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Ozzy Osbourne - Blizzard Of Ozz

Chronique

Ozzy Osbourne Blizzard Of Ozz
Alors que la décennie des seventies se termine l’heure n’est plus à la fête pour les mastodontes du Hard-Rock Britannique, LED ZEPPELIN est en déclin artistique notable et BLACK SABBATH ne cesse de décevoir après les échecs de « Technical Ecstasy » et « Never Say Die ». D’autre part avec l’arrivée en trombe du mouvement Punk, de JUDAS PRIEST qui ne cesse de grappiller du terrain, et de la New Wave Of British Heavy Metal ces deux leaders historiques semblent ringardisés et totalement hors-jeu, si pour le premier l’histoire se terminera bientôt de manière tragique pour le second (ainsi que pour son chanteur historique) un choix majeur va bientôt s’opérer. En effet après la sortie de son ultime album avec sa formation d’origine Ozzy Osbourne n’est plus que l’ombre de lui-même, ravagé par l’alcool et les drogues et en conflit larvé avec Tony Iommi celui-ci n’a d’autre choix que de le renvoyer, une décision qui sera salutaire pour les deux parties qui sortiront chacun la même année un album légendaire. Miné par son éviction et par une dépression le chanteur se laisse aller mais va faire deux rencontres qui vont changer définitivement son destin, tout d’abord celle de Sharon Arden (sa future femme et business-woman) qui va lui redonner goût à la vie, et la rencontre d’un jeune surdoué de la guitare alors totalement inconnu et qui s’appelle Randy Rhoads, dont le jeu flamboyant et l’énergie vont servir de catalyseur au « Madman » pour revenir sur le devant de la scène.

Pour la section rythmique le duo fait appel à un solide bassiste du nom de Bob Daisley qui a officié notamment dans RAINBOW, et au batteur historique d’URIAH HEEP Lee Kerslake dont le jeu puissant et lourd finira de compléter un line-up (sans oublier le claviériste Don Airey) hyper homogène où l’expérience et la fougue de la jeunesse se complèteront à merveille. Tout ce beau monde entre en studio au printemps 1980 en Angleterre au moment où l’ancienne formation du chanteur sort le fabuleux « Heaven And Hell » (avec un Ronnie James Dio de gala), qui a eu probablement un effet sur la qualité du futur « Blizzard Of Ozz » où Ozzy certainement piqué au vif a dû vouloir faire mieux que ses anciens camarades. Cette concurrence a en tout cas démultiplié l’envie du quatuor de faire mieux que ses aînés, et le résultat final s’en ressent avec un chanteur qui retrouve la forme et qui musicalement propose quelquechose de très éloigné de ce qu’il faisait auparavant. Car ici on est très éloigné de l’obscurité et du côté sulfureux du Sabbat Noir, et l’on se retrouve avec du Hard-Rock instinctif qui accroche immédiatement l’auditeur à travers des compositions désormais incontournables et immortelles. Peu dérouté par ce changement artistique majeur le public est au rendez-vous dès sa sortie au mois de septembre de la même année (décidemment riche en disques de très haut niveau), il faut dire que le résultat est impressionnant tant le quatuor s’est surpassé et y a mis le meilleur de lui-même, notamment son guitariste dont le talent exceptionnel va totalement exploser à la face du monde.

Complètement déchaîné le blondinet marque les esprits dès le mythique « I Don’t Know » dont le riff principal est un modèle du genre, à la fois facilement mémorisable et faisant se lever les foules du monde entier, tout comme les plages suivantes tout autant imparables et devenues obligatoires lors des concerts du père Osbourne. En premier lieu « Crazy Train » lancé à toute vapeur au break central ravageur, ou encore le fabuleux « Mr Crowley » qui rend hommage au célèbre écrivain et occultiste Aleister Crowley, et dont la montée progressive file encore des frissons à des générations entières. Avec son introduction lugubre au clavier digne des grandes heures de la Hammer suivi d’envolées de guitares à pleurer le surdoué nous sort une série de solos incroyables (que même Zakk Wylde des années plus tard n’arrivera pas à retranscrire avec autant d’émotions et de précision), dont on peut finalement regretter qu’ils ne durent pas encore plus longtemps. A côté de ces trois bombes le reste est d’un niveau similaire, à commencer par le sulfureux « Suicide Solution » (dont les paroles vaudront à son interprète des ennuis avec les cathos et autres cul-bénis d’outre-Atlantique) dont la rythmique lourde reste encore parmi les modèles du genre, ou encore « No Bone Movies » très classique dans la forme mais puissant sur le fond. Au milieu de ces passages oscillants entre noirceur et beauté le quatuor sait se faire plus doux avec d’abord « Dee » écrit par Randy Rhoads pour sa mère où celui-ci se permet un interlude acoustique du plus bel effet, et ensuite avec la balade « Goodbye To Romance » qui montre que même en étant plus posé et calme l’ensemble garde une vraie cohérence tout du long.

C’est d’ailleurs encore ce qui frappe plus de trois décennies après la sortie de cet opus, de la première à la dernière seconde on ne décroche absolument pas tant les mecs se complètent à merveille et injectent leur talent avec une énergie considérable. Le tout en étant mis en valeur par une production qui a certes vieilli, mais qui reste encore aujourd’hui tout à fait correcte tant son rendu naturel et brut sied parfaitement à l’ensemble des neufs titres. Pour sa première collaboration en commun le quatuor signait une œuvre qui allait faire date immédiatement (et qui s’est depuis vendue à plus de six millions d’exemplaires), et qui sera dépassée l’année suivante par son successeur encore plus abouti. Par ce premier disque en solo Ozzy montrait à ses détracteurs qu’il faudrait encore compter avec lui dans l’avenir car il était désormais de retour et signera par la suite plusieurs albums de très haute volée, avec des formations différentes mais à la qualité toujours constante.

* Attention pour ceux qui ne le possèdent pas encore on parle ici du pressage originel, et non pas de la honteuse réédition de 2002 où Robert Trujillo et Mike Bordin (à l’époque dans le line-up du chanteur) réenregistrèrent les parties de basse et de batterie pour des sombres histoires de droit d’auteur non-payés à l’époque. Une attitude indigne, et un manque de respect artistique auprès des musiciens d’origine.

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Ozzy Osbourne
Heavy Metal / Hard Rock
1980 - Epic Records
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (5)  8.8/10
Webzines : (9)  8.72/10

plus d'infos sur
Ozzy Osbourne
Ozzy Osbourne
Hard Rock - 1980 - Royaume-Uni
  

vidéos
Mr Crowley
Mr Crowley
Ozzy Osbourne

Extrait de "Blizzard Of Ozz"
  

tracklist
01.   I Don't Know  (05:16)
02.   Crazy Train  (04:56)
03.   Goodbye To Romance  (05:36)
04.   Dee  (00:50)
05.   Suicide Solution  (04:21)
06.   Mr. Crowley  (05:03)
07.   No Bone Movies  (03:53)
08.   Revelation (Mother Earth)  (06:09)
09.   Steal Away (The Night)  (03:29)

Durée : 39:33

line up
parution
20 Septembre 1980

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