Salvateur ! Je ne sais pas pour vous, mais ces derniers temps ont été pour moi plus alarmants que réjouissants. Des climats social, politique, économique au climat tout court, en passant par une période d’élection des plus cyniques ainsi qu’un retour à la normale après des restrictions sanitaires n’ayant de « normale » que le nom, l’ambiance actuelle est si écœurante que je me retrouve fatigué de ces groupes faisant leur l’expression musicale de cette époque sombre (comme cela devient un cliché dans les fiches promotionnelles que l’on reçoit régulièrement).
Mais voilà qu’est arrivé ce nouvel album de Helms Alee qui, lui, a décidé de profiter de cette période d’isolation pour composer ce qui est sans doute à ce jour son disque le plus libre, aventureux, aérien et positif. Soit exactement ce dont j’ai besoin pour trouver un nouvel élan !
Keep This Be the Way se permet de taquiner
Weatherhead et ses saltos adolescents,
Sleepwalking Sailors et sa beauté rafraîchissante, de même que sublimer ce goût des Ricains pour le post hardcore (le vrai, le dur) pratiqué du haut des montagnes, l’air frais vivifiant et faisant chavirer l’esprit. Surprenant – particulièrement pour quelqu’un qui trouvait que la bande avait perdu une part de sa sauvagerie avec
Stillicide et
Noctiluca –, ce longue-durée donne la sensation de marier l’ancien et le nouveau tout en, généreux qu’il est, ouvrant de nouvelles portes avec le talent particulier dont est capable ce trio magique : au bélier, le bonheur s’exprimant par des lèvres s’étirant en un sourire touchant les oreilles.
Aucune timidité dans ces trente-six minutes. Dès l’expérimental « See Sights Smell Smells », ses rythmes mécaniques et sa transe naturaliste,
Keep This Be the Way fait sien un éclectisme qui étonne et emmène de la première à la dernière seconde. S’il serait fatigant de faire état des ponts, sauts, volte-faces, squats (ouch, le démarrage gainé de « Three Cheeks to the Wind ») ou exercices d’équilibre dont fait preuve Helms Alee sur chaque morceaux, le cœur s’en retrouve fréquemment débordé et emmené ailleurs, que ce soit par ces voix féminines puissantes et enchanteresses (« libres »… comme un mot qu’on a envie d’utiliser pour chaque chose ici), cette batterie toujours aussi époustouflante de versatilité, tribale et rock, se faisant oublier et s’annonçant avec force, ces guitares altières et anguleuses, magnifiant les racines post hardcore du projet… Une somme d’éléments qui, s’ils n’ont pas un gigantesque morceau où batifoler ensemble (il manque ici un « Dodge the Lightning » ou un « Pretty As Pie »), parviennent à émerveiller de façon répétée, comme une rasade hétéroclite – mais sans devenir hétérogène car gardant le bon, le beau et le bien en ligne de mire – qu’on s’offrirait régulièrement pour combattre la morosité.
S’il fallait bien trouver quelques titres exemplaires, ils ne seraient là que pour appuyer le bonheur qu’il y a à écouter
Keep This Be the Way : la reprise de Scott Walker « Big Louise », son atmosphère vaporeuse et chaleureuse, new wave des gens heureux ; « Mouth Thinker » et ses explosions de joie, indépendant dans l’âme jusqu’à transmettre l’envie de partir seul explorer un monde redevenu séduisant ; « Tripping Up the Stairs » montrant toute la férocité dont est capable ce groupe de gentils n’hésitant pourtant pas à mordre à pleines dents… Que des compositions choisies au hasard – bon, ok, « Big Louise » s’impose quand même rapidement à l’esprit – mais évoquant toutes le même état de bien-être vécu sans fard qui habite ces lieux.
On aurait eu donc eu tort de penser que Helms Alee, après un
Noctiluca aussi maîtrisé qu’agréable (mais uniquement cela), allait devenir de plus en plus routinier.
Keep This Be the Way réinstaure la formation comme une des plus libres (...encore et toujours, un synonyme de ce disque) qui soient, conservant sa base entre post hardcore et noise rock tout en la mariant à une diversité de styles tel un expérimentateur hilare, toqué et bienfaisant (seule frustration : que cela est court !). De quoi voir en les Ricains la suite que l’on avait espéré rencontrer après la disparition de Kylesa, tant on ressent ici cette envie de galoper en pleine nature au son d’une musique magnifiant ses emprunts au metal et au hardcore (une filiation criante sur « Do Not Expose to the Burning Sun » notamment). Une reprise de flambeau qui sera sans doute un ravissement à imaginer pour qui pense, comme moi, que la troupe de Phillip Cope et Laura Pleasants a disparu trop tôt. Qu’ils s’enthousiasment : ce ravissement ne sera pas le seul ici.
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