Malheur : le nouvel album de Obelyskkh est « juste bon ».
Malheur, oui, car je voyais en
The Providence l'occasion de faire un dithyrambe au sujet de ce groupe allemand, dont
Hymn to Pan, prédécesseur datant de 2013, m'avait retourné trop tard pour en parler à l'époque. Mais non, ici ne sera pas le moment d'user de métaphores filées trop appuyées, de superlatifs trop nombreux ou de trop mauvaise poésie, comme j'aime le faire lorsque j'écris sur un album particulièrement plaisant. À la place, il va encore falloir sortir la balance, décortiquer et analyser.
Ho, qu'on ne s'y trompe pas : les amateurs de doom psychédélique auront raison de se jeter – si ce n'est pas déjà le cas – sur cet album, et plus globalement sur ce qu'a produit cette formation. En activité depuis 2008, les Allemands répondent pleinement au cliché « Deutsche Qualität » attribué à leur pays d'origine, tant ils offrent à leur manière une synthèse réjouissante d'un style tentaculaire. Un cadeau également présent sur
The Providence : les premières écoutes, l'esprit se perd dans les références auxquelles attacher ces quarante-sept minutes, hésitant entre
Yob,
OM,
Zaum voire
Unearthly Trance. Oui, la bande évoque tout cela, parvient à mettre kaléidoscopes et bougies de rituel dans le même sac comme elle le fait de Lovecraft et Victor Hugo, écrivains ayant apparemment guidé la composition de ce nouvel essai. Corrosive, lourde mais aussi entraînante, la première moitié de l'album possède cette bonhomie étrange qui faisait tout le charme de
Hymn to Pan sans tomber dans la redite grâce à une attention portée sur la part d'ombre du quatuor. Marqués par le doom dont il prend ce goût pour le riff autoritaire, le morceau-titre, « Raving Ones » et « Northern Lights » sonnent et résonnent comme des lettres d'amour dédiées aux connaisseurs du psychédélique et de l'occulte, à qui Obelyskkh rend une sacrée fête par une production maousse et des élévations de rythme régulières, restant rarement en première pour mieux faire rugir la machine à headbangs. Efficace au possible, ce démarrage donne, à lui seul, envie de faire figurer d'office le disque dans son bilan de fin d'année.
Mais ça ne sera pas le cas, le nouvel album de Obelyskkh étant « juste bon ». « Juste bon » car la suite du superbe trio évoqué plus haut rappelle trop ce sentiment que j'avais eu lors de mon premier contact avec la musique des Allemands : celle d'entendre les créations d'une formation indéniablement douée mais un peu trop scolaire. Un écueil qu'avait su éviter
Hymn to Pan par un psychédélisme de plus en plus étalé et délicieux mais que
The Providence, s'attachant davantage à la face « heavy » de l'hydre et oubliant parfois un peu trop le chant de Crazy Woitek (la quasi-instrumentale « Aeons of Iconoclasm »), n'arrive pas à surmonter totalement. Mais surtout, « juste bon » car il ne se débarrasse pas de cette impression qu'il joue d'emblée son va-tout et ne parvient pas à rester au niveau, flirtant avec la répétition moins convaincante (« Marzanna », final proche de « Raving Ones »).
Tuant au départ puis plus contrasté par la suite,
The Providence n'a d'équilibre que celui d'un feu flamboyant lors de son allumage puis crépitant de temps à autre, laissant au nez une odeur de cendre aux allures de regrets malgré qu'on s'y soit plus que bien chauffé. Il est de ces albums qui frôlent l'excellence mais l'atteignent trop rarement, de ceux auxquels on pense toujours avec plaisir mais aussi une pointe d'amertume, s'imaginant ce qu'ils auraient pu être si certaines promesses avaient été tenues tout le long. « Juste bon », en somme.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo