Au fond, une part de moi-même aurait aimé que Helms Alee meure jeune et s’arrête après
Sleepwalking Sailors. Il a fini par faire ce que l’on fait aussi, quand on vieillit : il s’est condensé, a laissé partir cet inconnu qui contrebalançait sa forte personnalité, ces expériences transmises l’esprit trouble, charmantes en cela. Comme nous, il a appris à se connaître, savoir quoi faire, à quel moment. Il est devenu adulte, définitivement, et
Noctiluca en est bien la preuve.
Car ce nouvel album confirme l’impression laissée par
Stillicide : désormais sûr de la route à prendre, Helms Alee ne passe plus du coq à l’âne comme sur le délicieux
Weatherhead mais embarque avec lui dans ses pérégrinations au style métissé et cotonneux connu d’avance. Clairement, l’amateur de longue date ne trouvera, sur la forme, aucune franche surprise sur ces nouvelles quarante-et-une minutes, les pronostics se révélant juste jusqu’à une parfaite maîtrise du trio, ses trucs et astuces étant une nouvelle fois amenés au moment opportun (une succession de coups d’éclats, de la fin de « Play Dead » à « Spider Jar »).
Sauf qu’un disque qui se serait arrêté à montrer uniquement la maturité à laquelle est parvenu Helms Alee n’aurait pas été aussi intéressant que
Noctiluca ! Ce dernier impose en effet, pour peu qu’on lui laisse le temps, sa propre identité, à commencer par une atmosphère avançant la mélancolie au cœur dans une nuit fraîche. Toujours adepte des sorties extérieures vécues les poumons à l’air libre, plus que jamais frère (sœur ? Le féminin lui va bien en tout cas) d’un Kylesa ayant sorti le bâton de pèlerin et la tente Quechua pour partir vers l’horizon, le trio décline ses passions vers une ambiance plus sereine et triste à la fois qu’auparavant. Une étrange nostalgie coule d’un titre comme « Pandemic », un bonheur doux-amer contrastant fortement avec le talent je-m’en-foutiste des premières réalisations de la formation. Une sensation, fine au point de se demander si elle n’est pas imaginaire, qui finit par prendre en ampleur jusqu’à la conclusion « Word Problem », étrangement acide.
Quitte à utiliser les gros mots, je retrouve sur
Noctiluca une part tribale, enfiévrée, rustre et assurée me rappelant encore plus Neurosis que sur les autres essais du trio. Sans pour autant avoir ici de rappels francs à la formation d’Oakland, Helms Alee m’évoque la même subtilité ne s’encombrant pas d’enluminures, atteignant l’émotion brute sans tambour ni trompette, juste l’orfèvrerie experte qu’offrent les tentatives maintes fois renouvelées. Malgré cette avancée en âge, la lisibilité qui en découle, le mystère abandonné, il y a toujours cette soif qui court, s’hydratant ici dans la peinture calme de soubresauts sauvages (« Beat Up »), l’énergie d’un vent doux (« Illegal Guardian »).
Noctiluca reste un disque accrocheur au possible visiblement créé dans le but de tourner quotidiennement. Mais il possède un fond qui donne également envie de revenir vers lui, interrogé par cette impression de coups de matraque émotionnels. Sur ce terrain, la batteuse s’en donne à cœur joie par ailleurs, envahissant l’espace pour appuyer les clous mis dans la tête. Au point de vouloir placer cet essai comme son œuvre à elle avant ses confrères ! Certes, les sensations nouvelles sont ici bien ténues, frôlant parfois la redite (le début de « Interachnid » par exemple). Cependant, ce n’est pas suffisant pour bouder son plaisir tant le projet, sans atteindre ses exploits adolescents d’autrefois, trouve un nouvel intérêt dans ses contrastes. Devenir adulte, ce n’est pas la mort ! Et Helms Alee est toujours bien vivant.
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