Après avoir défendu les derniers albums du sorcier et pris mon pied sur un live tardif capitalisant grandement sur une gloire passée, vais-je perdre encore en crédibilité et dire que le premier album d’Electric Wizard, communément délaissé par tous, mérite plus que ce qu’on lui accorde ?
Banco. J’ai bien conscience de faire cavalier seul concernant ce premier longue-durée, détesté par Jus Oborn lui-même. Les raisons qu’il invoque sont d’ailleurs légitimes : la production de Paul Johnson est effectivement trop sèche et commune par rapport à ce que le groupe visait déjà à l’époque ; l’artwork de Dave Patchett rattache les Sorciers en suiveurs de Cathedral alors que l’ambition était tout autre dès le départ.
Je comprends tout cela et même le ressens moi-même, Electric Wizard commençant après cet album avec le fondateur
Come my Fanatics….. Ce premier jet est bien une œuvre de jeunesse – jusqu’aux références moins élaborées que par la suite et taquinant l’humour typiquement anglais de la bande à Lee Dorrian avec un sample issu d’une lecture de
Bilbo le Hobbit sur la BBC – avec ce que cela sous-entend de manque de maturité, d’attachement aux racines, d’envie trop grande par rapport à des moyens trop petits.
Ce qui, chez moi du moins, est aussi la recette d’un bon album de doom metal. Electric Wizard transpire d’un respect pour les anciens pas-si-anciens – après tout, Cathedral venait à peine de sortir
The Ethereal Mirror à l’époque – qui montre que la leçon a été apprise au-delà du nécessaire, captant l’essence même de ceux qui ont joué lent et long avant lui. J’irai même jusqu’à dire que les amateurs des derniers albums, bien plus traditionnels et moins extrêmes, devraient retourner vers ce disque, réécouter les riffs écroulés, nus et évidents le parcourant, s’ébahir de cette copie carbone au minimum aussi bonne que l’original que « Behemoth » est de ce que pouvait composer Cathedral, constater avec délice les ponts avec le Pentagram des débuts (le feeling rock de « Devils Bride » ou le morceau-titre et l’étrange paix du damné qui le parcourt en fin). Une pierre de rosette de l’ADN du sorcier : voilà ce que sont ces quarante-sept minutes.
Au-delà de l’exercice de décodage, Electric Wizard possède déjà des qualités propres à commencer par Mark Greening, possédant déjà un jeu reconnaissable entre mille, matraquant ses fûts comme « s’il tuait quelqu’un » (pour reprendre ses propres mots pour décrire son style). Il cogne à chaque instant, gratifiant déjà l’ensemble de ses roulements caractéristiques, entièrement faits avec feeling plutôt qu’un sens de la composition. Et c’est bien ce qui définit l’ensemble de l’œuvre, pleine d’âme malgré (grâce à ?) des défauts évidents et une identité juvénile qui fait deviner les posters présents dans la chambre du trio de Dorset.
Verre à moitié vide, Electric Wizard tâtonne ici ce qui sera fait avec bien plus de personnalité par la suite, que ce soit les plages instrumentales psychédéliques (« Mountains of Mars »), les moments de lourdeur visant la destruction de l’esprit ou la voix, encore masquée par l’ombre de Lee Dorrian. Verre à moitié plein, il y a de quoi boire jusqu’à plus soif pour le fanatique de doom metal, d’un son qui grésille et écrase sans fioritures – et beaucoup de plaisir, notamment à l’écoute des lignes de basse de Tim Bagshaw parfaitement retranscrites – à des morceaux qui possèdent la classe dans la défaite (magique « Black Butterfly ») qui marque la part sensible du doom écroulé et altier à la fois (le sol, cet autre ciel). Personnellement, voilà qui me donne envie de trinquer avec ces jeunes Anglais !
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