J'aimerais être un mec enthousiaste, de ceux qui sont toujours partants et terminent leurs messages par plusieurs points d'exclamation. Mais non, je suis un type au naturel inquiet, cherchant souvent une raison de ne pas faire les choses. Écouter Mutoid Man par exemple : bien sûr la pochette est affriolante et le line-up envoie du lourd avec ses membres provenant de Cave In et Converge mais franchement, ça ne vous paraît pas trop beau pour être honnête ? Genre l'argument du supergroupe superprometteur qui fait superpschiit au final ? Comment ? Vous ne m'entendez pas et préférez prendre votre pied avec
Bleeder ? Bon...
Des claques. Voilà ce que je méritais et ce que m'a mis le trio composé de Stephen Brodsky (chanteur / guitariste de Cave In), Ben Koller (batteur de Converge mais aussi All Pigs Must Die pour les plus connus) et Nick Cageao (anonyme rencontré par les deux autres membres au fameux Saint Vitus Bar de New York). Des marques de doigts qui collent depuis à mon visage et possèdent la même forme que celles d'
Harmonicraft de Torche et
Songs for the Deaf des Queens of the Stone Age. Mais voyez-là ni redite, ni blockbuster de l'été un peu bêta : avec son style entre stoner, post-hardcore nineties et metal,
Bleeder est surtout un album où tout le monde trouve à lâcher prise, musiciens comme auditeurs. Une récréation attrapant derrière ses airs de plaisir cool as fuck (les paroles de « Bridgeburner », à faire passer Weezer pour une formation aux textes complexes) cette flamme rock, cette fièvre que l'on ne trouve que chez les meilleurs. Car on peut faire imaginer une bande d'adolescents pénétrant dans un appartement pour tout défoncer et ne rien oublier de son envie de détruire méthodiquement derrière les rires, Mutoid Man s'applique avec le plus grand sérieux à ne pas l'être. Sûr, il en faut du travail pour sortir des titres comme « Bridgeburner » (qui aurait très bien pu être une tuerie oubliée des années 90), « Reptilian Soul » (à la hargne noisy mettant à mal tout
Axe to Fall à lui seul) ou la sensible conclusion qu'est le morceau-titre, évoquant la mélancolie rageuse décelable chez
Helms Alee.
Une succession de tubes ayant compris ce qui faisait leur qualité : cette simplicité entêtante qui pourtant ne lasse jamais, transmet plus d'énergie qu'un morceau de sucre pris lors d'un coup de fatigue. Stephen Brodsky se révèle particulièrement épatant de ce côté-là, son chant flirtant avec le heavy metal possédant une spontanéité étonnante à entendre pour qui trouvait que le monsieur gâchait son talent au sein de son groupe principal, Cave In et son rock réglé comme du papier à musique. Ici, il règne en maître de la voix blanche séduisante malgré sa sueur au front, ses yeux contemplant des phalanges multipliées par la vitesse de leur jeu – technique à n'en point douter, mais constamment dédié à l'efficacité se rêvant footballeur sauvant son équipe par un but à la dernière minute – et un sourire, toujours, habillant de façon jouissive et/ou carnassière la moindre ligne constituant
Bleeder.
« Disque de l'été » pour la formule journalistique, « exemple du supergroupe qui ne déçoit pas » pour les théoriciens, « pur bonheur à vivre » pour les gens qui n'oublient pas que hocher la tête en rythme est la seule chose obligatoire à faire ici,
Bleeder prend le meilleur de chacun (si je ne parle pas de la prestation de Ben Koller, croyez bien que ce n'est pas par oubli : je vous laisse « déguster ») avec le plus bel objectif en ligne de mire : faire de la pop avec violence, utilisant l'« ultra » des musiques indécentes de groove et de furie pour vous faire danser. Si les Ricains choisissent parfois la voie rapide là où on voudrait les voir turbiner hors des sentiers (la ligne droite « Deadlock »), le format court accentuant l'intensité de l'ensemble ainsi que des morceaux tellement accrocheurs qu'ils en deviennent des classiques potentiels font que vous ne devez pas passer à côté de ce premier album de Mutoid Man. Mort aux râleurs !!!!!
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