Eibon / Hangman's Chair - Split-CD

Un split. Chez Bones Brigade. 2 raisons pour se planter en essayant de deviner le style de la galette. Ici, point de gargarisme gore-grind gerbeux et gras et encore moins de gros grindcore grinçant mais une musique beaucoup plus noire, avec une pochette noire, des logos noirs et un cd... blanc (ah! je vous ai bien eu). Une fois n'est pas coutume, c'est un split regroupant deux formations bien de chez nous officiant dans un style stoner-doom. A la trappe le pitch et le blast, place à de la guitare génitalement pourvue et à un groove enfumé.

C'est donc Eibon qui ouvre les hostilités, de fort belle manière d'ailleurs avec un titre bien groovy porté par un voix, enfin plutôt par une personne qui dégueule ses paroles (j'ai d'ailleurs l'impression d'entendre « démarre mon sonothone » au lieu de « Venom of Solar Dust »). Blague à part, le titre me fait penser à la période sabbathienne de Cathedral avec de bons breaks et des riffs crasseux. Le tempo est varié, tantôt déchaîné, tantôt écrasant relayé par une basse bien audible. Le « faux-calme » central est maladif avec un sample d'un serial-killer psychotique ainsi qu'une petite touche lovecraftienne avec un sample repris de la fin du titre « Weird Tales » des sorciers occultes de The Electric Wizard.

Le deuxième titre est nettement plus morbide et funèbre que le premier, nettement plus dooooooooooooom, avec un démarrage très cadencé. Du riff massif et une ambiance mortuaire très réussie pour un titre s'étalant pendant 10 minutes. L'atmosphère est aussi noire qu'une meute de corbeau et chaque coup de toms est écrasant. Et ne parlons même pas de la fin, ou le mot marécageux prend tout son sens. Les compos sont portés par une très bonne production ce qui permet de monter le volume histoire de se faire trembler les boyaux. Bien que la musique d'Eibon ne soit pas des plus originale, l'efficacité est au rendez-vous de même que l'intensité. A suivre de très près.

Moitié-moitié donc pour ce split, puisque c'est au tour d'Hangman's Chair de nous envoyer 2 titres dans la figure. Plus stoner et moins doom dans sa démarche, Hangman's Chair distille un groove ronflant et maladif. Les influences sont multiples : on pense souvent à Phil Anselmo ou encore Lee Dorrian pour les intonations dans le chant, aux orchestres de bayous poisseux comme Down ou à un Lynyrd Skynyrd en pleine dépression. La formation a un côté rock'n'roll mélangé à une lourdeur pachydermique ce qui rend les morceaux très rythmés et ambiancés style « c'est tellement moite que j'en transpire des lobes d'oreille». Les quelques larsens utilisés fleurent le bad bad-trip et la fin du titre nous balance un solo terrible. On en taperait du pied tellement c'est bon!

Quant au deuxième titre, c'est mon favori. L'influence Cathedral est bien présente avec un riff absolument dantesque. C'est majoritairement du lourd de chez lourd, mais ça n'empêche pas de passer temps à autres d'une ambiance puissante et graisseuse à quelque chose de beaucoup plus sinistre. Mais qu'importe, on dirait presque que c'est rassurant de s'embourber comme ça (la fin du titre avec « Everyone goes to hell, including me »). C'est la dèche, mais c'est pas grave parce que je vais me cuiter jusqu'à plus rien sentir. Rouille, poisse et substances illicites. Hangman's Chair c'est ça.

Une sortie peu orthodoxe pour un label de ce calibre, une confrontation virile entre deux formations dopées au Jack Daniels. Le résultat est celui de la pochette : devastateur. On regrettera la courte durée du split mais la qualité est là. De même pour le talent, ça fait vraiment plaisir de voir deux groupes français balancer du gros son de cette manière. Alors faites-moi plaisir et jettez-y une oreille. Ou reprenez une rasade de bourbon, l'effet sera le même.

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