Il fallait changer quelque chose. Ne pas se contenter de livrer à la foule en colère, avide de mirettes cuisinées au beurre noir et de chicots ensanglantés un simple
Static Tensions Part II que nous aurions à coup sûr repris de volée, bastonné au bois vert et fini à la planche à clous, tant chez Thrashocore on est attachés à l'idée que chaque groupe peut (doit) évoluer - hormis SIX FEET UNDER, ok - pour satisfaire l'attente du public. Des sympathisants toujours plus nombreux qui, après avoir plébiscité des combats clandestins à faire pâlir Tyler Durden en personne, sont aujourd'hui conviés à fréquenter d'autres lieux, plus suaves, plus enivrants et plus troubles, la maîtresse de maison close Laura Pleasants (dont le chant n'a jamais paru aussi sensuel) accueillant à jambes écartées une clientèle sludge/stoner préférant tirer sa crampe que d'en prendre plein la poire. Mais j'en vois déjà qui remontent leur braguette, redoutant de contracter quelques champignons ou autres verrues génitales au contact d'une musique plus accessible que par le passé. Alors comme ça, KYLESA fait sa pute et drague tout ce qui bouge, du Francis Dollarhyde de « Manhunter » (on n'est pas loin du « In-A-Gadda-Da-Vida » de IRON BUTTERFLY au démarrage de « Cheating Sinergy ») à l'amateur de sonorités alternatives?
Il est clair que même le romantique échevelé aura envie de s'acoquiner dans ce bordel qui a tout de l'hôtel grand luxe ! Bien que KYLESA semble surfer sur la vague au point d'évoquer indirectement la new wave et des ancêtres vide-bourses comme la DIVISION DE LA JOIE (écoutez moi ces lignes de basse ou la lead de « Forsaken », les années 80 ne sont pas loin !), elle n'est pas prête de collaborer et parvient à tenir son affaire sans tapiner. Les formes, plus rondes et langoureuses, cachent toujours cette viande de premier choix, partie intégrante de la fabrique géorgienne. Ah, ça sent moins la sueur-mimolette que par le passé mais difficile d'avoir la mi-molle à la vision de ce « Don't Look Back » où les instruments revêtent des atours nineties, baggy et yeux nostalgiques, rappelant les premières fois lycéennes ! Toujours fougueuse bien que plus sage, l'entité expérimente sans oublier ses origines de fille-fermière, la main experte semblant tirer son breuvage de la voie lactée (« Dust », où Phillip Cope satine sa voix et les guitares élèvent leurs notes). De la brouette égyptienne (l'orientalisante « Crowded Road ») aux fellations sucrées de « Spiral Shadow » (dont les effets sur la voix de Laura sont à rapprocher d'un MY BLOODY VALENTINE), KYLESA joue des coudes pour s'imposer sur le marché de la partouze cosmopolite où tant d'autres ont fini sur le trottoir, la gueule par terre méthode « American History X », et a compris que les mélanges sont plus intenses quand ils savent s'arrêter, le format tubesque étant préféré à l'épanchement ennuyeux. Pute, certes, mais déjà la roublardise du maquereau à qui on la fait pas !
Plus concis, plus efficace avec pour principal mot d'ordre de ne pas traîner sous les couvertures donc (pratique pour lâcher la vapeur pendant la pause déjeuner, l'album ne durant que 41 minutes), la conséquence première étant de satisfaire le client dès le premier rapport, chose que ne permettaient pas forcément les plus nature
Time Will Fuse Its Worth et
Static Tensions. Sur
Spiral Shadow, KYLESA a pris soin d'elle, suivi une THERAPY? de choc – on pense fortement à la formation d'Andy Cairns sur le plaisir éphémère « Back And Forth » - pour paraître plus avenante, quitte à faire dans le REM stéroïdé sur « Don't Look Back ». Et vas-y que ça se déhanche à volonté sur fond de guitares serpentines sur « Distance Closing In » ou l'éthérée « Cheating Synergy », jusqu'à inciter à la transe les habitués les plus enfumés sur l'envoûtante « Crowded Road ». On perd donc en bestialité pure ce qu'on gagne en sensualité au niveau du chant et des guitares, ce qui risque fort de perturber les amateurs de punching balls ne jurant que par les rapports de force. Par le jeu des vases communicants, on retrouve tout de même une bonne partie de ce qui forge le son KYLESA, des gueulantes de Laura (« Drop Out ») aux murs de riffs érigés par Phillip Cope (« Tired Climb », et son intro Tarantinesque en diable) mais leur exécution frôlant le pilotage automatique, on regrettera que le groupe n'ait pas opté pour une disparition pure et simple des passages sludge tant ils affaiblissent ici leur propos. On est donc pile poil dans le cadre d'un (bon) album de transition, sentiment renforcé par le côté vignette de certaines compos avant tout destinées aux éjaculateurs précoces.
En conclusion,
Spiral Shadow montre un entre-jambe délicieux aux allures d'entre-deux. Délectation certaine, facile sans être docile mais pas forcement mémor(is)able, elle comblera les auditeurs en rut aimant batifoler dans une orgie de références, bien que cette dernière laisse une odeur de brèche ouverte où l'on s'engouffrera avec une plus grande joie dès que les penchants pour les parfums capiteux seront pleinement assumés. En attendant, il serait dommage de ne pas succomber à ces voluptés aussi soyeuses qu'odorantes surtout quand, pour une fois, accalmie n'est pas synonyme de déodorant !
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