Comme beaucoup, vous aimez Thrashocore. Comme des millions, vous avez pour habitude d’y chercher votre ration de death blasphématoire, black glacial, thrash sur-énervé ou doom sur-déprimé. Comme des milliards, vous êtes étonné par la justesse des goûts de ses chroniqueurs, la précision de leurs écrits, les champs lexicaux du lugubre, fuligineux, macabre ou tristounet qu’ils sont capables de mobiliser. Comme tout le monde, vous reconnaissez la suprématie de ce webzine sur le terrain du metal extrême ultra-brutal, ultra-pas drôle, ultra-pour les vrais bonhommes. Et vous avez raison. Mais aujourd’hui, je vous propose de mettre ça de côté, d’essayer autre chose, d’arrêter de faire la moue et de penser aux instants où, ben, la vie est plutôt cool.
Hérésie, je sais, mais serrez les dents et peut-être verrez-vous que c’est pour votre bien ! En effet, pour ceux qui n’auraient pas réussi à décrypter la pochette Nyan Cat située à côté, Helms Alee n’est pas tout à fait où chercher à exprimer sa colère de mâle alpha. Le groupe de Ben Verellen ne frotte pas tout à fait les mêmes cordes : les siennes sont plus sensibles, entre post-hardcore école These Arms Are Snakes, rock « indie » et sens de la mélodie exécutée à plein pot façon Torche. Seulement, le power-trio est un peu plus que la somme des influences citées, arrivant à devenir l’un de ces groupes synthèse/ovni dont les racines et ramifications sont nombreuses.
On oubliera bien vite alors l’invitation à aller écouter l’œuvre ci-présente à grand renfort de namedropping tapageur, Helms Alee pouvant tout aussi bien rappeler les virages rock de Cave In que les douceurs noisy et féminines de Sonic Youth, la sauvagerie positive de Kylesa que l’onirisme de Circle Takes The Square. Par contre, impossible d’échapper à l’accumulation d’adjectifs et métaphores : le mot « joie » n’est ici qu’un raccourci pour esquisser ce que ce disque contient de massif comme le bruit sourd des pas courants en direction de la mer, d’aérien comme les sauts d’à qui ira le plus haut, d’éclaboussant et salvateur comme quand on fait la bombe. De nombreuses critiques ont d’ailleurs regretté que
Weatherhead soit plus éclaté que le condensé d’énergie
Night Terror, c’est pourtant ce qui place ce second album un peu au-dessus de son prédécesseur dans son intention de laisser en suspension, entre post-hardcore aux poussées d’adrénaline jouissives (« Speed Sk8r » ; « Ripper No Lube » ; « Elbow Grease ») et sorties de route laissant rêveur (« Music Box » ; le duo « Anemone of the Wound »/« Mad Mouth »). Nineties jusqu’au clip de « 8/16 » évoquant les grandes heures de MTV,
Weatherhead a la tête dans les nuages mais les pieds bien plantés dans le sol, une capacité à pratiquer les sauts périlleux avec une désinvolture toute adolescente.
Elles sont rares les œuvres donnant une sensation de jeunesse et de créativité comme celle-ci ! Si on peut déplorer quelques passages un peu moins époustouflants, Helms Alee donne surtout ici l’impression qu’en 2011, tout est à refaire, à expérimenter et goûter jusqu’à la lie. Sans nostalgie particulière, la formation parvient à rappeler le post-hardcore des années 90 tout en s’extirpant de tous carcans, le bonheur au cœur à l’image du démarrage céleste de « Pretty As Pie » où Ben Verellen débute par un tapping léger et flamboyant. Au-delà de ses quelques moments de bravoure à barbe et pull trop grand (on pourra également citer le petit tube « Born In Fiberglass »), l’essai s’écoute comme un ensemble, les titres semblant se répondre dans une dynamique étrange, en zigzag et pourtant sans accrocs.
J’ai déjà pu faire connaitre sur ce site mon amour pour ces albums parvenant à toucher du doigt cette flamme qui anime les premières fois (
souvenez-vous).
Weatherhead en fait indéniablement partie, peignant avec un talent fou des riffs de colosse joués par-dessus la jambe avec moi en dessous, des envolées de naïades acclamant le jour qui point, un (post) hardcore brûlant où la bonne humeur trouve à répondre à la hargne dans une explosion de découvertes étranges mais non moins galvanisantes. Le « Coming of age hardcore », un style que vous gagnerez décidément à connaitre, mes petits grognons.
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