Si vous êtes comme moi, la plupart des groupes de stoner vous donnent l'impression ennuyeuse de regarder une version du dernier Mad Max sans les personnages et les engins : de jolis paysages mais où il ne se passe pas grand chose.
Si vous êtes comme moi, la plupart des groupes de post hardcore vous donnent l'impression écœurante de regarder un mauvais film de Christopher Nolan expliquant toutes choses n'ayant pas besoin de l'être : un riff qui écrit en majuscules « là, tu dois être triste car », un autre « là, tu dois être apaisé car », tous se voulant tellement intelligents qu'ils en oublient l'émotion immédiate.
Et donc, si vous êtes comme moi, vous devez absolument écouter StoneBirds. Ho, je vous comprends : donner sa chance à une formation bretonne possédant un patronyme semblant issu du
Stoner Rock Band Name Generator peut paraître une faveur. Mais c'est plutôt ce trio (inconnu auparavant de mon côté) qui nous offre plus que ce que nous méritons avec
Into the Fog... and the Filthy Air, tant son mélange entre stoner et post hardcore est inespéré.
Une candeur à rompre le cœur, une simplicité de surface révélant vite un raffinement rare, un sens de la tension qui n'oublie jamais d'accrocher, voilà ce que ce premier (court) album pourra donner comme impressions si l'on y pose l'oreille sans trop y prêter attention. Des sensations préliminaires qui, bien que déjà convaincantes, finissent par laisser place à la certitude de tenir un grand groupe en StoneBirds, clairement au-dessus de beaucoup de formations actuelles œuvrant dans le même style. Il suffit d'écouter « After the Sin » ou « Angst Lover » pour voir dans un même mirage merveilleux
Pombagira,
Yob et
Bloodiest jouer une musique où le feeling n'a jamais aussi bien porté son nom, les notes devenant caresses parfois rudes mais toujours chaleureuses comme les plus beaux exemples de disques où chacun, musiciens comme auditeurs, se met à nu. Le genre de rencontre donnant envie de croire en les choses et leurs âmes, que les Bretons ont délicate, céleste, essentielle (dans tous les sens que vous voudrez) et pourtant âpre comme la réalité, à la manière de ce chant rocailleux, modeste à en être presque timide mais dont les saveurs bluesy prennent de plus en plus à la gorge. Si vous avez déjà pensé en entendant un groupe de stoner à cette image de vieux sage reclus dans sa montagne, oubliez tout de suite celui l'ayant transmise : elle ne va que pour StoneBirds et son monde nourri à l'air pur, boisé et sauvage, hospitalier comme un père aimant nous faisant, sans le vouloir, sentir tout petit.
Sûr, tout cela demande un peu de temps pour se révéler,
Into the Fog... and the Filthy Air étant de ces œuvres appelant à grandir, de celles que l'on oublie puis vers lesquelles on revient, leur écoute nous laissant un peu plus impressionné que la dernière fois. Aucune nouveauté ici, « seulement » la foi en un certain type de musique devenu, presque par erreur, vecteur d'émotions pures. Si les deux derniers morceaux perdent un peu de cette maîtrise des débuts, ils perpétuent assez le charme pour voir en StoneBirds un petit miracle où le stoner devient religion, des tables de la loi à la grâce irréelle. Pour les amateurs, un possible futur classique. Pour les autres qui lui auront laissé sa chance, un album bien fait parmi tant d'autres qui aurait gagné à être un peu plus long. Inutile de dire dans quel camp me situer.
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