Dans les informations peu réjouissantes que l’on a depuis un moment, celle du cancer de Gared O’Donell m’a fait particulièrement mal. Aux dernières nouvelles, tout reste stable, la campagne de dons pour l’aider à guérir ayant porté ses fruits. Il n’empêche que l’éventualité de ne plus jamais entendre cette voix si particulière dans une scène trop souvent prompte au copier-coller m’a fait frémir, au point de revenir vers la discographie de son groupe principal, Planes Mistaken for Stars.
Mais peut-être ne connaissez vous pas encore cette formation et êtes passé à côté de cette merveille qu’est toujours
Prey, un retour inattendu mais qui a été un de mes coups de cœurs de l’année 2016. Une réécoute de ce dernier et de ce qui l’a précédé m’a montré que, s’il reste l’album le plus maîtrisé et touchant des Ricains, il ne vient clairement pas de nulle part. Il suffit de lancer
Up in Them Guts pour s’en rendre compte : faisant suite à l’enragé mais plus maladroit
Fuck With Fire, il est sans doute l’album où Planes Mistaken for Stars a trouvé pleinement son identité, entre violence hardcore et beauté d’un rock interprété comme si sa vie en dépendait.
Sorti sur le label No Idea (The Swarm aka Knee Deep in the Dead, Coalesce ou encore Floor, soit une certaine photographie d’un hardcore en mutation des années 2000),
Up in Them Guts peut faire croire au départ que le groupe s’est calmé, le temps d’un « To All Mothers » solennel. Simplement ce qu’il faut pour poser un climat, à la fois désespéré et lyrique, virile malgré une sensibilité à fleur de peau : « Belly Full of Hell » surgit alors avec l’explosion d’une rage qui tient d’un hardcore magnifié, à la fois mélodique et rustre. Un sentiment d’urgence derrière les couches de mélodies que se plaît à empiler la bande qui ne baissera que rarement, allant même jusqu’à étonner par sa rudesse (« A Six Inch Valley » ou encore « Pigs »).
La voix « fil rouge » de Gared, des cailloux et du sang dans la gorge, implorant tout en souhaitant nous retourner de ses émotions et de ses lames (le nom de l’album n’est pas volé : ça vise le ventre, et fort), n’est pas le seul élément époustouflant d’originalité dans cette musique dont on peine à trouver des équivalents malgré des allures classiques. Neurosis et les débuts d’Envy ne faisant plus qu’un ? Ou alors Harkonen se laissant aller à faire rugir ses moteurs intérieurs ? « Post Hardcore », Planes Mistaken for Stars l’est comme Refused, At The Drive In ou encore These Arms Are Snakes le sont : unique à sa façon, placé ici plus par une sensibilité, indiscutablement intense, que par des influences perceptibles.
On notera cependant que, plus que sur un
Prey qui brouillera davantage les pistes, les titres ci-présents contiennent leurs lots de bravoure typiques, à la manière de cet élan continu après un premier morceau faisant monter une tension qui culminera avec le furieux « Dying by Degrees ». Hargneux et pourtant étrangement recueilli, c’est dans la transmission de cette envie de tout casser et de laisser ce qu’il a saccagé derrière lui que Planes Mistaken for Stars est le meilleur, donnant à imaginer des rêves de nuits vécues à plein poumons, des nuits sauvages et mystérieuses, où une production ample et organique appuie cette ambivalence entre puissance et atmosphère qui est la particularité de cette musique. Une musique qui ferait presque crier grâce tant elle est chargée, le calme de « No Prize Fighter » s’accueillant avec soulagement.
Car Planes Mistaken for Stars aime jouer avec les limites, et pas seulement celles stylistiques. Visant l’émotion brute à chaque instant, que ce soit dans la décharge fulgurante (le début de « Dancing on the Face of the Panther » ) ou la gradation vers plus en plus d’énergie (« Spring Divorce »), il prend à chaque fois le risque de tirer à blanc. Heureusement, ces coups pour rien sont rares sur
Up in Them Guts, un « Say Not a Word » trop routinier, un « Bastards » trop chaotique et frontalement hardcore, étant les seuls instants de baisse à déplorer sur ces presque quarante-six minutes.
On a tendance à retenir
Mercy comme album-phare de cette période du groupe, mais c’est bien
Up in Them Guts que je vénère plus que les autres. Certes imparfait, les moments éclatants qu’il possède m’ont marqué durablement, sa fluidité constante terminant de m’emporter à chaque fois. Avec cette sensation d’avoir vécu plus intensément lorsqu’arrivent les dernières minutes du grand final « The Last Winter Dance Party », les tripes à l’air.
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