En y réfléchissant, les disques à l'ambiance enfumée me donnant envie d'en allumer un sont peu nombreux. J'éprouve plutôt un plaisir lubrique à les écouter se défoncer. Kyuss ? On y glande certes, dans une décapotable en plein soleil de préférence, mais lever le bras y devient un effort insurmontable. Electric Wizard ? Hum, trop bad trip, trop crétin, trop adolescent « vous ne me comprenez pas je suis le Mighty One », limite je conseillerai l'écoute pour décourager les tentations. Sleep ? Ah non ! Les mecs se débrouillent très bien sans moi, je vais pas m'incruster en demandant si je peux participer ! Bref t'as saisi,
Busse Woods, lui, me pousse à la consommation.
La pochette dit l'essentiel :
Busse Woods est organique, foisonnant et aguicheur. Certainement l'œuvre de la bande à Lori la plus riffue-touffue d'ailleurs ! Si les compositions coulent de source grâce à cette accroche simple et durable que les Ricains ont su développer, elles sont plus variées que celles du monolithe charnel
III. Du chemin a été parcouru depuis
Zoroaster à commencer par le chant de Lori, moins éraillé et plus séduisant, sorte d'appel mystique à se laisser aller. Bien que les morceaux se basent sur les mêmes racines, chacun développe des atouts le rendant unique : « Electric Machine » dont les guitares tellement heavy qu'elles en deviennent moelleuses cachent une multitude d'arrangements ; la grungy « Silent Circle » bottant ce qu'il faut l'arrière-train pour empêcher l'auditeur de s'endormir apaisé à l'écoute des sérénades motorisées de Lori ; l'incantation blues/abus de lipides « Carve the 5 » et sa ligne de basse à la mélodie liée au sol par des amplis mazout ; la reprise psychédélique de « 39 Lashes » tirée de la comédie musicale « Jesus Christ Superstar » ou encore l'éponyme montrant l'Acid King que l'on aime tant, celui qui est retenu et étalement (à l'image de ces notes introductives en fait chorus, en fait refrain, en fait solo, en fait caresse longitudinale), le groupe atteignant sur la fin un ravissement aussi stupide que solaire. Tout appelle à une relaxation béate où l'abus de certaines substances s'avère un compagnon idéal, ces dernières accentuant davantage l'oubli du temps qui passe.
La production favorise l'hypnose en offrant une profondeur molletonnée à l'album. Billy Anderson est aujourd'hui une institution et ses travaux pour Buzzoven, Cathedral, Damad, Neurosis, Eyehategod ou encore Om sont là pour en attester mais c'est surtout sa capacité à accentuer l'identité d'une musique qui a assis sa réputation. Ici, les vrombissements servent un repos des sens dans une mollesse captivante. Les instruments sont équilibrés entre eux et celui qui voudra sortir de sa catalepsie (décision idiote mais passons) pourra déguster la basse ou la batterie de Joey Osbourne, dont la prestation focalisée est une des plus à propos que j'ai pu entendre chez le roi acide, à savoir qu'elle se fond parfaitement dans cet ensemble lourd et pourtant dénué de violence.
On l'aura deviné, la justesse traversant
Busse Woods à chaque instant en fait le meilleur opus d'Acid King à ce jour. Là où on pourra reprocher à
Zoroaster son côté brouillon et vulgaire ou à
III son manque d'hymne, ce deuxième jet allie pesanteur atmosphérique et psychédélisme, fuzz et groove, détente et cohérence dans l'alignement des tubes, la totalité étant constante en qualité ainsi qu'au service d'une flânerie tellement réjouie d'elle-même qu'elle devient invitation. Ce qu'on peut attendre de mieux du stoner/doom en somme.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo