Drôle de EP que ce
Trampled Under Hoof. Sorti en 2004, soit quatre ans après l'excellent
Flower Of Disease, ce dernier couvre pourtant une période allant de 1999 à 2004. On peut donc facilement avancer que l'enregistrement de ce EP semble avoir été plutôt décousu dans le temps puisque concernant les trois premiers titres, guitare et batterie ont été enregistré en 2002 alors que la basse et le chant ne l'ont été qu'en 2004, soit deux ans plus tard. De même pour les deux derniers titres, puisqu'il s'agit de deux reprises dont l'enregistrement remonte à 1999. Et si l'on retrouve encore Guy Pinhas (basse) et Greg Rogers (batterie) sur ces deux derniers morceaux, les trois premiers marquent cependant l'arrivée de Scott Reeder (Kyuss, Fu Manchu...) et John-Robert Conners (Cave-In) dans l'entité qu'est Goatsnake. Ca va, vous suivez?
Quatre ans après un premier album redoutable d'efficacité, Goatsnake n'a pas changé sa formule d'un iota et continue de proposer un délicieux mélange de Stoner ensoleillé et de Doom un brin obscure et surtout moins enjoué. Mais si la recette demeure inchangée, les proportions ont quant à elles été revues. Ainsi, l'aspect purement Stoner tend ici à s'estomper au profit d'un Doom évidemment plus sombre et écrasant.
Trampled Under Hoof débute ainsi avec l'excellent "Portraits Of Pain" et ses sept minutes aussi menaçantes qu'envoûtantes. Le titre s'ouvre par un riff lourd et terriblement sinistre, la batterie se joint alors rapidement pour l'épauler avant que n'arrive la voix toujours aussi impeccable de Pete Stahl. Goatsnake joue de cette lourdeur jusqu'à 1:55, moment où le rythme s'accélère finalement, gagnant ainsi en légèreté, avant de redescendre puis remonter puis redescendre... Un sorte de yoyo rythmique tantôt hypnotique tantôt entrainant. Avec "Black Cat Bone", on retrouve un Goatsnake allégé de toute idée de noirceur. Avec moins de trois minutes au compteur, Goatsnake se contente d'aller à l'essentiel avec un titre mélodique et surtout imbibé d'une bonne grosse dose de groove. La bande-son parfaite pour un roadtrip en plein Palm Desert. "Juniors Jam", malgré un début nettement plus lourd, reprend peu ou prou la même formule, soit un Stoner Rock entrainant et "facile" qui se laisse déguster avec une main sur le volant et un bras à la fenêtre. Si les riffs sont peut-être plus anecdotiques, on appréciera quand même le refrain fédérateur et surtout le redoutable break à 5:03. Plutôt inoffensif aux premières écoutes, ce titre se délie avec le temps pour s'apprécier désormais pleinement. Le chant de Stahl fait encore des ravages, surtout lorsqu'il grimpe dans les hauteurs. "Juniors Jam" se clôture par un échange étonnant entre un harmonica et un coq de basse-cour avant de glisser petit à petit vers long moment de blanc servant probablement à faire le distinguo entre les trois morceaux écrits et composés par Goatsnake des deux reprises qu'il interprète à la fin de ce EP.
Deux reprises, "Burial At Sea" de Saint Vitus et "Hot Rod" de Black Oak Arkansas. Honte à moi mais je ne connais ni l'une ni l'autre. Ceci étant, la reprise de "Burial At Sea" demeure fidèle à l'image que je me fait de ce titre par Wino et sa bande. 90% de lourdeur et 10% de groove. Un titre lourd, dégageant quelque chose d'effrayant. Un soupçon de magie noire, une atmosphère presque incantatoire... Et puis il y a cette voix, celle de Pete Stahl que l'on connait déjà mais aussi et surtout ce chant nasillard et possédé du meilleur effet. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec "Hot Rod", titre sur lequel Stahl nous gratifie d'une prestation incroyable, à mille lieux de son registre habituel. Comme habité par je ne sais quel feu intérieur, notre homme délivre une prestation halluciné et hallucinante. Brillant et foutrement rock'n'roll.
Quatre ans après un
Flower Of Disease devenu aujourd'hui incontournable, Goatsnake revient avec seulement trois nouveaux titres et deux reprises. Un peu juste pour un groupe de cette trempe dont les amateurs attendaient forcément beaucoup. Ces quelques titres sont-ils moins bons pour autant? Bien sur que non. On retrouve le Goatsnake de l'excellent
Flower Of Disease avec une pointe de noirceur en plus. Malheureusement, et bien que le groupe semble toujours actif,
Trampled Under Hoof constitue à ce jour leur dernier enregistrement (exception faite de la compilation
1 + Dog Days sortie la même année). Une manière un peu brutale de mettre fin à une carrière pourtant si bien débutée, vous en conviendrez.
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