Que StoneBirds marque définitivement de son empreinte avec son nouvel album, comme je l’espérais à la fin de ma chronique de
Time, je n’en doutais pas une seconde. Qu’il le fasse de cette manière avec
Collapse and Fail, je ne m’y attendais absolument pas !
Je ne vais pas m’embêter à présenter une nouvelle fois le trio breton, à mon sens déjà bien installé dans une scène qui compte de moins en moins de figures fortes. Si vous êtes amateur du style, il n’y a aucune raison pour que vous soyez passé à côté des Français,
Into the Fog... and the Filthy Air et
Time ayant reçu assez d’éloges, ici ou ailleurs, pour avoir donné envie de sauter le pas et pénétrer dans leur mélange de stoner, blues et post-hardcore.
Je ne vais donc pas mimer une fausse surprise devant la qualité de
Collapse and Fail. StoneBirds plonge comme prévu une nouvelle fois dans l’excellence, évoquant des panoramas qui laissent béat, tissant des ambiances enveloppantes avec une humilité qui cache une personnalité forte. Pourtant, on est au départ surpris par « Only god », marquant une nouvelle étape risquée pour la bande : moins hypersensible en surface, laissant moins respirer ses compositions et l’auditeur, elle décide de s’essayer au noir et à une certaine agressivité, le titre de l’album marqué par le déclin et l’échec donnant le ton des six morceaux qu’il habille. De quoi craindre que tout le charme aérien qui rendait les essais précédents indispensables se soit envolé, tant les premières impressions font passer ce qui entrainait auparavant des flashs de Pombagira, Bloodiest ou Moab à des références plus communes dans les musiques post.
Soit, pour être plus clair, les batailles des éléments, les fuites dans la nature sauvage, de Neurosis.
Collapse and Fail s’y enfonce, aborde ces fameuses atmosphères d’homme seul face au monde, marquant ses envies de grand air nocturne où trouver plaisir dans les menaces et désastres qu’il contient par des guitares plus abrasives et stridentes qu’autrefois (« Stay clean », parfait exemple de cette rage habitant l’album) ainsi que des grognements nettement plus présents qu’auparavant. Un lien avec la formation d’Oakland qui s’affirme de plus en plus, sans pour autant mettre dans l’ombre l’une ou l’autre. Car là est bien la surprise majeure que crée ici StoneBirds : pourtant proche dans les images qu’il convoque, il les donne à voir d’une façon qu’il ne doit qu’à lui, flirtant avec le bonheur de randonneur de Helms Alee tout en donnant un goût amer à ses escapades tumultueuses.
De quoi être une nouvelle fois ébloui par le talent du trio donc, malgré son intention d’éteindre toutes les lumières.
Collapse and Fail contient – comme cela devient une habitude avec le projet – son lot de passages ébouriffants, agrippant les sentiments au col (brrrrr, le final de « Fade away »). Mais il le fait d’une manière nouvelle pour lui, s’autorisant à aller vers des territoires que l’on pensait déjà bien connus, trouvant en leur sein des endroits inexplorés et magiques. Pour quelqu’un qui ne goûte plus depuis des années ces groupes qui font continuellement signe d’allégeance à ce post-metal codifié jusqu’à l’ennui, le résultat est impressionnant, en dépit de certaines maladresses montrant que des latitudes peuvent encore se prendre (comme précédemment, les Bretons font parfois quelques transitions et répétitions hasardeuses, à la façon de la fin de « Turn off the light »).
Certainement, on parlera au sujet de
Collapse and Fail de tempêtes, cataclysmes, revanche des éléments. Mais qu’on ne pense pas que StoneBirds ne donne pas à tout cela une saveur qui lui est propre, jusqu’à redonner au genre l’émerveillement inquiet et enfantin qu’il a été capable de transmettre. Un groupe définitivement précieux.
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