Electric Wizard est un ponte. Si Electric Wizard était dans GTA Vice City, il serait Ricardo Diaz. Et s'il était dans GTA San Andreas, il serait Big Smoke. Il accompagne nombre de soirées entre amateurs de Metal quand l'heure se fait plus proche de l'aube que de l'apogée nocturne. Non, en fait, il accompagne de nombreuses soirées tout court. Quoiqu'il en soit, le Stoner/Doom des anglais est une synthèse de ce qu'on pourrait appeler « la musique qui passe bien ». Et pour l'avoir vécu, je peux vous dire que le groupe en a assez sous le panard pour faire vibrer la camionnette de livraison que je conduisais au travail l'été dernier, tout ça sous les yeux ébahis de mes collègues. Si
« Dopethrone » est très représentatif de l’œuvre de la bande à Jus Osborn, il ne faudrait néanmoins pas oublier de passer poser une oreille sur l'opus précédent : « Come my fanatics ». Et que viennent les fanatiques donc, ceux dont le médaillon touche à leur pénis, comme des Fuckdown.
Maintenant que le quota de références est placé, balançons la sauce de Wimborne Minster. Certes, le Electric Wizard qui a explosé aux yeux du public seulement quelques temps plus tard et déjà très proche. Les principaux aspects du groupe sont bel et bien présents, autant dans les thématiques (drogue, films d'horreur et culte des sorcières...) que dans ce fameux son vintage-moderne, patte reconnaissable entre milles. « Come my fanatics... » apporte déjà un son, un style de composition et une ambiance que l'on retrouvera dès lors dans chacun des albums suivants. Et même si la basse ne vrombit pas encore à en faire décoller le papier-peint, elle se fait tout de même déjà remarquer de part sa distorsion si unique.
Au programme donc, ces riffs complètement autistes très caractéristiques qui noieront vos tympans tout le long des cinquante minutes à venir. Abusivement simplistes comme à l'accoutumé, on imagine cependant très bien l'enthousiasme qu'ils ont suscité lorsque leurs auteurs les ont pondus, complètement à l'ouest vers quatre heure trente du matin. Aimer Electric Wizard, c'est d'abord aimer se projeter dans une ambiance. Et c'est précisément ce que ces quelques notes toujours trimbalées entre fébrilité bancale et puissance font à merveille : créer un film souvent mal cadré entre horreur presque ridicule et déformations mentales. Même si tonton Jus est guitariste, on ne peut s'empêcher de penser à l'écoute d'un « Doom-mantia » qu'il écrit ses titres comme autant d'hymnes à la « grosse guitare qui a quatre cordes » selon les dires de ma grand-mère. Tout semble difficilement calé sur une basse elle même un peu bancale et enregistrée à la cave (alors que le groupe lui, joue dans le salon...).
Et si
« Dopethrone » pue la rage adulescente, « Come, my fanatics... » s'oriente plus vers quelque chose d'effrayant et d'oppressant. Là où on a toujours pu se sentir apaisé à l'écoute d'un disque des anglais, ce second opus profite de sa production un poil plus timide pour la détourner en théâtre de frayeurs. Un premier morceau en forme de trip de retour qui pose directement les bases d'une ambiance qui se voudra confinée, gluante et parsemée de ritournelles pour le moins angoissantes. Si j'exagère sûrement un peu sur l'ambiance (le disque ne fait sursauter personne, soyons clairs...), c'est parce que c'est pour moi le point clé qui définit cette production. « Ivixor B/Phase Inducer » par exemple, illustre ce côté badant, avec ce sample de voix tournant et boucle et entraînant facilement le décrochage avec la réalité. Quand à la suite de la chanson plus bruitiste, on approuvera clairement son titre, puisque « Phase Inducer » fait salement... phaser.
Le cannabis provoque isolement, dépendance, euphorie, méta-cognition et introspection, Electric Wizard aussi. Quelle meilleure preuve de sa qualité pourrait-on trouver si ce n'est de provoquer les symptômes de ce que l'on cherche à imiter musicalement ? En cela, on pourrait – je pense - trouver une explication convenable au fait que les anglais soient toujours assis 20 ans après leur formation sur le trône européen du Stoner-Doom. Toujours est-il qu'en laissant de côté cet aspect carriériste, on ne peut qu'apprécier la précision avec laquelle cette ambiance enfumée et pourrie par cette perception au combien troublée est décrite. « Come my fanatics » s'écoute sans faim, sauf peut-être celle qui vous tiraille après que vous ayez senti cette bouche pâteuse et cette sécheresse sur votre langue. Coulant comme un camembert made-in-Normandie de chez Stone(d) & Charden, la disque se révélera être un précieux compagnon pour profiter de la nuit sur un banc lorsque l'air est encore chaud. Comme ça, juste pour ne pas rentrer. L'avantage se trouve aussi dans le fait que cet opus me paraît plus accessible que d'autres et propose une accroche plus facile malgré le fait qu'il ne s'en trouve pas non plus dénué d'un fort potentiel de ré-écoute.
C'est bien simple, à son écoute, on ne peut que se sentir enseveli par le côté main-de-fer-dans-un-gant-de-velours de cette musicalité. On nous verse sur la tête, quelque de chose d'assez dégoûtant mais pourtant relativement confortable et doux. Et si c'était ce qu'on appelle communément la purée ? « Wizard In Black » ronronnera ainsi doucement tout en nous arrosant de ses voix graves et déformées. Comme trois ados, aimant les ambiances des films qu'ils ont adorés, fumer dans leur chambre, voir des filles nues et faire de la musique, Tim Bagshaw, Mark Greening et Jus Osborn donnent libre court à leurs envies décidément remplies de tourbillons et de spirales sans fin. Les trois ados les plus gras du monde, sans aucun doute.
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