Le premier album de Kylesa est né dans la douleur. Damad splitte en 2001 ou plutôt change de nom après l'arrivée de Laura Pleasants dans leur rang et le départ d'autres membres. Ils continuent. Ils signent chez Prank Records et commencent l'enregistrement de leur nouvel album. Le bassiste, Brian Duke, meurt d'une crise d'épilepsie en pleine tournée et durant les sessions studio. Ils… continuent et Michael Redmond complète les lignes de basse. L'artwork, réalisé par Pushead (Metallica, The Misfits), met un an à arriver. Ils attendent. Et enfin, en 2002, Kylesa peut se faire un nom.
Et putain, on sent qu'ils avaient la rage. Kylesa n'a cessé d'affiner son jeu et de calmer ces ardeurs d'album en album. Il s'agit donc de leur disque le plus violent et ce n'est pas peu dire tant il s'assimile à une œuvre de boucher-charcutier campagnard, celui qui offre le jambon et la couenne avec ! Les bucherons de Savannah mettent directement les couilles sur la table (et Laura, son tampax) avec un trio de tête « No Remorse/Ceaseless Becoming/The Scarab » entre le gluant du Sludge et le coup de boule estampillé Metal/Hardcore. Ça bourre tellement que « The Scarab » est introduit par un riff à rapprocher d'un death metal gavé aux hormones de mammouth ! On retrouve les éléments tribalo-mystiques disséminés par-ci par-là (le passage central de « The Scarab », l'instrumentale/feu de camp « Parent's Song ») mais ils ne sont là que pour alléger des compositions riches en calories. Si le groupe n'évite pas quelques clichés (« Testing The Good of Man » et ses lignes vocales whawha-whawhawha, quelques riffs trop frontaux pour être honnête), il possède déjà cette patte originale : le triple chant, ses riffs metal sauce merguez et sa batterie qui groove autant qu'elle tabasse. La voix de Laura est en retrait, laissant la part belle aux growls ainsi qu'au chant de Philip, et ses incursions donnent l'impression de se faire engueuler par Marceline, camionneuse dont tu n'aurais vraiment pas du rayer la portière (« Dream Of The Freedom To Come » et son final fédérateur, la montée vicelarde de « Point Of Stillness »).
Le tout est servi par une production puissante, baveuse ce qu'il faut tout en laissant respirer l'haleine chargée des instruments et des voix. La basse aurait peut-être mérité un meilleur traitement, les conditions particulières dans lesquelles elle a été enregistrée ont du joué en sa défaveur. Elle est plus ou moins mise en avant selon les morceaux, au point de disparaître complètement d'un côté et servir un break posé (sur « Testing The Good Of Man ») ou une ligne mélodique (« Descent Within ») de l'autre. Cependant, la tronçonneuse enrayée qui fait office de guitare rythmique rattrape ce manque, à l'image de la conclusion de « The Scarab » (un vrai morceau de sauvageons, où ça encule tellement fort que chaque écoute a sa trace de pneu), le démarrage de « Ceaseless Becoming » ou la destruction de boite crânienne de « Point Of Stilness »… Bref, vous voyez le genre, une chirurgie faite à la massue par des sudistes qui en ont.
Pas grand-chose à redire ici, tant les géorgiens font parler la poudre et le steak tartare avec brio. Bien que leur personnalité soit encore en gestation, l'envie d'en découdre est jouissive au possible. Pour reprendre une métaphore utilisée par mon collègue Thomas Johansson dans sa chronique de
Static Tensions, si ce dernier est une baston d'arrière-cour,
Kylesa est l'usine à viande attenante, où l'on fait le travail salement et avec les moyens du bord. Mmmmh, Charal !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo