Décidément, Hangman’s Chair n’est pas un groupe comme les autres. Jugez par vous-mêmes : après l’essentiel
Banlieue Triste, les Parisiens reviennent avec un EP qui a tout, sur le papier, de dispensable, hormis pour les fans de la formation. A qui d’autres peut se destiner ce genre de disque, contenant un morceau sentant le recalage ainsi que trois versions alternatives / remixées ? Franchement, il y a au premier abord de quoi éviter poliment ce
Bus de Nuit et préférer rentrer à pied, le dernier longue-durée des Français dans les oreilles.
Sauf que Hangman’s Chair n’est pas un groupe comme les autres. Et
Bus de Nuit en est la preuve. Car on est loin de l’apéritif qu’il paraît être, et plus dans le retournement du cœur devenu chaussette. Difficile d’y croire au départ, « Lost Brothel » étant tellement classique... à l’échelle de ce que joue le projet – donc charmeuse, vénéneuse, emmenant avec elle dans les bas-fonds, leur sordide et leur part de romantisme, moustache tombante et moral encore plus bas. Délicieuse, en un mot, mais classique, comme un rappel parfaitement exécuté mais qu’on peine à apprécier la trentaine bien passée, des images de son douillet chez soi parasitant le plaisir.
Seulement, voilà que les Parisiens se décident à accompagner notre chemin au domicile, lors du vaporeux « Sleeping on the Ground » prenant pour base l’instrumentale « Tara » de
Banlieue Triste, qu’il alourdit. Une version à la fragilité inscrite dans le brouillard eighties, le chanteur Cédric Toufouti s’essayant à faire son plus beau Depeche Mode en blouson noir, les yeux pesants, la bouche pâteuse, les immeubles fantomatiques et les rues barbares. Un retour chez soi qui ressemble à une descente, que le remix de « Negative Male Child » poursuit, le nuançant de quelques lumières de boulevard, tendance The Cure des années grises prenant le dernier transport dans une ville de préfecture, direction les cités-dortoirs attenantes. Jusqu’à un « Minuit » sonnant le glas, l’esprit encore plus diffracté par l’alcool, les substances glissant dans le corps comme dans un tombeau. Sûr qu’on ne passera pas l’heure, ce Type O Negative fatal s’assurant bien de cela...
Pas d’échappatoire, de clou final, juste une conclusion embrouillée, pataude, avançant mécaniquement vers un silence de plomb, comme quand le sommeil se fait couperet suite à saturation de sensations. On n’entend même plus les alarmes vrombissant à nos fenêtres, trop épuisés pour les drames que nous sommes.
Bus de Nuit est bien l’après-
Banlieue Triste, où Hangman’s Chair n’a plus la force de dépasser ce souffle au cœur qui l’abîme, nous emmenant avec lui vers la destination finale de sa journée. Certainement, sa courte-durée, ses détricotages, ce qu’il laisse en suspension là où on voudrait continuer à rêver hébété en sa compagnie, font bien de lui une postface qui ne sera compulsée que par ses amateurs avides. Mais ceux-ci auraient bien tort de s’en priver. Bonne nuit.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène