormir ce soir sur leurs deux oreilles : le doom reste la plus belle des musiques. Pombagira l'avait déjà prouvé avec
Maleficia Lamiah, essai de 2013 marquant un tournant pour le duo Hamilton-Giles. Quittant le doom d'amplifier worship magnifié sur
Baron Citadel pour un rendu fortement influencé par le rock psychédélique, cet album préfigurait, parfois maladroitement, souvent avec réussite, une direction nouvelle pour les Anglais, délicate, apaisée mais dont le spleen sous-jacent laissait penser qu'elle n'était qu'une autre manière d'exprimer le goût pour la nécromancie habitant le couple.
Une passion qui s'exprime désormais entièrement, avec une générosité qui laisse pantois. Deux disques pour plus de quatre-vingt minutes surfant au-dessus des catégories, autant dire que l'écoute de
Flesh Throne Press demande une place libre dans son agenda de ministre pour se dévoiler pleinement. Et, sans y aller de métaphores pauvres sur la chrysalide et les papillons dans le ventre, le temps qu'il demande pour se révéler est payant : Pombagira est ici à son plus enveloppant et habité, dessinant sereinement ses riffs d'aristocrate de l’ésotérisme avec une maîtrise impressionnante. Sur les treize compositions que contient ce sixième longue-durée, rien est à jeter, Carolyn et Pete Hamilton-Giles ne cessant de donner à leur base minimaliste des détours qui, par magie (on peut bien y croire ici, tant tout y est enchanteur), varient ce qu'il faut le propos : là, les touches shoegaze de « Endless » finissant d'envoyer dans un monde de rêves celui les écoutant, ici, le doom macabre et accrocheur comme un bon Electric Wizard qu'est « I Curse I Pray », partout, l'entêtement, les effluves se passant bien d'allumer soi-même un bâtonnet d'encens dans son appartement tant, sans paraître y toucher, les enceintes encerclent avec bienveillance nos oreilles pour nous mettre dans un état zombifié, heureux, cajolé, possédé.
Décidément, une œuvre où l'équilibre prend une place aussi importante que le reste. Si le premier disque présente majoritairement un mélange entre doom et rock psychédélique, tous deux utilisés dans leur forme canonique mais avec une patte que Pombagira ne doit qu'à lui-même, la deuxième partie de
Flesh Throne Press change ce qu'il faut la recette des Anglais pour voler haut dans un final enfilant les moments d'une sincérité bluffante, écorchée et douce dans le même temps : impossible de ne pas parler de « Cold Descent » dans cette chronique, morceau aérien prenant des airs d'Ennio Morricone en sa conclusion, où Pete Hamilton-Giles hulule et fait galoper sa guitare, transforme ses obsessions mystiques en épopée, pour asseoir définitivement l'idée que, tout en étant différents, les créateurs de
Iconoclast Dream sont ici parvenus à atteindre la même beauté étreignant le cœur que les meilleurs moments de Revelation. Et c'est un compliment que je pèse.
Mais inutile de faire ici dans le sensationnalisme : les sentiments que convie
Flesh Throne Press sont bien connus de tous. Ils sont là, au fond de nous, ne demandant qu'à sortir et nous caresser de leur plénitude un peu désolée, dont l'amertume ne se développe qu'après l'arrêt de la musique.
Watching From A Distance (Warning),
The Wretch (The Gates Of Slumber),
For The Sake Of No One (Revelation) et tant d'autres que le doom nous a déjà apportés... Ils répondent tous présents, faisant une accolade fraternelle à Pombagira dans leur paradis privé où l'on peut s'estimer heureux de passer quelques instants. Si on pourra trouver rebutante l'ampleur avec laquelle le duo se déploie ici, faisant de ces quatre-vingt-six minutes une expérience où baigner plutôt qu'une liste de mélodies, l’événement qu'est à chaque fois son écoute profite de sa rareté. C'est qu'il nous reste une vie à vivre, n'est-ce pas ? Quant à son après... Espérons qu'il soit comme Pombagira l'imagine.
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