Electric Wizard n’en finit plus de mourir. Alors qu’il sort désormais des titres de loin en loin, comme des morceaux exhumés de vieilles bandes retrouvées à la cave, des lives qui ont des airs de bootlegs,
Captation du voisin de palier vol.4, revenons sur son dernier album qui, déjà, était une commémoration du sorcier du temps où il était vivant par son plus fidèle admirateur : lui-même.
La photo de famille posée au bord du cercueil – avec ce coup-ci, Clayton Burgess de Satan’s Satyr et Simon Poole en enfants adoptés de Jus et Liz (ça commence à faire beaucoup de remplacements, que fait l’ASE ?) –, les chaises remplies des suiveurs de la formation et des quelques freaks de Dorset ayant connu le projet à ses débuts, le discours commence par une pensée pour ses détracteurs à qui il donne rendez-vous en enfer. C’est que l’on a prédit très tôt la mort du sorcier, au point de la souhaiter lors de
Time to Die alors que lui a toujours crié fort son désir d’exister et d’envoyer valser tout ce qui relève du bon, du bel et du bien, dès le départ – cf. les récits des premiers concerts de Lord of Putrefaction et même de la période avec Mark Greening et Tim Bagshaw, le vomi sonore de l’époque s’étant fait plus d’une fois arrêter et bannir de certaines villes – et encore ici, s’acclamant et levant le majeur à ses critiques.
Vous faites une tête d’enterrement à l’écoute de ce disque ? Le wizard exulte, dit qu’on n’y est pas encore, qu’il est foutrement là, prêt à donner sa vie pour mourir comme Rupert Everett dans le film
Dellamorte Delamore de Michele Soavi. La vie justement, première cause de décès, transpire des titres « Necromania » et « Hear the Sirens Scream », meilleures réponses aux pronostics qui s’imaginent diagnostiques. Jus n’est pas près de caner, claudique certes au rythme d’un tempo mollasson, régresse certes jusqu’à devenir un cliché d’horreur parmi ceux qui l’ont tant marqué sur VHS – autrefois danger, aujourd’hui patrimoine – mais préfère être injurié que canonisé.
Qu’on n’aille pas non plus lui jeter des fleurs, ni le sanctifier comme un martyr :
Wizard Bloody Wizard n’est pas un excellent album puisqu’il est un album d’Electric Wizard post-
We Live, c’est-à-dire auto-référencé, auto-satisfait, religieux envers lui-même. Comme
Time to Die et
Black Masses (
Witchcult Today en guise d’album transitoire, les films dans sa tête qui finissent par devenir sa réalité), il est un disque de méta-Electric Wizard, les riffs en rappelant quinze autres de
Dopethrone et
Come My Fanatics…. en version rabougrie, la voix se rapprochant de plus en plus de la répétition sénile, tel un vieux camé cramé approchant la cinquantaine, ce qui était alors le cas lors de la parution de ces quarante-trois minutes. J’ai pourtant plaisir à l’écouter tout en reconnaissant qu’il n’est pas à la hauteur de la légende ; il est une légende qui se raconte elle-même, plus nostalgique de son adolescence à Dorset – comme cela transpire du livre
Come My Fanatics: A Journey Into the World of Electric Wizard de Dan Franklin où Jus se balade dans les rues de Wimborne en racontant des anecdotes de cimetières, magasins vandalisés, drogues prises à tel ou tel endroit – que véritablement menaçante. Après tout, il a déjà dit qu’il nous détestait tous, l’a même crié plus fort que n’importe qui ; il maugrée désormais, exilé chez lui et dans sa tête, le son embrouillé de souvenirs vintage davantage que calciné.
Quelque part, Electric Wizard est déjà mort. Une mort cérébrale, marquée plus que jamais par ce disque qui s’offre une sépulture comme nul autre ne sait le faire.
Wizard Bloody Wizard est plus encore que
Time to Die une conjuration des imbéciles, ceux continuant d’attendre un nouveau chef d’œuvre d’un groupe qui n’en a plus l’intention ni la capacité, ceux continuant de rejoindre Jus et Liz dans leurs enregistrements avant de se faire remercier aussi sec – franchement Clayton, on sait que tu es fan mais respecte-toi –, Electric Wizard lui-même enfin, imbécile heureux en plein onanisme.
La note, elle, n’est là que par honnêteté intellectuelle (ce dont j’étais incapable à l’époque de
Time to Die). Le cœur, lui, n’est pas près de finir de vibrer au rythme de celui-là, même au bord de l’arrêt. Cela ne fait, après tout, qu’un imbécile de plus.
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