Après un premier essai où Kylesa annonçait la couleur, rouge façon charcuterie découpée à l'arrache, il lui restait à fidéliser une clientèle aux babines émoustillées mais réclamant des mets plus étonnants. C'est que le tartare à la longue, ça pèse, et nos géorgiens l'ont bien compris avec
To Walk A Middle Course qui malgré son titre s'arrêtant à mi-chemin, est un bon de géant autant sur le plan musical que qualitatif !
Finies les métaphores alimentaires, ils ne sont pas là pour tailler une bavette. Si leur sludgo-metalo-thrashy-crust est loin de s'être calmé, les bouchers ont travaillé leur menu. On retrouve ce que l'on avait aimé dans
Kylesa, des chevauchées indomptables aux charges bovines, en passant par une batterie d'apache en plein rituel et un triple chant où Laura jure comme une charretière (et a désormais le rôle principal qu'on lui connait), Phillip joue son rôle de mari lui disant de la fermer et Corey Barhorst, nouveau venu dans l'équipe après désertion de Brian Duke (mais avec une bonne excuse : il est mort), hurle tel un bébé gavé aux hormones de croissance estampillées « ours grognon ». Mais là où ces éléments s'enfilaient et défilaient sans surprise, on les reçoit ici en bloc ! D'énormes progrès ont été faits sur les structures des morceaux, remplis à ras-bord de riffs, décélérations, arpèges psyché ou atomisation punk. Difficile de s'y retrouver lors des premières écoutes tant ils font moins trainer leurs plans !
To Walk A Middle Course est exigeant avec l'auditeur, ce dernier étant au départ décontenancé par ces guitares aux vitesses changeantes semblant tourner à vide.
Une première impression à dépasser pour découvrir qu'à la crête crasseuse s'est mêlé des velléités progressives donc, heureusement, les gaziers ont pensé à éclairer les perdus lors d'une seconde partie lancinante et appuyée contrebalançant les ardeurs du début (« Shatter The Clock », « Phantoms »), ainsi qu'en parsemant ses labyrinthes de moments efficaces, plus prenants qu'auparavant maintenant insérés dans des titres décomplexés, que ce soit lors d'une ligne vocale épique (« In Memory » et son « Have you ever known fear/Have you ever felt fault/Have you ever felt something/Did you ever seem lost » qui fait vite son trou dans ta caboche), une accélération crustifondantes (« Train Of Thought », « Eyes Closed From Birth » ) ou le temps d'un passage dans des domaines plus mélodiques et rock (« Bottom Line », un des meilleurs morceaux du groupe tout albums confondus qui, au passage, explose n'importe quel tube du dernier en date,
Spiral Shadow, sur son propre terrain). La galette a pour elle d'être la plus sombre d'une discographie ne respirant déjà pas la joie, les pauses tribales agrémentées de voix guerrières et posées enveloppant l'ensemble d'une atmosphère nocturne (le début de « Motion And Presence » ou « Welcome Mat To An Abandoned Life » par exemple), mais aussi celle qui allie le sale des débuts et la recherche des suivants en bonne proportion.
Quelques défauts sont à signaler, charmants et sans doute volontaires (production de brute à bottes coquées mais habillée d'un perfecto perfectible, notamment au niveau de la basse, compositions jouées de manière énergique, sans fioritures là où d'autres seraient tentés de crouler sous les arrangements) bien que parfois, une baisse en qualité se fasse ressentir. Si ce deuxième jet est globalement mieux maitrisé que son prédécesseur, Kylesa n'est pas toujours à la hauteur du défi qu'il s'est lui-même lancé, à savoir garder le panache tout en développant ses atouts, certains morceaux en dent de scie (mention spéciale à « Eyes Closed From Birth » et son break désagréablement enjoué et simpliste où Phillip Cope a dû sortir des cartons une de ses mélodies écrites au lycée) montrant qu'il y a encore un peu de chemin à faire (il faudra attendre
Time Will Fuse Its Worth pour que ce sentiment disparaisse définitivement).
Bref, un disque où Kylesa évolue et s'améliore, une constante qu'il aura jusqu'à
Static Tensions inclus et expliquant mieux sa popularité grandissante qu'une prétendue hype dont on l'accuse de profiter actuellement, mot passe-partout vide de sens mais permettant aux personnes en manque de reconnaissance de se sentir au-dessus d'une masse imaginaire rendue réelle par leurs esprits dépourvus de discernement (ou d'intelligence propre (peu importe, ce sont des cons)). Car, quand on écoute
To Walk A Middle Course, la question du pourquoi de ce succès ne se pose pas. La réponse apparaît d'elle-même.
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