Vous qui souhaitez entrer ici, quelques questions sont à vous poser au préalable. Aimez-vous vous faire tartiner la gueule ? Appréciez-vous vous en prendre plein la tronche par une musique ? Adorez-vous pousser un « ouch » de douleur quand les guitares arrivent ? Trouvez-vous qu'une œuvre comme
Salò ou les 120 Journées de Sodome est un guide pratique ou encore que François Fillon a énormément de chance ces derniers temps ? Si la réponse est un « oui » dit avec appétit, alors, bienvenue par ici.
Car avec Hymn, vous allez morfler. Fondé par des membres de Tombstones et Buckaduzz (inconnus au bataillon chez bibi), ce duo sort son premier album cette année chez le maître Svart Records. Et, bon sang, ils ne sont pas entrés par la petite porte ! Étrange à plus d'un titre,
Perish affiche directement des intentions de faire du mal à tout le monde et du bien aux amateurs de doom « amplifier worship ».
Difficile, pourtant, de catégoriser avec justesse le style des Norvégiens. Pour dire les choses le plus simplement possible, imaginez une soirée où
Ghold et le
Pombagira de
Baron Citadel sont assis tranquillement,
Neurosis (vous êtes sûr que ce n'est pas Scott Kelly au micro ?) déboulant sans crier gare pour tout casser. En effet, malgré une étiquette « stoner / doom » revendiquée, c'est entre plusieurs chaises que Hymn assoit son derrière d'éléphant, allant jusqu'à titiller plus d'une fois le black metal le plus abrasif (« Spectre » par exemple).
Impossible, donc, de faire une liste exhaustive de ce que
Perish laisse entrevoir durant ses quarante-six minutes. Plaçant tout ce qu'il trouve sous sa main écrasante, il modèle ces différentes choses au gré de ses envies. Et les envies de Hymn sont celles d'avalanche : intense, polaire et implacable, ce qu'il possède de groove dessine ici des déserts de glace, où les curieux attrapés par le libellé « stoner » risquent bien de regretter d'avoir préparé des tongs et non des doudounes. Aidé par un son froid et surpuissant (un duo plus ébouriffant qu'un groupe au complet), chaque passage semble joué la mâchoire serrée et les muscles tendus, dans une nervosité constante qui s'avère épuisante les premières fois. Pfiou.
Seulement, quiconque se décidant à aller plus loin verra que Hymn n'est pas qu'un monstre au service de l'amplification. Non, ce son sert avant tout une ambiance, de plus en plus palpable, où les mélodies (car il y en a à foison ici, cf. les envolées de « Hollow » par exemple) transmettent plus que leur lot d'émotion. Congelé, mais à aucun moment stérile ou clinique,
Perish possède toute l'ampleur épique et humaine d'une formation marquée par Neurosis sans toutefois la copier. Clairement maîtres de leur propre univers, les Norvégiens évoquent des sentiments de vie et survie bien connus chez les créateurs de
Souls at Zero mais les transposent dans leur pays à eux, la Norvège, et sa culture faite d'intempéries black metal, de montagnes éternellement enneigées, de dominantes grise et blanche. Aussi jouissif pour qui aime ce genre de « plaisir » masochiste que prenant dans ce qu'il transmet d'existence vécue à l'arrachée, ce premier longue-durée est décidément une réussite.
Certes, les rotations s'accumulant, une certaine marge de progression se dessine, notamment lors d'un final où les riffs se font plus communs ou encore dans cette frustration de ne pas voir Hymn quitter une certaine routine plus souvent. Mais doté d'une sacrée personnalité,
Perish s'inscrit comme un indispensable pour qui n'est pas contre un peu de modernité dans son doom, transposant la lourdeur élémentaire d'une entité comme Warhorse au sein d'un décor de neige où se sentir blessé, mais heureux. Ah oui ! Faites moi mal !
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