Une voix aujourd’hui morte. Une voix qui appelle avec une force brûlante à l’amour, qui étale ses sentiments en long et large. Une voix qui a marqué et qui continue de le faire, rauque, au bord de s’éteindre, d’une gravité qui fait qu’on ne peut que l’écouter. Une voix ensorcelante, qui contient seule une image d’été finissant, de nuits où les mots sont dits, de vie incandescente sur le point de s’éteindre, braises rouges où l’on devine la cendre.
Do You Still Love Me? tient d’abord à cette voix, celle de Gared O'Donnell décédé en 2021 d’un cancer de l’œsophage – l’ironie n’échappera à personne. On a donc ici sa dernière intervention. Cela, nécessairement, fait quelque chose quand on est tombé amoureux de sa voix si particulière, loin des clichés inhérents au post hardcore émotionnel. On s’estime chanceux de l’entendre une ultime fois, par surprise, l’album sortant huit ans après
Prey et sans effets d’annonce. Longtemps laissées sur un ordinateur, mixées bien plus tard, ces treize compositions ne seront jamais entendues par lui dans leur forme finale.
Cela n’empêche pas
Do You Still Love Me? de sonner comme un album de Planes Mistaken for Stars. Disons-le, il a bien une allure étrange, un choix de production qui demande à s’y faire, ce son vaporeux, granuleux, presque trop criard, demandant à l’oreille d’insister (cf. « Arrow » et sa ligne de basse lo-fi par exemple). Il paraît aussi chaotique, compilation plus que tout avec un début et une fin, sa réalisation a posteriori laissant croire qu’il est plein de bouts de trucs mis ensemble. On se souvient alors que les Ricains ont toujours un peu laissé cette impression au départ, celle d’empiler les instants, d’être plus du côté de la sensibilité que du sensible. Et ce cinquième longue-durée est peut-être celui qui va le plus loin de ce côté, à commencer par « Matthew is Dead » et son final définitif en lui-même où Gared hurle à s’époumoner.
Il s’agit donc de s’accorder, de voir en
Do You Still Love Me? non pas une seule histoire mais un recueil de nouvelles où le fil rouge tient au style de ses auteurs. Une fois cette optique adoptée, le plaisir ressenti est bien présent, entre rock fiévreux (« Fix Me » ; « Do You Still Love Me? No. 1 »), contemplation vécue les yeux calcinés (« Modern Logic » ; « Punch the Gauge » ; « Do You Still Love Me? No.2 »), rage punk faisant honneur aux racines hardcore du projet (« In Hell » ; « Arrow »)… Une richesse sur la forme et le fond où PMFS rappelle son statut d’ovni de la scène, jamais tout à fait dans l’air du temps, daté sans être vieux, sentimental avant tout. Chaque écoute révèle alors une partie à laquelle on n’avait pas fait attention, une nouvelle mélodie entêtante, une parole s’inscrivant en nous.
C’est presque trop.
Do You Still Love Me? cherche à tout agripper, à retenir l’éphémère constamment. L’urgence est palpable, encore plus présente que sur
Prey qui, déjà, souhaitait capter ce qui s’échappe de nos mains. On en sort ambivalent, à la fois perdu dans ce trop-plein et avec une envie d’y retourner, comme lorsqu’on ressent les choses sans parvenir à les penser. PMFS tient d’une certaine poésie présente entre les lignes, d’un au-delà du discours, raison pour laquelle il a toujours été vu par ceux l’ayant rencontré comme un groupe soit énorme, soit « sympathique » – manière de dire que les choses sont bien faites mais ne nous touchent pas plus que ça.
Inutile de dire où je me situe. Pour aussi imparfait que
Do You Still Love Me? pourra paraître, terminé sans son membre principal, plein de détours et d’embranchements, au choix de mixage étrange, il me scie les jambes à chaque fois, pris par cette voix que l’on n’entendra plus, ces guitares enveloppantes et emportées, cette musique à fleur de peau mais jamais mièvre, « sincère », comme on dit quand les choses ont la force des vérités exprimées sans retenue.
Bien sûr que je t’aime toujours.
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