Ozzy Osbourne - No More Tears
Chronique
Ozzy Osbourne No More Tears
C’est un fait avéré, le début de chaque nouvelle décennie est favorable à Ozzy Osbourne après une précédente qui se termine de manière plus difficile, car en 1970 et 1971 BLACK SABBATH signera les monstrueux « Paranoid » et « Master Of Reality » alors que la suite sera plus compliquée avec « Technical Ecstasy » et « Never Say Die », avant une éviction pure et simple. Pour les années 80 c’est la doublette avec Randy Rhoads qui marquera un renouveau personnel et musical, puis là-encore la suite sera plus moyenne et décousue, du coup si la logique est respectée la période 1990 devrait démarrer positivement, et ça sera le cas tant il va marquer les esprits avec son sixième album solo où il va retrouver du poil de la bête et le sommet des charts. Si le maître des ténèbres a toujours été entouré de musiciens incroyables, ce « No More Tears » est l’occasion de retrouver le même groupe que celui officiant sur « No Rest For The Wicked » (une première depuis la doublette magique) mais qui s’est surpassé au niveau technique et accroche par rapport à son prédécesseur. Il faut dire que ce dernier bien que fort agréable manquait de morceaux vraiment marquants, contrairement à son successeur qui va les aligner et font aujourd’hui partie des classiques incontournables de son chanteur qui pour l’occasion s’est fait aider entre autres par Lemmy de MOTÖRHEAD. Le légendaire chanteur/bassiste a toujours eu le talent pour composer des hits imparables, et son apport va être déterminant dans le succès du nouveau bébé de son compatriote et ami, puisqu’il va coécrire quatre titres dont deux bijoux et un autre qu’il récupèrera pour lui-même.
S’il n’est pas impliqué sur « Mr Tinkertrain » on s’aperçoit cependant de la qualité ce titre d’ouverture qui n’est pas sans rappeler « Crazy Babies » du précédent opus, et qui ouvre les débats comme il faut, avec en prime une production titanesque d’une grande profondeur (mais qui a un peu vieillit) dont un son de batterie tout en reverb’ typiquement 80’s. L’apport du sieur Kilmister intervient dès la plage suivante avec le tubesque « I Don’t Want To Change The World » au riff d’introduction facilement mémorisable, et à l’ensemble hyper accrocheur qui fait toujours sautiller le public lorsqu’il est joué en concert. Si l’on retrouve le feeling propre du célèbre barbu au chapeau avec cette première signature, la suivante l’aura également vu qu’il s’agit de « Mama, I’m Coming Home » balade d’une grande sensibilité qui confirme que sous ses airs de dur celui-ci savait également en faire preuve, mais sans tomber dans la niaiserie. On retrouve sa patte également sur le classique et efficace « Desire » tout en puissance et en accroche, et surtout sur l’excellent « Hellraiser » lourd et lancinant avec sa basse redondante et son rythme global bien lourd dont il fut particulièrement fier. En effet si la voix d’Ozzy est parfaite pour ce morceau, l’ambiance générale est elle-aussi au top, du coup il n’est pas étonnant que l’année suivante le bombardier (à l’époque en quatuor) ne le reprenne de façon identique (et tout aussi agréable) sur « Märch Ör Die ».
Cependant réduire cette nouvelle livraison du britannique en solo à cette collaboration serait une grave erreur, certes celle-ci est pour beaucoup au statut désormais classique du disque mais il faut aussi souligner l’apport des autres membres, qui chacun à leur manière se sont surpassés à la fois dans l’écriture comme dans le jeu sur leurs instruments. En premier lieu il faut saluer le boulot énorme effectué par Zakk Wylde, qui pour sa deuxième collaboration avec ses acolytes livre une prestation assez ébouriffante tant ses riffs sont parfaitement adaptés à l’ambiance des morceaux, tout comme ses solos si caractéristiques qui n’ont jamais si bien sonnés qu’à cette période (et dont on peut regretter aujourd’hui qu’il ne se foule plus du tout sur ces opus comme en live). Le tout étant sublimé par la rythmique impeccable du vétéran Bob Daisley à la basse, puis du jeu tout en puissance du regretté Randy Castillo derrière son kit, et de l’apport léger mais indéniable de John Sinclair dont les nappes de claviers font le boulot juste comme il faut.
Bref une des plus belles formations avec laquelle le vocaliste a eu l’occasion de jouer, et qui sera encore renforcée lors de la tournée par le futur bassiste d’ALICE IN CHAINS Mike Inez, dont la prestation réussira même à éclipser celle de son prédécesseur en studio, une performance en soi ! D’ailleurs le nouvel arrivé, bien que n’ayant pas encore officiellement intégré le quintet à ce moment-là, co-signera (avec le disparu coproducteur John Purdell) l’incroyable et lourd morceau-titre, et trouvera l’inspiration pour les notes rondouillardes qu’il jouera quelques temps plus tard lors des nombreux shows, et qui marqueront durablement disque et le répertoire de son leader. On comprend donc bien qu’on est en présence d’un bijou incroyable et surtout d’une très grande variété d’influences, car même si toute la discographie du Madman recèle de compos à la fois mélodieuses et pêchues, où la force des instruments se mêle à des passages plus éthérés, il pousse ici cela presque à son maximum, sans que cela ne tombe à plat vu que la justesse d’interprétation et la qualité d’écriture ne faiblissent qu’à de rares moments et lors de courts passages. Cela apparait avec « S.I.N. », « Time After Time », « Zombie Stomp » et « A.V.H. » de facture plus basique et qui font le boulot sans coup férir, mais qui apparaissent plus faibles que tout ce qui a été entendu précédemment, nul doute que si ces compos avaient été sur un autre disque elles auraient figuré en meilleure place, et aurait bénéficié d’une reconnaissance méritée. Car leur défaut est d’être plus passe-partout au milieu de chefs d’œuvre et qu’installés sur les précédents opus (ou chez ceux qui suivront par la suite) ils auraient eu une meilleure carrière, ce qui n’est pas le cas du génialissime « Road To Nowhere » qui conclut de magnifique manière cette galette. A la fois très accessible, plaintive et typiquement dans l’air de son temps elle mélange la balade et le rock le plus dur sans faire peur à la ménagère et aux oreilles les plus obtues, tout en ne tombant dans le sirupeux et le mielleux inécoutable (comme de nombreux artistes l’ont si bien su faire pendant la décennie). Une fois encore les gars ont su parfaitement canaliser l’équilibre sans basculer d’un côté ou de l’autre, ce qui aura été une constante sur le disque, le meilleur sorti par Ozzy depuis dix ans qui correspond à la mort de celui qu’il considérait comme un frère.
Si on fait abstraction du mur du son énorme qui fait un peu tâche aujourd’hui on ne peut qu’être admiratif de l’épaisseur de cette œuvre, qui plus d’un quart de siècle après sa sortie reste totalement dans le coup, et fait encore office de classique indémodable, et sera le dernier coup d’éclat de son créateur, dont la suite (sans être ratée) sera beaucoup plus quelconque et n’aura plus jamais cette inspiration ni cette cohésion sans failles de ce monument désormais au panthéon. Dire que 1991 fut un grand cru en matière de Hard-Rock et de Metal serait un euphémisme, car rares furent les années aussi exceptionnelles que celle-ci, vu qu’arrivèrent notamment dans les bacs les deux volumes de « Use Your Illusion » d’Axl Rose et ses comparses, ou encore l’album noir de METALLICA, du tout bon donc !
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