chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Mutoid Man - War Moans

Chronique

Mutoid Man War Moans
Peut-être connaissez-vous les speedruns, cette pratique consistant à terminer un jeu vidéo le plus rapidement possible. Il y a une époque où les vidéos de ce type de performance rythmées mes dimanches matins (via le site Nesblog notamment), appréciant regarder des joueurs user de leur talent limite obsessionnel de façon frénétique. Seulement, je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait deux types de speedruns : ceux où le spectacle avait son importance derrière l'exploit, cherchant toujours à capter l'attention du spectateur par des acrobaties insolentes usant des possibilités laissées souvent accidentellement par les développeurs, et ceux qui... terminent simplement vite un jeu, tout en respectant son déroulé linéaire, acharnés à rester dans les clous.

Vous devriez voir où je veux en venir concernant ce nouvel album de Mutoid Man. Si Bleeder était comme vivre une course n'hésitant pas à quitter le décor ou utiliser les temps de chargement pour atteindre directement le boss final, War Moans, lui, donne le sentiment de suivre les codes, valoriser la démonstration de force au détriment du spectacle. Certes, l'on est au départ charmé de retrouver le trio Nick Cageao / Ben Koller / Steve Brodsky et ses mélodies qui donnent envie de regarder sa pile de jeux Super NES pour retrouver d'où elles proviennent. Mais l'on déchante vite, pris dans le sentiment étrange que tout ce déballage manque de « quelque chose », qu'avait son illustre prédécesseur et qu'on recherche le long de ces trente-neuf minutes sans parvenir tout à fait à mettre le doigt dessus.

Une frustration constante que j'ai mis quelque temps à expliquer. Pourquoi fais-je autant la moue à la fin d'un disque marqué par la détente, le plaisir de bouger la tête, les guitares en feu ? Pourquoi le chant de Steve Brodsky me laisse une sale mine alors qu'il m'avait mis sur les genoux auparavant ? Après quelques tours et retours, la raison finit par se deviner : d'hyperactif charmeur, où la virulence de ses compositions entre stoner, hardcore, glam et heavy metal s'habillaient d'atours pop pour mieux emmener dans un monde vénéneux, Josh Homme régnant en maître, Mutoid Man est devenu beauf. Indéniablement doué, encore capable d'époustoufler du début à la fin (signalons tout de suite que les critiques ci-présentes ne s'appliquent pas à « Irons in the Fire », beauté heavy metal poussant à punir les hérétiques sur son fidèle skateboard), mais étonnamment beauf. Beauf comme un joueur fier de lui-même, terminant en un temps record un jeu en difficulté maximale assis sur son trône en cuir, des restes de chips sur le T-shirt, un double-menton à peine caché par un hideux collier de barbe. Il faut l'entendre pour le croire : que ce soit lors du refrain de « Melt Your Mind » (gâchant à lui seul de sa bêtise un démarrage parfait), le southern bedonnant de « Bone Chain », les vocalises simplistes de « Kiss of Death » ou encore le déroulé aussi vigoureux que rectiligne de « Micro Agression » (oui, ça va vite et fort... mais en ligne droite, comme sur une autoroute ennuyeuse), les Ricains donnent l'impression de gâcher leurs incroyables atouts dans un exercice qui remplace cette classe particulière qu'avait Bleeder (aucun « Bridgeburner » à l'horizon ici, vous voilà prévenus) d'un « #swag » moderne, superficiel et horripilant.

Vous trouvez que j'y vais un peu fort ? Il est vrai que le groupe parvient encore à caser quelques lignes jouissives au sein de ses morceaux (« Open Flame », « Headrush » ou encore « Date with the Devil » par exemple), assez pour que l'envie de couper le disque avant sa fin ne se fasse pas trop ressentir. Mais un album qui n'est que « pas dérangeant », au mieux agréable, de la part de ceux qu'on avait placés sur un piédestal après Bleeder (et ce fantastique concert donné au Black Sheep à Montpellier) ne peut être que décevant voire horriblement frimeur, à la manière de « Bandages » et son guest de Chelsea Wolfe relayé à foison sur les réseaux sociaux alors que son apparition oblige à tendre l'oreille pour s'apprécier (« Hé, vous avez entendu qui on a amené sur notre album ? Comment ça, « pas vraiment » ? »). De sa production tellement fat qu'elle fait mal aux oreilles à son tracklisting trop incohérent enchaînant passages rapides et moments plus posés sans transmettre la sensation de fluidité de son grand frère, War Moans fait croire qu'il est l'enfant boiteux de Axe to Fall, longue-durée de Converge sortant aussi les gros bras et les mélodies faciles, mais sachant offrir de vraies belles mandales du début à la fin derrière ses velléités de « guitar hero ».

Un disque indigne de Mutoid Man en somme, ce groupe aussi tête brûlée qu'entêtant, aussi incisif que corrosif, aussi je-m’en-foutiste qu'appliqué. Dommage, j'attendais vraiment de War Moans qu'il me fasse narguer le soleil pour dépoussiérer ma manette Xbox One. À la place, Bleeder continuera de ponctuer mes parties de Metal Slug, tout en gardant l'espoir que cette dream team me fera oublier à l'avenir l'expression « feu de paille » que je suis prêt à lui coller. Game Over.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Mutoid Man
Stoner / (Post) Hardcore / Rock
2017 - Sargent House
notes
Chroniqueur : 5/10
Lecteurs : (3)  6.83/10
Webzines : (9)  7.27/10

plus d'infos sur
Mutoid Man
Mutoid Man
Stoner / (Post) Hardcore / Rock - 2012 - Etats-Unis
  

vidéos
Kiss of Death
Kiss of Death
Mutoid Man

Extrait de "War Moans"
  
Date with the Devil
Date with the Devil
Mutoid Man

Extrait de "War Moans"
  

tracklist
01.   Melt Your Mind
02.   Bone Chain
03.   Micro Agression
04.   Kiss of Death
05.   Date with the Devil
06.   Headrush
07.   Irons in the Fire
08.   War Moans
09.   Wreck and Survive
10.   Open Flame
11.   Bandages

Durée : 38 minutes 50 secondes

line up
parution
2 Juin 2017

voir aussi
Mutoid Man
Mutoid Man
Bleeder

2015 - Sargent House
  
Mutoid Man
Mutoid Man
Helium Head (EP)

2015 - Sargent House
  

Essayez plutôt
Helms Alee
Helms Alee
Weatherhead

2011 - Hydra Head Records
  
Helms Alee
Helms Alee
Night Terror

2008 - Hydra Head Records
  
Helms Alee
Helms Alee
Sleepwalking Sailors

2014 - Sargent House
  
Capricorns
Capricorns
Ruder Forms Survive

2005 - Rise Above Records
  
SubRosa
SubRosa
More Constant Than The Gods

2013 - Profound Lore Records
  

Déception de l'année
High On Fire
Electric Messiah
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Griffon + Deicide + Inhumat...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère