A l’origine prévue à quatre mains, cette chronique sera finalement le produit d’un seul gratte papier/tape clavier. Car s’il est aisé de s’entendre pour enfoncer les portes ouvertes d’un chef d’œuvre (ou d’un navet), les skeuds gravitant entre ces deux pôles peuvent occasionner certaines divergences de vue. Et si ma religion était faite avec trois écoutes seulement au compteur, l’ami Ikea a de son côté eu du mal à enfiler les chaussures à pointure indéterminée de cet « Ultraviolet ». Alors pied de guerre ou pied de grue, ce sixième effort de KYLESA ?
La raison de l’indécision a sans doute un nom largement répandu dans le microcosme de la presse musicale : album de transition. Quoi qu’on pense des onze nouvelles compositions du combo de Savannah, Georgia, là est la faille principale d’un « Ultraviolet » à la croisée des chemins ; la coloration incertaine de l’album, sorte de va et vient languissant entre l’émancipation psyché rock de
« Spiral Shadow » et les fondamentaux de la castagne d’un
« Static Tensions » donne tout d’abord le ton. S’il n’y a pas tromperie sur la marchandise, on cherche en vain la prise de risque, le fil conducteur qui ferait de cette nouvelle offrande un opus à part, reconnaissable entre mille. Album de recentrage pour un KYLESA cherchant à marier au mieux toutes les facettes de son jeu, « Ultraviolet » mérite toutefois qu’on lise entre les lignes. Fruit d’une écriture multicarte (aucun membre du groupe n’est figé sur son instrument) étalée sur deux ans, il présente certes un KYLESA plus que jamais branché sur courant alternatif, moins carré dans son écriture et certains pourront reprocher au groupe d’avoir égaré leur hargne en cours de route, à l’image d’un titre d’ouverture étonnamment faible (« Exhale »). Heureusement, les Américains redressent la barre dès l’enivrante « Unspoken », sur laquelle Laura Pleasants annonce la couleur. Ça va chanter et pas qu’un peu, sur un « Ultraviolet » capitalisant à mort sur le timbre de voix versatile de la frontwoman.
Lignes de chant aguicheuses sur « Quicksand » ou « Vulture’s Landing », énorme gueulante sur « We’re Taking This » et agression maîtrisée sur une relecture de THERAPY ? boostée aux amphétamines (« What Does It Takes »), l’éventail est large pour une Laura prenant plus de place que d’ordinaire. Conséquence directe, la mise en retrait de guitares donnant parfois dans le fonctionnel, même si ça n’empêche pas KYLESA de se fendre de deux ou trois tueries qu’on guettera volontiers en live (« We’re Taking This » et « What Does It Takes », les plus violentes du lot). Des titres qui se démarquent du tracklisting, c’est ce qui manquait précisément à
« Spiral Shadow » et si tout n’est pas de l’ordre de l’inoubliable ici, Philip Cope et consorts ont le bon goût de ne pas frayer en dessous de la ligne de flottaison acceptable (« Long Gone » et « Steady Breakdown », passables sans plus). On appréciera d’autant plus l’incursion stoner assumée sur l’excellente « Grounded », avant d’apprécier le final envoûtant de « Drifting », dont le refrain sonne comme la complainte d’une meute de loups proche d’être exterminée. "Vulture's Landing", de son côté, ravira les amateurs de sonorités new wave.
« Ultraviolet » compense donc un certain manque de personnalité par une efficacité retrouvée, du moins sur une bonne moitié de programme. Pour peu qu’on ne lui en demande pas trop, il pourra raisonnablement tourner une dizaine de fois sur votre platine, redonnant foi en KYLESA après une compilation de B-Sides
(« From The Vaults Vol.1 ») vraiment anecdotique. 7/10, voilà sans doute ce que vaut ce sixième full length plus qu'agréable. Mais pour m'avoir relevé immédiatement après le désastre "Super Collider", le demi point de plus ne me paraît pas superflu!
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