SubRosa - No Help For The Mighty Ones
Chronique
SubRosa No Help For The Mighty Ones
On pense que le mouvement « girl power » dans le doom, on en a assez bouffé. Entre les sorties rapprochées de Wooden Stake, Blood Ceremony et SubRosa, faudrait pas oublier qu'on a des couilles bordel ! Puis on lit quelques bons mots sur un webzine qui l'est tout autant, on se dit qu'une pochette aussi mon-ange-ma-lune-et-la-fin-des-temps et des textes inspirés par le roman La Route de Cormac McCarthy ne peuvent que servir une musique pas si mal que ça et que hé, Profound Lore, ces gens-là ont rarement tort ! Alors on tente.
On pense à Acid King, forcement, ça ronfle avec nonchalance et caresse de double-chromosome X. Si Subrosa a deux membres masculins dans ses rangs (l'un à la batterie, l'autre à la basse, occupés tout deux à tenir une rythmique simple et solide avec quelques passages dédiés à l'image du début de « Beneath The Crown » où la basse vire aux infra), c'est bien le trio féminin qui capte l'attention. Kim Pack, Sarah Pendleton et Rebecca Vernon se chargent des parties vocales, qu'elles soient chantées ou hurlées avec parcimonie et classe Celtic Frostienne. Ces différents chants sont ce qui marque en premier, le groupe semblant avoir basé son écriture sur ces lignes. Tantôt pop (l'over the top « Whippoorwill », « Borrowed Time, Borrowed Eyes »), tantôt cérémonielles, ces dernières sont toujours d'une tristesse troublante à la fois morne et sensuelle. On pense à Jex Thoth, forcement, ça aguiche, mais dans une version abattue, naïve mais lasse (« Whippoorwill », ses paroles candides voulant voler tel un oiseau, sa montée boudeuse qui n'y croit pas vraiment) avec un arrière fond grave et lové sur soi.
On pense que tiens, c'est marrant, ça groove et pourtant sonne plus eighties que sixties ou seventies. Les violons électriques (l'idée qui change tout) sont dégoulinants comme des claviers new wave, comprendre mous, comprendre génialement mous. Ils n'arrêtent jamais de jouer que ce soit de façon stridente ou enjôleuse et leurs pleurs dorés restent en tête longtemps après l'écoute. Sarah Pendleton et Kim Pack ont beau avoir abattu un travail de composition impeccable, empilant cordes sur cordes et mélodies sur mélodies, leur magnificence paraît esseulée, l'amplitude onirique étant cloisonnée dans une production feutrée où les guitares occupent un espace reléguant les autres instruments dans une brume lointaine. Cela n'empêche pas No Help For The Mighty Ones d'être catchy dans ses formats épiques, d'un accablement accrocheur me rappelant l'étrangeté que je ressens chez The Cure.
On pense que ce disque est bourré de défauts lui allant bien, notamment cette capacité à faire durer les morceaux jusqu'au bout du bout, transformant ce qui aurait pu être mignonnement mélancolique en traîne-cadavre à la manière du dernier US Christmas Run Thick In The Night. La seule incartade est « House Carpenter », reprise d'une chanson folk réconfortante d'a capella, trop tard pour calmer l'envie d'aller détrousser le pharmacien du coin de son stock d'anxiolytique. Terriblement séduisant, terriblement impuissant et ce même dans les riffs les plus enlevés (la ténue « Stonecarver », la conclusion de « The Inheritance »), il possède le charme de la personnalité donnant l'impression de découvrir un album comme une personne, avec ses traits de caractère et ses inconstances.
On pense… ben qu'on a beaucoup pensé, entre autre que c'est franchement énorme malgré un dernier morceau plan-plan où les longueurs deviennent ennuyeuses là où elles arrivaient auparavant à nous hypnotiser. On pense finalement que No Help For The Mighty Ones est trop empli de solitude insulaire pour provenir des États-Unis (Salt Lake City précisément, oui comme Gaza et non, quoiqu'en disent les acteurs eux-mêmes, ce n'est pas un hasard), qu'il sent trop la mort dans les herbes rendues grises par un ciel menaçant, sans personne autour pour nous venir en aide... On pense à un enterrement. On pense à l'Islande.
| lkea 7 Mai 2011 - 4115 lectures |
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