Formé en 1996 à Los Angeles par Greg Anderson, patron du célèbre label Southern Lord et musicien stakhanoviste ayant participé de près ou de loin à une tripotée de projets aussi divers et variés que Sunn O))), Engine Kid, Teeth Of The Lion Rules The Divine, Thorr's Hammer, Burning Witch... Goatsnake compte en son sein également quelques figures emblématiques de la scène Stoner/Doom avec notamment Greg Rogers et Guy Pinhas de The Obsessed (groupe formé durant la deuxième moitié des années 70 par un certain Scott "Wino" Weinrich) ainsi que l'excellent Pete Stahl, chanteur de renom au sein de formations certes moins heavy mais tout aussi passionnantes telles que Wool, Scream, Earthling? et plus récemment Orquesta Del Desierto.
Un chouette pédigrée pour un groupe qui avant ce deuxième album paru il y a déjà douze ans avait sorti une ribambelle de EPs, split et album. Une discographie plutôt bien fournit sur laquelle je reviendrais très certainement plus tard avec la chronique de la compilation intitulée
1 + Dog Days reprenant l'intégralité de leur premier album ainsi que les EPs
IV,
Man Of Light et
Dog Days.
Finalement, de tous les projets de M. Anderson, Goatsnake reste certainement à ce jour le plus abordable. Loin du caractère abstrait et totalement impénétrable d'un Sunn O))) (qui à dit supercherie?) ou encore à des années lumières de ce côté vicieux et pourtant terriblement délicieux d'un Burning Witch, Goatsnake représente davantage la face mélodique d'un Greg Anderson bercé depuis sa plus tendre enfance au fuzz des guitares de Black Sabbath et plus généralement d'un rock 70's auréolé d'un certain psychédélisme (malgré ses débuts dans Engine Kid, groupe d'indie noise rock).
Flower Of Disease fait donc parti de ces albums de Stoner/Doom relativement facile à digérer. Car même s'il ne possède pas l'immédiateté d'un Fu Manchu de part, justement, ses accointances doomesques, il n'en est pas moins hyper catchy. De fait, s'il serait exagéré de parler de tubes, force est de constater que Goatsnake maîtrise tout de même son sujet et réussi à proposer de véritables petites pépites de Stoner Rock souvent simples mais toujours terriblement efficaces. De "Prayer For A Dying" à "A Truckload Of Mamma's Muffins" en passant par les très bluesy "El Coyote" ou "Live To Die", Goatsnake balise son univers dans l'esprit de l'auditeur. Notre imaginaire se chargeant du reste, il suffit ainsi de fermer les yeux pour se voir transporter en plein désert Californien entouré de jeunes naïades dénudées chevauchant de belles motos vintages rutilantes. Cette scène vous rappelle quelque chose? Alors c'est que vous avez eu le bon goût de voir l'excellent Vanishing Point. D'ailleurs, en lieu et place de Mountain et de son désormais culte "Mississippi Queen", on se dit finalement que Goatsnake aurait très bien pu en faire la bande son si ce film n'était pas sorti en 1971.
Derrière ce groove presque trop facile, on retrouve quand même quelques titres moins directs à commencer par un "Flower Of Disease" lourd, hypnotique voir presque menaçant s'il n'y avait pas cet harmonica à 3:49 et cette conclusion plus rythmée et entrainante. C'est surtout avec "The Dealer" que Goatsnake vient nous plomber le moral. On retrouve ici justement le côté vicieux d'un Burning Witch avec des riffs noirs qui empestent le soufre et un rythme lourd et ultra lent qui nous martèle la tête. Puis il y a également "The River", jouant plus ou moins sur le même registre (lent/lourd) mais qui se montre toutefois plus lumineux grâce à l'apport d'éléments mélodiques forts (harmonica, piano, chant féminin etc...). Enfin on retrouve aussi l'excellent "Easy Greasy", un titre ayant le cul coincé entre deux chaises avec une première partie au groove imparable avec cette guimbarde improbable suivit d'une deuxième partie nettement moins avenante sur laquelle le rythme et l'ambiance change totalement pour quelque chose de plus sombre.
Mais peu importe le morceau, peu importe l'ambiance, le groove ou la lourdeur, Goatsnake ne serait pas Goatsnake sans cette voix incroyable, celle de Pete Stahl qui porte à lui seul une partie du groupe et des compositions de ce
Flower Of Disease. Et si parfois son chant semble en total décalage avec la musique lourde et terrible, cela ne fait que renforcer l'aspect hypnotique, psychédélique voir halluciné qui s'en dégage. Mélodique, dans la plus pure tradition Heavy/Doom, elle s'accorde à merveille avec ces sonorités Stoner/Desert Rock bluesy qui sentent le chaud et les psychotropes. Parfait.
Sorti en 2000, ce deuxième album de Goatsnake a depuis atteint le panthéon des albums cultes du genre. Certainement en partie grâce à son line-up mais aussi et surtout grâce à la qualité de ses compositions qui font de
Flower Of Disease un album absolument incontournable pour quiconque apprécie de prêt ou de loin le Stoner/Doom. Riche, varié, mélodique, lourd, menaçant... Goatsnake réussi à naviguer entre plusieurs eaux pour un résultat qui pourtant ne perd jamais en cohérence. Parfait et totalement indispensable!
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