Si
Zoroaster est une virée de sorcière vers Seattle,
Busse Woods la pause fumette dans une forêt sauvage, alors
III est l'amour après la sieste. Un coma long de quatre ans (six si l'on ne prend en compte que les full-length,
Busse Woods datant de 1999) provoqué par différents démêlés que même un webzine amateur de news graveleuses n'aurait pas le courage de dépatouiller (divorce, changement de line-up, soucis financier, banqueroute du label Man's Ruin s'occupant des sorties du groupe…). On comprendra que le réveil soit difficile ! Les phalanges craquent, les articulations préhistoriques se dégourdissent lentement, les yeux sont à moitié clos, la voix cherche à se souvenir d'elle-même, vision floue et lourdeur matinale, les neurones se font la malle, ratatinés par les vrombissements des camarades Kyuss, Iron Monkey, Killdozer ou Goatsnake partis plus tôt. Acid King reste ancré dans ses racines doom et stoner grungy tout en focalisant son jeu : moins de variété, plus de fuzz et d'amplis crépitant mais pas de retombées inutiles, de courses à l'écrasant, le son signé une nouvelle fois Billy Anderson est au service du groove. Il continue de glorifier les Easy Rider mercenaires, océans jaunes-sable, pulsations allant au rythme de pneumatiques cahotant sur des nids-de-poule moelleux, horizons si lointains qu'on ne sait plus si on traverse des portions, des morceaux, une voie, un morceau, des embranchements, des riffs, une seule et même route, un seul et même solo. On navigue à vue, navigue seul…
…vers ces bras qui nous appellent. Ceux précédant Ulysse ont succombé aux sirènes, Icare au soleil, alors le stoned-chopper tombera à l'écoute d'une Lori prête à se remettre en selle. La question étant, quelle selle ? Le diablotin logé dans mon hémisphère (le gauche évidemment) me dit que la bikeuse n'est plus une groupie destinée à monter l'arrière des véhicules. Le chant autrefois un brin maladroit est enfin devenu pleinement ce qu'il préfigurait sur
Busse Woods : une nonchalance grisante, voilée d'un fumigène de reverb. Il suit la tendance générale, minimisant ses interventions à des phrases trainantes psalmodiées d'une chanson à l'autre avec les mêmes intonations sans qu'on puisse trouver quel passage est écouté à moins de visionner la tracklist. Une des raisons pour lesquelles développer un argumentaire concret sur ce disque est impossible, sa domination n'étant qu'étincelle. Les titres en eux-mêmes n'ont rien d'exceptionnels, on pourra même les accuser à juste titre de classicisme ou redondance. Et oui, ils répètent inlassablement la même litanie paraphrasant le mot « sensualité » à chaque recoin de basse funk au ralenti, production « gorille dans la brume », guitares fat-blues apprenant le heavy metal, batterie calée sur le même pattern vibrant l'heure durant. Pas pour rien que cette musique évoque autant le drone : plutôt que de bouger mollement la tête ou s'en rouler un avec son pote Vendredi,
III donne envie de se coucher sans s'assoupir, profiter de l'absence des voisins pour mettre les enceintes au maximum, baignant la pièce dans une atmosphère avide d'aridité.
« In Voluptis, Mors » disent-ils. Mon cul, la preuve avec cet opus résonnant de vie à en faire s'effondrer les murs ! Pourtant, au-delà de cette musique qu'on peut qualifier de « retour en force », au-delà de cette voix séduisante à en devenir la bande-son imaginaire d'un « In The Mood For Love » ricain où se mélangeraient différentes soifs du corps, il y a aussi autre chose qui capte l'attention, cette idée qui toque à ma porte quand je pense à lui :
III est trop rêveur et benoît pour être du « simple » stoner/doom. Non, en fait, il est du shoegaze.
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