Pardonnez-moi Jus Oborn car j'ai pêché.
J'ai douté. Avec l'arrivée de Ramesses et The Wounded Kings, j'ai cru qu'Electric Wizard allait se faire détrôner chez lui, autant sur le plan musical que géographique (tous provenant du Sud de l'Angleterre), impression renforcée par les premières écoutes de
Black Masses. Mes oreilles trahies par la production signée une nouvelle fois ToeRag et le côté fortement rétro de ce nouvel album, le sentiment d'écouter un
Witchcult Today 2.0 me laissait croire que le sorcier n'avait plus rien à prouver, mais aussi à dévoiler. Pourtant…
Pourtant, les anglais se renouvellent tout en étant au plus près de ce qui les anime. Après lui avoir longtemps tourné autour avec la finesse d'un cachalot, ils se décident enfin à prendre Satan par les cornes. Et quelle cavalcade ! Comme si Black Sabbath, après une indigestion de drogues, était pris d'une crise de panique et appelait Lucifer à l'aide ! « Black Masses » étonne d'entrée de jeu avec ses lignes poppy, à l'image du morceau « Dunwich » sur
Witchcult Today, et des vocaux acculant l'auditeur. Jus a fait d'énormes progrès, son chant n'ayant jamais semblé si habité, varié, gorgé d'effets qu'ici. Ecoutez-moi ce « Hear Me Lucifer » lancé en bout de course, la voix maléfique de « Venus In Furs », l'appel à l'oubli de « Turn Off Your Mind », il cherche à être le Arioch du stoner/doom ou quoi ? Les autres instruments appuient ses incantations avec un tempo élevé, même enlevé tant les morceaux sont accrocheurs, deux ou trois riffs s'agglutinant les uns aux autres avec une guitare fuzzant des soli psychédéliques (on peut d'ailleurs se demander si le terme « doom » est encore approprié…). Liz et Jus sont les stars, Tas et Shaun leur écrin, la production analogique, encore plus dégueulasse que sur
Witchcult Today, les reléguant en arrière position. Les toms sont enveloppés de brouillard, les cymbales sonnent comme des chaînes et la basse est étouffée au point de faire corps avec les grésillements parcourant un morceau comme « Satyr IX ».
La paume empoigne avec vigueur donc, mais rassurez-vous, les doigts sont toujours gras ! La lourdeur occulte qui a fait le succès du groupe est présente mais se retrouve au second plan. Tant mieux quelque part, ces quelques moments rappelant un peu trop d'anciens (« Satyr IX » et son plan tout droit sorti de
Dopethrone) bien que le début Cthulhu-esque en diable de « Night Child » montre que le sorcier possède encore la capacité de nous bloquer la mâchoire en position basse. Le principal est à chercher dans cette ambiance prenant à la gorge dès le départ, une transe enfumée non seulement par la weed mais aussi les naseaux de qui-vous-savez, synonyme d'abandon.
Black Masses se veut catchy, il en devient étrangement atmosphérique, non pas comme un The Wounded Kings mais par des enchevêtrements de leads et de riffs tourbillonnants, des paroles à deux neurones répétées ras-la-gueule et un feeling foisonnant. Si les anglais calment un peu le jeu sur la bluesy « Scorpio Curse » l'hypnose est telle que l'instrumental « Crypt Of Drugula », reposant pourtant sur un schéma lancinant con comme la lune, passe sans que l'on ne s'en rende compte.
Black Masses est vénéneux, se la jouant vicieux et orgiaque mais aussi faussement facile d'accès. Il a besoin de temps pour grandir et infuser (autre raison pour laquelle j'ai d'abord été déçu par celui-ci).
Bizarrement, plus il tourne et plus il me fait penser à
Let Us Prey. Il y a ce psychédélisme décomplexé mais aussi le même côté essentiel, l'impression d'écouter le bois où sont taillés les riffs du genre (la démonstration « Patterns Of Evil »), le reste semblant tenir de la pâle copie. Une chose qui manquait à
Witchcult Today, se « contentant » d'offrir des hymnes aux films d'horreurs seventies avec un son cheap, prouvant que le Electric Wizard nouvelle mouture a amélioré sa capacité à personnifier une idée/une époque/un style mais aussi son jeu, un poil plus (insérer de grosses guillemets) technique (fin des grosses guillemets). Ce septième album possède cependant sa propre identité remplie de références rétro, musicales ou autres (le titre « Venus In Furs », rien à voir avec le Velvet Underground, pensez plutôt à un livre de Sacher-Masoch et un film de Jess Franco, ou la très NWOBHM « Turn Off Your Mind » par exemple), identité irrésistiblement diabolique.
Difficile de dire si
Black Masses aura droit de cité sur le piédestal des grandes œuvres du quatuor de Dorset. Cela fait bientôt un mois que je l'écoute et il trouve déjà sa place parmi mon Top 3 personnel, ex-æquo avec
Come My Fanatics bien que derrière
Let Us Prey et
Dopethrone. Le temps parlera mais une chose est sûre : je ne douterais plus.
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