Hangman's Chair - (A Lament For...) The Addicts
Chronique
Hangman's Chair (A Lament For...) The Addicts
Imaginez un pauvre bar miteux, dont les clients sont des poivrots ultimes mélés de gueules cassées et aussi avenantes que des portes de prisons. Imaginez que la fille la plus potable de cet infâme troquet ressemble comme 2 gouttes d'eau à Marla du film « Fight Club ». Imaginez une ambiance humide, brumeuse et poissarde, aussi lumineuse que l'intérieur du cul d'un taureau une nuit sans lune. Imaginez que l'absinthe ne coule pas à flot dans ce bar car les pochards du coin ne la considère pas suffisament addictive. Imaginez l'orchestre qui oserait deverser ses notes maladives et graisseuses au milieu de cette assemblée. Cette orchestre digne du plus moite des bayous, ce serait Hangman's Chair. A coup de groove mélancolique, à coup de mélodies empreintes d'une mauvaise cuite, Hangman's Chair collerait parfaitement au tableau. Et le pire, c'est qu'on redemanderait de cette ambiance là.
Difficile de se lasser en écoutant cet album puisque les ambiances sont diverses, le feeling est bien présent et la maîtrise remarquable. Pas mal d'influences et de brassage de genres : du southern rock à la Lynyrd Skynyrd, du rock'n'roll gras, du stoner enfumé façon Cathedral et du gros doom ronflant. Il en est de même pour les ambiances puisqu'Hangman's Chair est peut-être complétement pété au bourbon, mais ça ne l'empêche pas de ne pas sonner creux. C'est même carrément le contraire car le gros son est au rendez-vous avec des guitares lourdes et huileuses, une basse de bucheron et une section rythmique avec des toms taillés au tranchant de la main dans un tronc d'arbre. Avec une artillerie pareille, Hangman's Chair balance un groove intense et implaccable, de quoi faire bouger le plus entamé des piliers de bars sans pour autant lui enlever sa bouteille.
Et non content d'avoir une atmosphère éthyllique redoutable, les ambiances s'enchaînent avec justesse. On vogue sans problèmes de passages pachydermiques à mettre votre cerveau en compote à des choses plus enragées et nerveuses tel un Yob sous amphétamine ou encore vers une tristesse déchirante et maladive à vouloir s'en laisser crever de suite. L'utilisation d'interludes contribue à créer ces différents états d'esprit puisque le premier morceau à la guitare sèche est somptueux, presque rassurant. Quant au second, il nous plonge dans un bad-trip vraiment infâme à coup de basse grinçante. Et que dire de « The Snow is Back in Town », si ce n'est que j'en voudrais qu'il neige chez moi.
Le registre vocal de Keo est varié, tantôt posé, tantôt empreint de bourbon-bière à la manière d'un Phil Anselmo ce qui contribue à rendre chaque compos vraiment unique. La lourdeur ne quitte jamais l'album, les changements de rythme monstrueux font trembler les boyaux et le riffing écrasant parfois doomesque en rajoute une bonne couche. Ajoutez à cela un côté stoner « yeah ! yeah ! » grâce à des solos très inspirés (mention spéciale à celui de « I Am Proud To Destroy Myself ») et surtout une efficacité démentielle. Chaque titre produit sa déflagration ou sa décharge d'éthanol dans les narines. L'effet est immédiat, l'addiction instantanée.
Avec une galette de ce calibre, Paris n'a pas à rougir à côté de la Nouvelle-Orleans car Hangman's Chair signe un album authentique, bourré de groove et de personnalité. Les titres sont très représentatif de la teneur de l'album, triste mais imbibé et surtout fier de descendre une bouteille pour s'auto-détruire. Du lourd donc, à écouter très très fort pour le plaisir de sombrer. Say yes to fucking Hangman!
| Scum 2 Novembre 2007 - 2246 lectures |
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