Les « beaux disques » ont souvent le même objectif, à savoir celui de faire sortir de soi en jouant leur musique comme on invite au voyage (que celui-ci soit positif, négatif, cinématographique, mental…). Il suffit alors de se laisser porter, la sortie se signalant dans les meilleurs cas par une nostalgie, une envie d’y retourner, et les chroniques devenant des cartes postales argumentées. Décors agréable. Pense à vous. A bientôt.
La différence entre ces joliesses-ci et le présent album de Subrosa est qu’il ne fonctionne pas sur le mode de l’évasion mais de la résurgence. C’était déjà le cas lors de
No Help For The Mighty Ones et ses pleurs entre pop et doom tirant leurs chimères dans des images communes à tous, faites de terres lointaines, gorgées d’Histoire.
More Constant Than The Gods, lui, va encore plus loin dans l’atavisme de la troupe de Salt Lake City, prenant…
Stop. Je ne vais pas faire comme d’habitude et jouer au théoricien quand je m’avère trop pudique pour passer aux confessions intimes. Comment dire que ce disque, beau, est un peu plus que ça, finit par devenir une partie de soi, extirpant un coin oublié de sa mémoire pour mieux s’y loger ? Subrosa n’est plus uniquement le haut du panier de la scène du doom à chanteuse. Sa mixture faite de Worm Ouroboros, Neurosis et Primordial – impossible de ne pas penser aux légendes irlandaises de
The Gathering Wilderness durant les quelques passages guerriers ou maritimes de ce troisième album – n’est plus simplement « ce que l’on peut attendre de mieux du genre ».
More Constant Than The Gods est ailleurs, rejoint les rangs de ces œuvres étranges, indéniablement racées et pourtant sans équivalent, dont la simplicité de surface finit par devenir profondeur de fond, sans détours car elles puisent leur force dans un sentiment d’universalité.
Et l’instant suspendu que rappelle Subrosa est celui qui fait que toujours les enfants attendent de fermer les yeux la nuit, dans le réconfort des histoires racontées au bord du sommeil, transmises depuis des siècles, peut-être modifiées au fil des âges mais constamment dans un but d’émerveillement. Ce moment remémoré qui, selon les goûts, sera risible de naïveté ou enivrant de magie pure,
More Constant Than The Gods le figure par un abandon doux-amer au rêve, à l’image de « Cosey Mo » et ses paroles tirant leur puissance primaire à la même source que Neurosis, les douceurs tribales et entrelacements de violons électriques contrastant avec une guitare massive.
Cette ambiance de conte narré fait qu’il ne s’agit pas ici de rencontre avec une déesse comme chez Mythical Beast ou Jex Thoth mais d’une autre figure plus concrète et tout aussi belle,
More Constant Than The Gods inscrivant ses mélodies à la fois terrestres et irréelles dans quelques chose de maternel, conscient des tristesses et peurs premières mais désolé de celles-ci, employant la force des amplis à les détourner et faire sortir ce qu’elles ont de sublime par mille dorures et une seule ligne de conduite : une voix féminine faisant le lien entre l’inquiétude du lointain socle nocturne, sa multitude de points lumineux et ses noirs mystères, et le ressac de batterie et guitare n’en finissant pas d’étaler leur tranquillité de colosse. Que ce soit lors du duo vocal de « The Usher » ou le final de « No Safe Harbor » usant de folklore et instruments acoustiques, Subrosa prend dans ses bras compréhensifs le petit que je re…
Stop. Continuer sur cette voie serait se laisser aller au romantisme exaspérant. Il doit certainement y avoir un terme remplaçant ceux pénibles que vous venez de lire et expliquant mieux cette poétique que Subrosa développe. Une chose aussi essentielle doit avoir une existence précise dans quelconque œuvre littéraire, peut-être dans celles que cite le livret de
More Constant Than The Gods. Je ne parviens pas à trouver le mot adéquat. Alors, en voici un autre : Merci.
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