Nous avions quitté Civerous en 2021 après la sortie de
Decrepit Flesh Relic, un premier album particulièrement solide nous laissant notamment à voir et à entendre une formation un poil moins dispersée qu’elle ne l’était auparavant (exit en effet les influences Black Metal présentes sur les premières démos du groupe). Sorti sur Transylvanian Recordings, ce premier longue-durée n’avait pas manqué de susciter l’intérêt des fouineurs et autres personnes bien informées mais était resté malgré tout confiné à des sphères relativement limitées. Une situation qui risque bien de changer dans les prochaines semaines (c’est d’ailleurs déjà le cas) puisque le groupe de Los Angeles a signé il y a peu sur le label 20 Buck Spin (oui, encore lui) pour la sortie toute fraîche de son deuxième album.
Intitulé
Maze Envy, celui-ci est illustré par l’Espagnol Juanjo Castellano, un artiste talentueux qui malgré l’influence évidente de monsieur Dan Seagrave sur son travail nous régale depuis déjà plusieurs années de nombreuses illustrations toutes plus sympathiques les unes que les autres (je pense notamment à certains albums d’Ataraxy, Blaspherian, Cemetery Filth, Dehuman Reign, Invictus, Revel In Flesh, Sacramental Blood et bien d’autres encore...). À l’occasion de cette collaboration, ce dernier nous offre une oeuvre fort à propos qui devrait normalement vous avoir déjà tapé dans l’oeil grâce à toutes ces nuances de violet particulièrement vibrantes. Enfin pour mettre en boîte ces nouvelles compositions, les Californiens ont fait appel à Andrew Solis, nouveau guitariste des Américains d’Apparition dont le curriculum vitae n’a pourtant rien de ronflant ainsi qu’à Nick Townsend qui à l’inverse bénéficie d’une expérience un poil plus significative (on lui doit entre autre le mastering des derniers albums d’Akasha, Apparition, Full Of Hell, High Command, Momentum et Take Offense). Le résultat de ces collaborations tient en sept titres parmi lesquels une introduction ("The Azure Eye") et un interlude ("Endless Symmetry") s’étirant au total sur un petit peu plus de quarante-deux minutes.
Durant ces deux ans et demi d’absence (enfin presque), on ne peut pas dire qu’il y ait eu beaucoup de changements du côté de Civerous si ce n’est l’arrivée en 2022 d’un nouveau batteur en la personne d’Aidan Neuner (Ancient Tome). Quelques mouvements d’effectifs (car il semble tout de même qu’un autre batteur ait opéré brièvement entre les deux) sans incidence particulière puisque c’est sans surprise que les Californiens poursuivent ici leurs pérégrinations en terres Death / Doom. Vous ne serez donc pas étonnés de lire que
Maze Envy reste construit sur le même modèle que son prédécesseur (et à vrai dire sur celui de n’importe quel album du genre) avec dans les grandes lignes une succession de séquences plombées et étouffantes et de passages évidemment bien plus francs du collier. Un travail de nuance et de relief que Civerous va opérer de manière systématique mais surtout équilibrée le temps de compositions s’étirant de quatre à plus de neuf minutes (dont trois affichées au-dessus des huit minutes). Soutenues par une production massive, ces séquences les plus écrasantes vont donc parfaitement tenir leur rôle, s’imposant sans mal grâce à la lourdeur des riffs qui les composent, au caractère implacable de ces frappes pourtant dispensées avec une certaine économie ou bien encore à ce growl profond et légèrement en retrait qui participe à cette sensation de pesanteur suffocante qui pèse sur nos épaules lors de ces moments (les premiers et derniers instants de "Shrouded In Crystals" et de "Labyrinth Charm", l’essentiel de "Levitation Tomb", les premières parties de "Maze Envy" et de "Geryon (The Plummet)", etc).
À l’inverse, les démonstrations de force et autres coups de boutoirs ne manquent pas tout au long de ce
Maze Envy. Des instants bien costauds et virils menés uniquement à coups de blasts comme c’est le cas sur "Shrouded In Crystals" à 1:52 et 3:59, "Labyrinth Charm" à partir de 0:53 et de manière discontinue jusqu’à 3:26, "Maze Envy" à 2:36 et 6:50 et enfin "Geryon (The Plummet)" à 4:13 et 7:36. Bref, une fois de plus, ce n’est pas le relief qui manque à ce nouvel album particulièrement contrasté.
Mais si tous ces moments sont effectivement très réussis, Civerous va surtout parvenir à tirer son épingle du jeu grâce à une approche mélodique relativement nouvelle. Jusque-là comparé à Spectral Voice avec lequel il partage encore bien des points communs (outre la pratique d’un Death / Doom, il y a chez les Californiens quelques éléments qui font effectivement écho à la formule du groupe de Denver comme certaines lignes de chant particulièrement habitées, quelques éléments mélodiques à la sauce Evoken, Thergothon, diSEMBOWLMENT ou bien encore ce goût pour les accès de brutalité...)), le groupe de Los Angeles a vraisemblablement souhaité s’en démarquer même si pour y parvenir celui-ci est allé empiéter sur les plates-bandes d’un certain Dream Unending. En plus de ce violon qui fait ici un retour remarqué en s’imposant désormais comme un instrument à part entière (on peut effectivement l’entendre à plusieurs reprises sur "The Azure Eye" le temps d’une introduction particulièrement inquiétante, "Maze Envy" et "Geryon (The Plummet)") et de ces nappes de synthétiseur servant à étoffer le propos de Civerous et à nourrir au passage des atmosphères spectrales et vaporeuses, on peut également constater certaines prédispositions mélodico-progressives qui jusque-là n’étaient pas vraiment de la partie. De cet interlude instrumental plutôt bien ficelé qu’est "Endless Symmetry" aux derniers instants de "Labyrinth Charm" en passant par les premières secondes méditatives de "Levitation Tomb" ou bien encore ces deux ponts aériens et feutrés entamés sur "Maze Envy" à 5:12 et sur "Geryon (The Plummet)" à 5:48, difficile en effet de ne pas voir ce lien qui unit la musique de Civerous à celle du projet américano-canadien.
Suite plus ou moins directe de l’excellent
Decrepit Flesh Relic, ce nouvel album confirme le talent de Civerous en matière de Death / Doom épais et suffocant. Pour autant,
Maze Envy est également l’occasion pour les Californiens d’affiner leur identité en amenant ici davantage de mélodies et de séquences progressives. Naturellement, cela ne nous empêchera pas de tracer d’autres parallèles avec des formations déjà existantes mais force est tout de même de constater que Civerous tente de gagner en personnalité tout au long de ces sept compositions à la fois dense, variées et complexes. Certes, l’album Death / Doom de l’année est déjà sorti et il sera bien compliqué d’espérer le détrôner mais ce n’est pas pour autant que
Maze Envy ne mérite pas que l’on s’y intéresse. Celui-ci est en effet d’excellente facture et ne devrait pas manquer de ravir les amateurs du genre décidément plutôt bien lotis en ce début d'année.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo